Richard III ou presque – Lucernaire
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Un thriller théâtral
Deux acteurs « repentis » jouent en boucle Richard III, à coup de scènes prises au hasard (peut-être…) à chaque fois qu’une sonnerie retentit. La raison de cette étonnante représentation apparaît peu à peu, en même temps que les ors rouges et la panne de velours cèdent place à un thriller théâtral en noir et blanc. Guy-Laurence et Bernard, complices en crime hier et partenaires à la scène aujourd’hui, sont sous nos yeux en représentation surveillée, dans un huis-clos qui n’est pas sans faire écho aux principes de la télé-réalité.
Deux acteurs jouent Richard III à l’infini, à perdre haleine, pour en pénétrer le sens, parce qu’ils sont eux-mêmes des Richard III en puissance, et qu’ils ne sauront l’interpréter que lorsqu’ils sauront interpréter leur propre histoire en assumant leur responsabilité, leur rôle.
Un classique revisité
Richard III (ou presque) résume, resitue, raconte, tord ou manipule la pièce de Shakespeare dans un univers post-moderne ouvert à ceux qui connaissent Richard III comme à ceux qui ne la connaissent pas. La pièce met en scène des personnages communs, comiques, bouffons grotesques et moralement difformes d’une société qui les pousse au crime par l’absence totale de repères, de codes, de valeurs.
« Je suis résolu à être un scélérat »
C’est le grand mécanisme de la tragédie moderne qui est dévoilé : Richard III n’est plus un monstre mythologique ou historique : c’est un homme politique comme on en voit tous les jours sur toutes les chaînes de télévision, celui qui a intégré l’immoralité et fait du chaos extérieur son ordre intérieur, son éthique amorale. Sa difformité est toute interne, elle est invisible : c’est sa pensée qui est bancale et tordue comme ce monde qui l’entoure et qu’il sublime en l’imitant. C’est un Richard III du quotidien que la pièce de Timothy Daly met en exergue : elle est peuplée d’acteurs ratés que l’on filme en gros plan, noyés dans le cynisme d’un monde où l’innocent périt sans raison et où le héros triomphe dans et par sa chute. « Toute l’oeuvre de Shakespeare est une démonstration de la faiblesse humaine » disait Firmin Gemier.
Richard III ou presque – Lucernaire
De Timothy Daly
Traduction Michel Lederer
Mise en scène Isabelle Starkier
Avec Daniel Jean et Pierre-Yves Le Louarn
Décors Jean-Pierre Benzekri
Costumes Anne Bothuon
Création lumiere Bertrand Llorca
Création sonore Michel Bertier
Du 22 septembre au 7 novembre
Du mardi au samedi à 21h30, le dimanche à 15h.
Informations : 01 42 22 26 50 et réservations sur le site du théâtre.
Le Lucernaire
53 rue Notre Dame des champs
75006 Paris
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