Robert Doisneau – Du métier à l’œuvre – Palm Springs 1960 – Campredon Centre d’art
Avec « Robert Doisneau : Du métier à l’oeuvre / Palm Springs, 1960 », Campredon Centre d’art propose un autre regard sur l’oeuvre d’une des grandes figures de la photographie française.
Robert Doisneau, « du métier à l’œuvre »
La série intitulée « Du métier à l’oeuvre » propose une centaine d’épreuves originales noir et blanc réalisées entre 1930 et 1966. En 2010, la Fondation Henri Cartier Bresson les exposait pour la première fois sous le commissariat d’Agnès Sire ; « longtemps Robert Doisneau a été perçu comme le chantre du pittoresque parisien. Illustrateur de génie, il a su comme personne saisir l’image agréable, l’anecdote inattendue : on a reconnu en lui le professionnalisme et la poésie simple de l’instantané. Mais l’oeuvre de Robert Doisneau est infiniment plus complexe », explique-t-elle.
A partir du 26 octobre 2013, Campredon Centre d’art nous fait (re)découvrir des clichés légendaires pris aux Halles de Paris, au Pavillon de la viande en 1955, ou ceux du Bal du 14 juillet de la Bastille ainsi qu’une sélection de portraits d’enfants et de personnalités emblématiques, que le photographe a rencontrés, au gré de ses pérégrinations, dans les rues de Paris et de sa banlieue.
Cette première partie de l’exposition souligne comment Robert Doisneau est passé, comme le dit le critique d’art Jean-François Chevrier « du métier à l’oeuvre », en inscrivant sur la pellicule un monde dont il voulait révéler l’existence.
Les instantanés du « photographe du dimanche », selon sa propre expression, laissent place à un témoignage empreint de tendresse sur un monde plus sombre.
« Comme tous les familiers de la rue, Doisneau a su fixer cette gravité rayonnante qui isole un être humain de la foule, ces moments de grâce qui rassemblent des passants dans « l’illusion d’un instant » comme dans une géométrie de rêve” explique Jean-François Chevrier.
« Palm Springs, 1960 » ; au soleil de la côte ouest
En 1960, le magazine Fortune envoie Robert Doisneau aux Etats-Unis. Destination : Palm Springs, refuge des riches retraités américains, pour un reportage sur la vie sociale et l’émergence des golfs en plein coeur du désert du Colorado.
« Pourquoi m’a-t-on expédié à Palm Springs, Californie ? Pour faire des photos de golf. Je sais tout juste qu’il faut envoyer très loin, sur un gazon vert, une petite balle blanche dans un trou à peine assez grand pour la recevoir. On vient ici de très loin, même les palmiers sont venus du Mexique par la route, et les graines de gazon, qui avaient tendance à s’envoler au vent de la nuit, ont été fixées au sol grâce à une pluie de colle tombée des hélicoptères » révèle le photographe français à peine débarqué dans ce paysage artificiel.
Mais Robert Doisneau s’intéresse rapidement à cette oasis peuplée de milliardaires. Il nous montre des files de Cadillac alignées dans les rues, devant l’exubérance de ces dames aux bigoudis ou couvertes de fourrures en plein désert, et parvient à saisir, au fil de ses photographies, l’atmosphère démesurée de ce coin de paradis.
A cette occasion, il utilise pour la première fois la photographie couleur dans une nouvelle perspective esthétique et dresse ainsi le portrait amusé d’un univers surfait, vitrine de l’American way of luxury life des années 1960.
« Alors, dans ce désert, devant cette étrange et fascinante pluie d’images venue du temps de nos pères, on est parfois en droit de se demander si cette ville-là, ce fantasme racial, cette composition ethnique et clinique a, au fond, jamais existé ? Doisneau a-t-il photographié un mirage ? » questionne Jean-Paul Dubois dans la préface du livre « Palm Springs, 1960 de Robert Doisneau » (édition Flammarion, 2010).
En présentant une trentaine de tirages de la série « Palm Springs, 1960 », réalisés sous diasec ou contrecollés sur dibon à la manière de la photographie la plus contemporaine, Campredon Centre d’Art souligne le talent, la curiosité et la démarche d’exploration du photographe.
L’exposition est complétée par des documents d’époque, des épreuves vintage et un tirage moderne du « Baiser de l’hôtel de Ville », devenu l’image iconique de ce photographe français connu internationalement.
Autour de l’exposition
- Projection à l’auditorium du film de Patrick JEUDY, « Robert Doisneau, tout simplement » (67′)
- Ateliers photo, animés par Christine Cornillet, les samedis 16, 23, 30 novembre et 7 décembre à 10h
- Visites pour les scolaires le jeudi à partir du 14 novembre à 9h, 10h, 14h et 15h
- Visite enseignant le mercredi 6 novembre à 14h
- Visite guidée, les samedis 9 novembre et 7 décembre 2013 ; 11, 18, 25 janvier 2014 à 15h
Campredon Centre d’art
20, rue du Docteur Tallet
84801 L’Isle-sur-la-Sorgue
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