Serge Poliakoff – Gouaches de 1948 à 1969 – Musée Maillol
Dina Vierny a rencontré Serge Poliakoff alors qu’il l’accompagnait à la guitare dans un cabaret où elle chantait avec un groupe tzigane. Quand Poliakoff lui dit qu’il était peintre, elle prit cela pour une boutade mais fut bouleversée en voyant ses tableaux. Elle décida en 1951 de faire sa première grande exposition de peinture dans sa galerie au 36, rue Jacob à Paris. Elle ne vendit pas un tableau mais cette exposition donna à Serge Poliakoff une reconnaissance internationale.
Peu de temps après, il était devenu un peintre célèbre. En 1970, le musée national d’Art moderne de la Ville de Paris organisa une exposition qui était un hommage vibrant à Serge Poliakoff décédé l’année précédente. Dina Vierny présenta dans sa galerie une exposition qui répondait à cette rétrospective par le travail de la gouache en exposant une quarantaine d’œuvres sur papier. Selon les propres termes de Dina Vierny, Serge Poliakoff personnalise la peinture abstraite par « une chaleur humaine teintée d’un mysticisme auquel s’ajoutent la richesse de la matière, la beauté picturale des formes et des couleurs, pierre angulaire de la peinture de Serge Poliakoff. »
Selon Michel Ragon, dans cette exposition de gouaches, le style abstrait de Poliakoff est d’une absolue originalité. Le peintre promène en effet ses deux formes préférentielles, l’arrondie et l’angulaire, sur la surface du papier, sans que leur répétition devienne monotonie ou pauvreté. Et, posées les unes près des autres, les gouaches se complètent, se suivent comme une sorte de polyphonie. Regardons, en 1950, ses formes très simples et ses couleurs très réduites : bleu et rouge, bleu-noir-jaune, rouge, blanc, jaune, rouge et noir, en 1951. Vert en 1953 (cette couleur honnie par certains peintres abstraits, comme trop naturaliste). Une curieuse gouache rouge en 1959. Un rouge clair domine l’ensemble et un petit liseré vert l’encadre. Ces curieux petits liserés seront exceptionnels, sinon un petit liseré rouge encadrant deux jaunes en 1960. Deux gouaches grises, en 1960 et 1961, avec une tonalité de gris différents. Une presque monochrome en 1962. Le silence absolu.
Mais peut-on parler de silence à propos d’une peinture ? Cela semble paradoxal, bien qu’il soit évident que maintes peintures (même abstraites) sont bavardes, tapageuses et même hurlantes. Poliakoff a toujours précisé que, pour lui, un tableau réussi était un tableau silencieux. Et qu’il aimait faire vibrer le silence. En 1965 apparaissent des gouaches découpées. Avec lesquelles il soulignait sa volonté de séparer très nettement ses formes et ses couleurs. « La forme doit sembler coupée aux ciseaux », précisaitil,se souvenant sans doute qu’en 1949, Matisse avait dessiné dans la couleur, avec ses gouaches découpées. Mais finalement, cet art abstrait de Poliakoff, ni gestuel, ni lyrique, ni géométrique, c’est quoi, au juste ? Sa singularité de n’être autre chose que ce qu’il est. Chaque forme, pour lui, implique un travail sur la couleur et chaque couleur est indissociable de cette forme. Aucune influence du monde extérieur. « Je suis vraiment dans mon cosmos à moi », aimait-il répéter. »
Serge Poliakoff – Gouaches de 1948 à 1969
Du 18 septembre 2013 au 9 février 2014
Tous les jours de 10h30 à 19h y compris les jours fériés
Nocturnes le lundi et le vendredi jusqu’à 21h30
Plein tarif : 11 euros // Tarif réduit 9 euros
Gratuit pour les moins de 11 ans
Musée Maillol
59-61, rue de Grenelle
75007 Paris
M° Rue du Bac
[Visuel : photographie de fredpanassac – Frédérique Panassac, 6 décembre 2007
www.flickr.com/photos/10699036@N08/2101242850/ Licence Creative Commons]
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