Ping Pong – Le 3 Maison Saint-Honoré
De fait depuis les années 60, la couleur n’a plus de raison d’être que formelle. Elle ne poursuit aucune fin émotive, aucune quête métaphysique. Elle est ce qui demeure de la peinture une fois que le sujet et la figure aient été bannis. Ce projet d’exposition prend donc le parti de présenter la création contemporaine sous l’angle de la chromophilie, à l’origine de quantités de combinaisons possibles. Les œuvres d’Isabelle Ferreira et de Wilson Trouvé exploitent le potentiel de la «couleur-matière » ou encore de la « couleur toute faite ». Le geste pictural simplifié fait la part belle à la déconstruction du support traditionnel, à un décentrement du regard, à un dialogue avec l’environnement, l’architecture, et à la remise en question du statut de l’œuvre d’art. Les titres des œuvres de cette exposition (« Milky way » de Wilson Trouvé ou « J’aurais plutôt fait comme ça» de Isabelle Ferreira) expriment d’eux-mêmes le désir de donner à voir non pas une nouvelle image, mais une image de peinture, déchargée et guérie de ses symboliques qui l’étouffaient.
Isabelle Ferreira
Née en 1972, profitant de l’élargissement des champs et des pratiques artistiques, Isabelle Ferreira propose une expérimentation de la couleur dans l’espace. L’artiste utilise la brique, un matériau de construction humble sur lequel elle pose la couleur en aplat pour offrir une scansion spatiale où les notes colorées s’organisent selon une grille. Comme chez Piet Mondrian, le simple usage de la couleur crée à la fois la tension et l’équilibre de ses sculptures. A la rigueur minimaliste, Isabelle Ferreira oppose la justesse de sa palette composée de couleurs vives (« palanque »), son approche ténue (« candles »), voire mélancolique avec des pièces désactivées (« Vegas »).
Wilson Trouvé
Né en 1980, les œuvres de Wilson Trouvé se jouent des brillances, des matités, des patines des objets manufacturés ou des matériaux incongrus comme la colle thermofusible. Il rejoint la pensée de l’artiste minimaliste américain Donald Judd pour qui « la couleur comme la matière est ce dont l’art est fait. Elle n’est pas de l’art à elle seule (…). Il n’y a pas de couleurs pures, à l’exception de l’art du spectre. Elle n’existe que sur une surface texturée ou non, ou située sur une surface transparente ». Ses résilles, ses dégoulinures (« Black canvas ») ou encore les éclaboussures de colle (« Dear Eva ») revisitent l’informe formulé par Georges Bataille avec un brin d’ironie. Comme si ces œuvres qui opèrent une collusion entre peinture gestuelle et peinture minimaliste, étaient le fruit d’une désinvolture feinte.
Alexandra Fau
Née en 1977, Alexandra Fau est commissaire d’expositions, critique d’art et enseignante en histoire de l’art moderne et contemporain (ESAD Amiens). Elle a réalisé plusieurs expositions autour de l’habitat dans la création contemporaine (« Chez soi », château de Kerjean 2004, « Architecture au corps », galerie Anton Weller 2006) et, monté divers projets pour la scène artistique étrangère (Liste Berlin, Photo Miami…). Elle a organisé récemment une exposition collective sur la question de la narration (« Micro-fictions » à FABRIKculture durant Artbasel juin 2010). Et elle a présenté la scène artistique française à Moscou pour l’année France-Russie 2010 à l’occasion de l’exposition « Philosophers andworkers » co-curatée avec Zhenia Kikodze (2010). Elle prépare actuellement un projet pour la quatrième Biennale de Moscou avec le groupe Electronic Shadow (septembre 2011). L’attention portée aux pratiques artistiques tout médium confondu ainsi que sa connaissance de la scène artistique nationale et internationale lui ont permis de participer à plusieurs comités de sélection, (premier prix Sciences Po pour l’art contemporain (présentation du lauréat Guillaume Bresson) en 2010 et Salon « Drawing Now » 2011 à l’invitation du critique Philippe Piguet).
Exposition Ping Pong
Du 17 au 22 juin 2011
Le 3 Maison Saint-Honoré
Rue Duphot
75001 Paris
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