Qui a dit que le cirque n’était pas du théâtre à part entière ? La compagnie Les Bleus de travail vous prouve le contraire dans “3clowns”
Du 29 janvier au 27 mars, la compagnie Les trois bleus fait son retour pour leur spectacle 3clowns, au Théâtre Trévise. Ils ont la ferme intention de vous démontrer que les clowns peuvent aussi jouer du théâtre.
Il y a des loges de fortune, un cercle tracé au sol et en son centre une table et trois acteurs autour. Les spectateurs entrent. La représentation a-t-elle commencé ?
Les acteurs se transforment en clowns. Monsieur Lô, le Blanc et les Augustes Marcel et Airbus révisent leurs classiques puis partent pour un hommage aux clowns d’antan et ça dérape crescendo.
Perruques, grandes chaussures, peau de banane, fausses sorties, domptage, fanfare, engueulades, jonglage, coups-fourrés, scintillements, acrobaties, mélancolie, cascades, opportunisme et veuleries, gloutonnerie, pouvoir et autorité, crâneries, haute estime de soi et encore un tour de piste. Tout cela épuise mais le vide après la prouesse c’est leur lot.
L’histoire des clowns racontée par des clowns c’est encore une histoire de clowns. Jouer des ficelles du métier, les revisiter, les détourner et mettre en abyme la fonction d’amuseur c’est comme un témoignage. Comme un documentaire cruel mais amusé qu’ils jouent pour vous.
C’est quoi ce cirque ?
Au cirque, on dit que les clowns font des entrées et non des numéros. Très courtes comédies puisées dans le fonds commun de la farce ou encore parodies des artistes qui venaient de quitter la piste, elles servaient à l’origine à faire patienter le public entre deux attractions. Les thèmes et les arguments en sont très simples et ce sont les interprètes qui donnaient toute la singularité et la force comique à ces entrées.
Au sein de la compagnie, deux d’entre eux viennent du cirque et le troisième du théâtre. Ils sont rassemblés là en trio par envies de mêler leurs façons de faire. Ils ne se préoccupent plus trop de savoir s’ils sont des clowns de cirque ou de théâtre.
Cependant, leur spectacle évoque les clowns du cirque classique. Leur choix est de faire parler ces clowns disparus. Enfin, plutôt de les jouer, de leur rendre hommage, de les piller. Ils prennent à leur compte ce qui a fait le succès de leurs cabrioles, leurs gamelles, leurs apprentissages de la vie et du monde, leurs lueurs, leurs camaraderies nuancées de leurs luttes de pouvoir et leur appétit de public surtout.
Ce répertoire qu’ils visitent avec leurs gestes de clowns contemporains nécessitait une scénographie spécifique. Leur dispositif c’est un cercle avec le public tout autour. Ils jouent dans la piste, ils assument n’avoir rien inventé. N’est-ce pas du cirque ?
Dans cette piste ils se jouent du théâtre. Ils y font même de la dramaturgie de petits bouts de rien. Une peau de banane est abandonnée au sol. Si on glisse dessus sans l’avoir vue, on est au cirque, c’est ça ? Si se pose la question de la pertinence de faire rire avec ça, on est plutôt au théâtre, non ?
Ils s’interrogent sur l’intérêt d’exercer le métier ce soir encore, de devoir encore prendre des tartes et de chercher encore les rires du public. Leurs Augustes récusent le pouvoir de leur Blanc qui lui-même doute de ses actes et rêve ouvertement de briller. Sont-ils alors toujours dans la piste ou aont-ils subrepticement glissé vers la scène ? N’est-ce pas du théâtre ? En fait c’est plus simple que ça. Ils sont clowns. Ils sont dans la piste. Ils ont la parole. Ils posent des questions. Ils n’y répondent pas, ils jouent.
La compagnie Les Bleus de travail
Alexandre Demay, Daniel Péan et Sylvain Granjon sont les initiateurs de la compagnie qui voit le jour en 1999. Archaos, le Cirque Plume, le cirque de rue Zindare, la Compagnie Serge Martin et Los Galindos sont autant de lieux de vie dans lesquels Les Bleus de travail ont appréhendé et développé la langue du corps, celle de l’espace et celle du rire par les techniques du cirque, du burlesque et du théâtre.
En trio, la Compagnie Les Bleus de travail a commencé avec des personnages du quotidien qui passaient de l’ordinaire à l’extraordinaire pour finir en héros. Est ensuite venu le temps du duo durant dix années de complicité. Un couple, homme et femme, interprété par deux hommes, dont les aventures se sont déployées en une trilogie burlesque et acrobatique.
Aujourd’hui la compagnie développe ses créations dans l’art clownesque et passe de la rue à la salle et au chapiteau. En 2018 deux spectacles de clowns sont créés. Un solo, MarcELLE, dans lequel Alexandre Demay, auteur et interprète, visite la féminité dans l’homme. Un trio, 3clowns..
[Source : communiqué de presse]
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