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Robert Mapplethorpe – Grand Palais

10 janvier 2014
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Robert Mapplethorpe

Commissaire général : Jérôme Neutres, conseiller du président de la Réunion des musées nationaux – Grand Palais

Commissaires associées :
– Joree Adilman, conservateur de la fondation Robert Mapplethorpe
– Hélène Pinet, conservatrice au Musée Rodin
– Judith Benhamou, journaliste critique d’art

Du 26 mars au 13 juillet 2014
Tous les jours de 10h à 20h
Nocturne le mercredi jusqu’à 22h
Fermé le mardi et le 1er mai 2014

Grand Palais
Galeries nationales
Avenue Winston Churchill
75008 Paris
M°  Champs-Élysées-Clemenceau ou Franklin D. Roosevelt

www.grandpalais.fr

Du 26 mars au 13 juillet 2014

L’exposition Robert Mapplethorpe au Grand Palais compte plus de 200 œuvres, ce qui en fait une des plus importantes rétrospectives muséales organisées autour de l’œuvre de cet artiste.

La sélection couvre toute la carrière de photographe de Mapplethorpe, des polaroids du début des années 1970 aux portraits de la fin des années 1980, en passant par les nus sculpturaux, les natures mortes, le sado-masochisme… L’exposition s’attache à révéler toutes les facettes de cette œuvre au-delà des clichés dans lesquels elle a été longtemps enfermée. Par exemple, un focus autour de ses deux muses Patti Smith et Lisa Lyon permet d’aborder le thème de la femme et de la féminité et de voir un aspect moins connu de l’œuvre du photographe. L’enjeu de cette exposition est de montrer que Mapplethorpe est un grand artiste classique, avec une problématique de plasticien, qui a utilisé le medium de la photographie comme il aurait pu utiliser la sculpture. Au-delà de l’aspect artistique, cette exposition est aussi un témoignage sur le New York artistique des années 1970-1980. Dans son entretien avec Janet Kardon en 1987, Mapplethorpe explique que la photographie dans les années 70 était « le médium parfait » pour « une époque où tout allait vite ». Mapplethorpe ne voulait pas être photographe, en un sens, c’est la photographie qui l’a choisi. Plus loin dans le même entretien, il confirme : « si j’étais né il y a cent ou deux cent ans, j’aurais été sans doute sculpteur, mais la photographie est une façon rapide de voir et de sculpter. Lisa Lyon me rappelle les modèles de Michel-Ange, qui a sculpté des femmes musclées. »

Mapplethorpe se positionne dès l’orée de sa carrière en Artiste avec un A majuscule. A l’opposé d’un Helmut Newton qui voulait être photographe de mode dès son adolescence et a transcendé cet art appliqué pour en faire un art à part entière en imposant sa vision du monde et de la photographie, Robert Mapplethorpe est d’abord un sculpteur dans l’âme et dans l’imagination, un plasticien habité par la question du corps et de sa sexualité et obsédé par la recherche d’une forme parfaite.

Dans le sillage de Man Ray, Mapplethorpe veut être « créateur d’images » plus que photographe, « poète » plus que documentariste. Dans le catalogue de l’exposition milanaise qui confrontait les deux artistes, Bruno Cora rappelle le parallélisme des vies qui croise celui des oeuvres : « avant de devenir des maîtres de la photographie, Man Ray et Mapplethorpe ont tous les deux été peintres et sculpteurs, créateurs d’objets ; ils ont tous deux vécu à Brooklyn et New York ; ils ont tous deux réalisé des portraits des intellectuels de leur temps ; et ils ont tous deux été des explorateurs incisifs de la forme nue, de ses qualités sculpturales et de l’énergie qui en ressortait. »

Mapplethorpe, avant d’être photographe, est artiste. Ses images viennent d’une culture picturale où l’on retrouve Titien (Le Supplice de Marsyas / Elliot et Dominik), David, Dali, et même et d’abord les grands de la Renaissance italienne, Michel-Ange, Piero della Francesca, Le Bernin…

Comme dans le roman de Huysmans, l’exposition est construite à rebours pour cet autre dandy de la fin d’un autre monde qu’est Robert Mapplethorpe. Partir de l’autoportrait à la tête de mort, c’est l’image d’un jeune homme déjà vieux, tragédie de la vie fauchée en plein élan par le sida, mais aussi cette posture finale presque royale, comme par-delà la mort, encore (un peu) vivant mais déjà dans la postérité de son œuvre, qui semble de sa canne pastorale nous inviter à le suivre dans le monde qu’il a construit en vingt années de photographie. Poursuivre avec la statuaire très présente dans les dernières années de Mapplethorpe, les images des statues des divinités de son panthéon personnel : Eros, bien sûr, Hermès … L’artiste l’a toujours dit, il a utilisé la photographie pour faire de la sculpture, et il termine son œuvre par des photographies de sculptures. Ses nus étaient déjà des sculptures photographiques.

On ne crée pas n’importe quelle œuvre n’importe où. Pour apprécier l’art de Mapplethorpe, il faut aussi le replacer dans le contexte socio culturel du New York arty des années 70 et 80, d’une part, et de la culture de l’underground gay de ce même espace-temps. Deux univers perméables et aussi radicaux l’un que l’autre. Pour mesurer l’explosion libertaire de cette époque il faut visionner Flesh, le film de Warhol avec Joe Dalessandro, qui narre 24 heures de la vie d’un jeune prostitué newyorkais ; Midnight cowboy, véritable « chef d’œuvre » aux yeux de Mapplethorpe. Pour comprendre la violence et la passion de la sexualité gay pour les jeunes newyorkais d’une époque répressive qui combattent pour leur libération, il faut lire The Beautiful Room is Empty, d’Edmund White (en français : La Tendresse sur la peau), itinéraire d’un jeune gay dans les années d’émeutes et de manifestations, mais aussi d’émancipation extrême ; Dancer from the dance de Andrew Holleran (1978), pour se transporter dans les explorations sexuelles du Fire island des années 70.
 

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