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Solo Show “Back to the wood” Vincent Abadie Hafez aka Zepha – Galerie Wallworks

Agathe Louis 16 novembre 2017
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©Vincent Abadie Hafez

L’univers graphique de Vincent Abadie Hafez – aka Zepha – est un langage visuel où se croisent l’influence du travail artisanal de techniques ancestrales comme la calligraphie, l’apport des outils et des technologies modernes, le mouvement de la peinture gestuelle et la spontanéité de la prise de risque aléatoire propre au graffiti.

Nourries de lettres, de signes et de symboles universels comme le cercle, ses œuvres sont conçues comme une accumulation de couches et de différents filtres et, pour la première fois, réalisées exclusivement toutes sur bois. Une première série est composée de bois de cagettes que l’artiste a démontées, peintes, découpées puis réassemblées. Dans la seconde, il s’est aidé d’une machine de découpe pour sculpter le bois et lui imprimer de nouvelles formes, coupant comme s’il dessinait pour donner à l’ensemble de ses compositions une dimension de mouvement.

Ce travail sur les pleins et les vides rejoint celui de l’écriture avec ses déliés, ce jeu sur l’épaisseur des traits que l’on retrouve aussi bien avec la bombe dans l’exercice du graffiti qu’avec le calame dans la pratique de la calligraphie.

Cosmopolite, le travail de Vincent Abadie Hafez, né en 1977, est le résultat de métissages, aux confluences de plusieurs cultures. Dans les années 1980, il est marqué par des crews comme TBK (The Buster Killerz) ou CAS (Candidat Au Suicide) dont les œuvres fleurissent dans “sa” gare de Cergy. Il découvre en parallèle le graffiti américain à travers des livres comme “Subway Art” de Martha Cooper et Henry Chalfant (1984). Il commence à imposer son nom en 1989, sous le pseudonyme de Zepha et s’investit au sein du mouvement graffiti. Au début des années 1990, ses terrains de jeu sont les trains et les voies ferrées de la ligne A où, refusant d’appartenir à une école de la fresque, il préfère peindre dans l’urgence : « Pour moi, le graffiti est un art de l’action. »

Pratiquant le dessin depuis l’enfance, Vincent Abadie Hafez décide de se former au graphisme, passe par l’école des Gobelins et se retrouve dans le monde de la publicité qu’il fuit très rapidement. Continuant à s’exprimer dans l’espace public en menant un combat graphique utopique contre un système guidé par le libéralisme sauvage, il s’engage dans le milieu associatif et socioculturel pour partager ses compétences et enseigner la technique du graffiti. Dans le même temps, il s’exerce à différentes techniques artisanales traditionnelles comme le travail du bois ou du métal, et s’initie à la gravure ainsi qu’à la calligraphie.

Impressionné par l’œuvre de l’artiste irakien Hassan Massoudy, il est attiré par la calligraphie arabe. Sa rencontre avec le plasticien marocain Abdellatif Moustad est un déclic. Il apprend à tailler son propre calame – outil en bambou faisant office de stylo – et explore la pratique de cet art millénaire qu’est la calligraphie arabe, mais aussi chinoise, japonaise ou encore le sanskrit. Mêlant les lettres des différents alphabets et usant plus particulièrement du style Koufique – anguleux et géométrique, utilisé autrefois par les scribes de la ville irakienne de Koufa pour les copies du Coran – et du style Diwani – défini par l’élongation des caractères et son allure ornementale prononcée, d’origine turque sous l’Empire ottoman –, il retrouve le travail de composition, d’équilibre des lettres et la gestuelle du graffiti.

Son vocabulaire graphique révèle un juste équilibre entre le trait instinctif et la composition réfléchie, avec comme matière première la lettre. Qu’elle soit latine ou arabe, celle-ci est déformée, détournée, reliée, mélangée, accumulée, pour aboutir à une forme d’écriture onirique et labyrinthique, réalisée sur tous supports, comme le trait d’union entre les lettres et le geste du graffeur.

Outre la référence au bois, support et matière première des œuvres présentées à la galerie Wallworks, le titre de l’exposition – “Back to the Wood” – est aussi un jeu de mot lié au quartier (hood), clin d’œil au fait que Vincent Abadie Hafez n’a que trop rarement exposé à Paris, alors qu’il intervient régulièrement aux quatre coins du monde : « J’ai grandi en banlieue mais quand même, Paris, c’est un peu mon quartier. »

Avec cette exposition, il continue d’exploiter l’un de ses thèmes favoris, la fuite du temps : « Le temps prend tout. Tout prend du temps. » Assemblant et superposant les lettres qu’il peint ou qu’il découpe directement dans le bois pour les réinsérer dans ses œuvres, il met en scène le mouvement, manière de figurer l’accélération qui caractérise notre époque où tout va de plus en plus vite au détriment parfois de l’essentiel.

[Source : communiqué de presse]

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