Rencontre avec Bai Kamara Jr pour la sortie de son nouvel album aux compositions afro-blues
Trois ans après le succès international de son album de blues “Salone” en 2020, Bai Kamara Jr est de retour avec “Traveling Medicine Man”, son nouvel opus aux compositions afro-blues délivré dans son style si singulier. De manière descriptive, provocante et parfois suggestive, les histoires d’amour, de vie et convictions politiques sont méticuleusement explorées par le conteur. Retrouvez le en concert le 6 avril au Jazz Club Étoile.
Trop souvent le blues est associé à la tristesse et à la douleur, ça ne semble pas être le cas avec ce nouvel album ?
Oui, en effet, le blues est avant tout associé à la tristesse et à la douleur, mais je dois ajouter qu’il est également associé à la joie, au dépassement et à la traversée de périodes difficiles, que ce soit sur le plan personnel ou universel.
Avec cet album, j’essaie de maintenir cette tradition, mais des chansons comme Shake It, Shake It, Shake It parlent aussi de tentation et de désir. Un autre exemple est I’m A Grown Man, une chanson pleine d’humour qui ne doit pas être prise au sérieux…
Peut-on dire que dans cet album il y a une dimension introspective ?
Absolument. La chanson Enemies résume parfaitement tout ce qu’il y a à savoir sur l’introspection, tout en laissant l’auditeur libre de l’interpréter…
Dans ta musique il n’y pas que du blues, il y a du folk et, bien évidemment, on y retrouve aussi des sonorités plus africaines. Quelle est ta recette pour faire cohabiter toutes ces influences ?
Ayant grandi entre différentes cultures, il est tout à fait naturel pour moi de rassembler tous les styles de musique avec lesquels j’ai grandi. C’est pourquoi je pense que le mélange de différents sons et saveurs n’est pas artificiel. Je ne pense pas avoir de recette. En vieillissant, j’essaie simplement de ne pas contrôler mes influences lorsqu’il s’agit de mes compositions. Je les laisse se mélanger naturellement.
Le blues ça se chante uniquement en anglais ?
Le blues n’est pas seulement chanté en anglais. Par exemple, les blues d’Afrique de l’Ouest et du Sahara sont chantés dans leur propre langue.
Te considères-tu comme un songwriter qui joue de la guitare ou comme un guitariste qui met des mots sur sa musique ?
Je me considère un peu comme les deux, mais surtout comme un songwriter qui joue de la guitare.
Es-tu d’accord pour dire que le blues est une musique qui évolue ?
Absolument, je suis d’accord pour dire que le blues évolue. Par exemple, lorsque les musiciens de blues qui vivaient dans les zones rurales ont déménagé en ville, le blues a évolué en raison du rythme rapide de la ville. Autre exemple : les guitares électriques ont apporté de nouvelles possibilités.
Sur ton nouvel album, tu abordes des thèmes tels que la corruption (Mister President) et l’émigration vers l’Europe (It Ain’t Easy). Est ce que l’actualité est une source d’inspiration pour toi ?
Dans le respect de la tradition des musiciens itinérants en Afrique de l’Ouest, j’ai pensé qu’il était juste d’introduire ces thèmes dans l’album. D’une certaine manière, je me sens comme un messager qui apporte de bonnes et de mauvaises nouvelles de village en village et qui avertit les habitants des dangers qui les guettent ; mais je dois ajouter que j’apporte aussi un message d’espoir.
Ce n’est pas une nouvelle source d’inspiration pour moi, je me suis toujours considéré comme un auteur-compositeur-interprète contestataire et un activiste.
Quels sont les artistes qui t’ont influencé ?
Je pense que les artistes qui m’ont le plus influencé pour cet album sont John Lee Hooker, Ali Farka Touré et Fela Kuti.
Peux-tu nous parler des musiciens qui t’accompagnent ?
Les Voodoo Sniffers sont originaires d’Afrique de l’Ouest, de Belgique et des États-Unis.
Boris Tchango du Togo à la batterie et aux percussions, Désiré Somé du Burkina Faso à la basse, Julien Tassin (Belgique) et Tom Beardslee (États-Unis) aux guitares électriques .
Les Voodoo Sniffers étaient mon groupe de tournée mais cette fois-ci, ils m’ont accompagné en studio pour enregistrer Traveling Medicine Man. Avant de commencer l’enregistrement, nous avons fait beaucoup de recherches et expérimentations sur les sons de guitares et de percussions. Pour cet album, il y a trois guitares et des percussions donc c’est important de trouver le bon espace pour chaque instrument.
Souhaites-tu ajouter quelque chose ?
Merci beaucoup !
Retrouvez Bai Kamara Jr en concert le 6 avril au Jazz Club Étoile – Le Méridien
L’album en écoute ici
Interview réalisée par Juliette Labati
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