Seuls quelques fragments de nous toucheront quelques fragments d’autrui – galerie Thaddaeus Ropac
L’accrochage est lui même pensé comme un collage dans l’espace par la juxtaposition d’une variété de médiums (oeuvres sur papier, wallpaintings, sculptures et films), par la superposition d’œuvres (placées sur des wallpaintings/wallpapers) et par la présence d’œuvres en miroirs fragmentant l’exposition et ses spectateurs.
Ce projet prend la suite d’expositions comme « Infinite fold » (2010), consacrée au pliage, et « Landscope » (2008), s’intéressant au paysage dans le dessin contemporain.
Œuvres de John M Armleder, Jesse Ash, Walead Beshty, Pierre Bismuth, Barbara Breitenfellner, Tom Burr, Anne Collier, Sam Durant, Marcel Dzama, Haris Epaminonda, Angust Fairhurst, Urs Fischer, Brendan Fowler, Luke Fowler, Noa Giniger, Wade Guyton, Robert Heinecken, Camille Henrot, Nathan Hylden, Annette Kelm, Gabriel Kuri, Elad Lassry, Claude Lévêque, Linder, Mathieu Mercier, Jonathan Monk, Sarah Morris, Richard Prince, Collier Schorr, John Stezaker, Catherine Sullivan, Kelley Walker, Gary Webb, Lawrence Weiner, TJ WIlcox et Cerith Wyn Evans
Note d’intention du commissaire d’exposition
« Was appropriation somehow a form of ecology? Just another way of collaging the bedroom. » (Richard Prince)
« Making collage is like running a marriage bureau with lots of very demanding customers. Those that you think will rub along nicely, often file for divorce within minutes. » (Linder)
La réalité de chacun est un collage composé de ce qui attire notre attention et de ce qu’en retient notre mémoire – nous composons avec ce qui nous est donné à voir dans une compréhension fragmentaire du monde. Nos idées et nos souvenirs ne sont souvent que des collages et le collage est la représentation analogique de ces associations.
Le point de départ du collage est une image (matérialisée ou mentale), qui en appelle une autre, puis en rappelle une autre, et ainsi de suite, pour constituer une combinaison d’images. C’est une technique, un mode de pensée, permettant l’association, fortuite ou provoquée, de deux ou de plusieurs réalités convergentes ou divergentes. Des images s’installent dans une situation, dans un espace, elles sont rassemblées, juxtaposées et agencées – se chevauchant, se succédant, se superposant – pour engendrer un récit.
Le collage produit des interactions conflictuelles ou fusionnelles, assonantes ou dissonantes entre des images agencées. Il est un écosystème d’associations hétérogènes, régi par le principe de mutabilité : c’est à la fois vouloir « faire crier les ressemblances » (Georges Bataille)
et « cabrer les différences » (Serguei Eisenstein). Il est un display d’images, une « métaphore de fraternité » (Jean-Luc Godard), une métaphore de la dépendance, de la rencontre amoureuse ou de la copulation : « il y a une énergie libidinale adolescente dans cette pratique, et sa fixation à vouloir coller ensemble des choses et des images » (Tom Burr). C’est une « constellation de fragments » (Haris Epaminonda), une association d’images structurées par contagion « s’infectant les unes les autres » (Luis Jacob), une présentation de la réaction en chaîne et de la collision.
Le collage permet de « penser avec ses mains » (Denis de Rougemont), faisant ressentir l’intervention manuelle de l’indexation, de l’échantillonnage et du découpage. Les collages sont à la fois encyclopédiques et épiques dans leurs formes narratives, tandis qu’ils sont modestes et humbles dans leurs qualités physiques. Pour être agencées dans un collage, les images sont mises en péril – brisées, coupées, morcelées, déchirées, fragmentées. Ainsi, présenter une découpe, une déchirure rend d’autant plus tangible et présent le matériau lui-même, sa fragilité et sa friabilité : quand on nous montre que les images ne sont finalement que du papier imprimé, nous refusons qu’elles représentent autre chose que leur pure présence, leur pure chair sensible comme véhicule du mystère, de la complexité et des contradictions du monde, non comme un ensemble mais comme un monde fragmenté.
Timothée Chaillou
Timothée Chaillou est titulaire d’un Master d’Histoire et d’Esthétique du Cinéma et d’un Master d’Histoire et de Philosophie de l’art. Il mène ses activités de journaliste, de critique d’art, de commissaire d’exposition et de consultant artistique depuis 2004. Il est membre de l’AICA (Association Internationale des Critiques d’Art) et de CEA (Commissaires d’Exposition Associés). Il a écrit des textes pour de nombreux catalogues, est rédacteur en chef d’Annual Magazine et a contribué à de nombreuses revues, entre autres : 20/27, Art21, Art Présence, L’Art-même, ArtPress, Dossier Journal, Double, ETC, Flash Art, Frieze, H Art, Numéro, Particules, The White Review.
Catalogue
Le catalogue de l’exposition est constitué de textes du commissaire d’exposition Timothée Chaillou, du poète Thomas Clerc, du philosophe Boris Groys et de l’artiste John Miller. L’exposition est photographiée par le photographe Pierre Even.
Format: 17 x 25 cm // Hardcover, 156 pages, français /anglais
Publication: janvier 2013
Prix de vente : 30€
Only parts of us will ever touch parts of others
Du 30 novembre 2012 au 19 janvier 2013
Du mardi au samedi, de 10h à 19h et sur rdv
Vernissage le vendredi 30 novembre de 18h30 à 20h30
Galerie Thaddaeus Ropac
7, rue Debelleyme
75003 Paris
M° Saint-Sébastien-Froissard ou Filles du Calvaire
[Visuel : Puzzle (Hans Hofmann, Exuberance), 2009. 110,8 x 142,7 cm. C-print. Courtesy of the artist and Marc Foxx, Los Angeles]
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