A Suresnes, la république hip hop
Suresnes cité danse 2016 Du 15 janvier au 8 février 2016 Théâtre de Suresnes Jean Vilar Une navette gratuite part 45 mn précises avant l’heure de la représentation, entre la rue de Tilsitt et la place Charles de Gaulle-Étoile, du côté des numéros pairs à proximité de l’arrêt du bus 341 (dans la limite des places disponibles) |
Du 15 janvier au 8 février 2016 La 24e édition de Suresnes Cités Danse offre un panel des esthétiques, si large que le monde entier s’y retrouve. En dix spectacles, dont six créations, se croisent le ballet, une clown, la danse contemporaine, les arts numériques, une star de cinéma, un compositeur jazz, les poèmes de Rimbaud… Et pourtant, le lien avec la danse des cités ne se dément jamais. D’abord, une nouvelle importante, un engagement: « La culture n’est une variable d’ajustement budgétaire, dit notre maire! » Olivier Meyer, directeur de Suresnes Cités Danse et du Théâtre Jean Vilar de Suresnes s’en félicite. Pas au nom de sa notoriété personnelle, mais au service d’une danse dont l’esprit d’ouverture et de cohésion sont les atouts pouvant armer la France contre le déclin moral. A Suresnes, le festival créé en 1993 défend son rôle de précurseur. Un triomphe qui dure Bien sûr que la grande vedette de cette édition est la reprise de Pixel de Mourad Merzouki. Cette pièce majeure où se croisent effets les arts électroniques, la contorsion, la danse et les rollers, véhicule tant de poésie et de beauté qu’elle ne cesse de tourner et va encore remplir la grande salle pour quatre représentations. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=z_Hu57QTqqE[/embedyt] Pixel permet à Merzouki de renouer avec l’immense succès populaire son tube originel, Récital. A l’image de nos villes et de nos âmes nomades, Pixel élabore un terrain où se croisent les romantismes d’hier et d’aujourd’hui. Les illusions d’optique sont littéralement renversantes et la danse, le reflet de l’énergie des melting-pot contemporains et futurs. Du Cotton Club au Street Dance Club Mais c’est le Street Dance Club d’Andrew Skeels qui ouvre le Suresnes Cités Danse. Avec sept interprètes choisis parmi les 150 qui se sont présentés à l’audition, l’idée est de retracer le développement de la communauté des allumés des ballroom des 1920’s, les roaring twenties, les années folles, avec bien sûr des clins d’œil à Josephine Baker. Ces lieux de danse étaient « les premiers lieux où le Noirs et les Blancs se côtoyait », comme le rappelle le chorégraphe. Le parcours de Skeels est étonnant. Né à Boston, il pratique le hip hop dès ses dix ans, puis devient danseur de club, mais se met à la danse classique à 17 ans et entre aux Grands Ballets Canadiens. Après y avoir interprété des pièces de Mats Ek ou Jiri Kylian, il crée aujourd’hui autant pour des compagnies de ballet qu’ici pour des danseurs hip hop. En hip hop autant qu’en Lindy hop, Street Dance Club salue joyeusement le fameux Cotton Club, sur des compositions originales d’Antoine Hervé. BBoys sans rivalité Mais qui est donc la star de cinéma annoncée? Si on vous dit qu’elle a remporté le premier prix au Conservatoire National Supérieur (CNSMD)… Non, pas Pietragalla. Il s’agit de Mathilda May qui met en scène deux danseurs et un musicien: Sly Johnson, ancien membre du Saïan Supa Crew, est un représentant de ce qu’on appelle Human Beat Box, une technique vocale puissante et rythmée qui imite les effets sonores du scratching des des DJ et des boîtes à rythmes électroniques. En danse, Amala Dianor (pour les techniques « debout ») dialogue avec BBoy Junior, plus ancré au sol et dans la breakdance. A Mathilda May, artiste de l’écran, du plateau et de la plume, d’orchestrer ce déluge d’énergies.
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=NicHA_WTFSU[/embedyt] Point d’orgue intercontinental, les Rencontres hip hop, un festival dans le festival, le clash entre deux équipes mondialement connues, deux battle squad qui se disputent régulièrement les titres des grandes compétitions mondiales. Il s’agit des Lyonnais de Pockemon Crew et des Coréens de Morning of Owl. Deux spectacles d’une énergie dingue qui se succèdent, et puis, qui sait jusqu’où ça va aller en « bœuf » improvisé entre les deux équipes au sommet. Têtes chercheuses Et la clown? C’est Muriel Henry, qui n’en est pas à se première expérience en danse. D’abord avec José Montalvo, puis au sein de sa propre compagnie de hip hop, le Collectif 4e Souffle. C’est à Suresnes Cités Danse, en 2011, qu’elle a insufflé à la danse hip hop un esprit facétieux. Entourée de trois danseurs, elle est prête à récidiver à apporter une nouvelle fois son esprit espiègle au festival. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=UwtOQgp83Gw[/embedyt] Dans le même programme, la nouvelle création de Jann Gallois, chorégraphe et tête chercheuse qui réfléchit sur le corps et la vie, traitant de sujets parfois inattendus sur un plateau de danse. Dans A flux tendu, elle aborde la danse contact avec le Rafael Smadja, lui-même prêt à laisser bourgeonner son hip hop vers toutes les sphères chorégraphiques. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=GbSzsrELZns[/embedyt] On peut aussi revenir sur une œuvre, vingt ans après, surtout quand celle-ci a marqué les esprits autant que Voix-Yel de Dominique Rebaud, qui confrontait à l’époque six jeunes danseurs à la poésie d’Artur Rimbaud. Mais s’il reprend ce succès, c’est pour le pétrir de deux autres pièces, Age d’or et Mouv’ment, créées dans la foulée. C’est donc quand même un retour sur soi, occasion unique de voir au cours du festival deux époques du hip hop français se saluer. Thomas Hahn [ Photos : © Didier Michalet / Gilles Aguilar / Julien Benhamou / Dan Aucante] |
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