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Paris retrouve la lumière

24 octobre 2014
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Paris retrouve la lumière

Le 23 octobre 2014

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S’il est un domaine qui semble épargné par le « French Bashing », c’est incontestablement l’art. Le réveil aussi soudain que spectaculaire de la scène artistique parisienne, multipliant à quelques jours d’intervalle évènements et inaugurations d’ampleur internationale partout dans la capitale, n’est pas passé inaperçu auprès des commentateurs anglo-saxons qui, cette semaine, font preuve dans leurs colonnes d’un enthousiasme assez inhabituel pour mériter d’être souligné.

C’est dans ce contexte résolument optimiste que s’est ouverte cette année la 41e édition de la FIAC, au moment où Paris offre aux amateurs d’art une myriade de lieux et d’évènements aussi bien publics (réouverture du Musée Picasso, de la Monnaie de Paris) que privés (Fondation Louis Vuitton).

Alors, Paris, « Capitale de l’art » ?

Si l’offre muséale parisienne reste sans conteste l’une des plus riches au monde, avec une fréquentation annuelle de plusieurs dizaines de millions de visiteurs, la place de la France sur le marché de l’art mondialisé, en revanche, n’a eu de cesse de reculer ces dernières années. C’est à Londres (lieu de résidence d’une majorité de grands collectionneurs), New York ou Hong Kong que s’effectuent la plupart des transactions d’envergure.

La scène artistique française n’est donc pas la plus « bankable » au monde mais la France et Paris peuvent néanmoins miser sur d’autres atouts. Comme le souligne Anny Shaw dans The Art Newspaper, « Londres peut sembler attractive pour le commerce, mais Paris l’est pour le cœur, et plus que jamais cette année. »

À contrario de toute idée reçue et en dépit de son image de « Belle Endormie », on a vu récemment des mastodontes de l’art contemporain, (la galerie Thaddaeus Ropac et la non moins célèbre galerie Gagosian) investir sa banlieue nord avec l’ouverture de vastes espaces à Pantin et au Bourget. L’inauguration de la fondation Louis Vuitton au cœur du Bois de Boulogne et le foisonnement de nouveaux projets pour la plupart privés, ailleurs dans Paris, viennent eux aussi conforter l’idée que décidément l’attractivité de la capitale ne demande qu’à être stimulée.

Cet automne, la richesse de la programmation publique et la bonne santé de la FIAC créeraient presque un sentiment d’euphorie. Alors qu’en penser ? « Paris est tout à coup dans une très bonne dynamique pour l’art », explique au Wall Street Journal le collectionneur Jean-Philippe Billarant, qui ajoute : « L’atmosphère de Paris me rappelle le Chelsea d’il y a 30 ans et c’est intéressant ». Tous les Parisiens amateurs d’art rêvent à n’en pas douter pour leur ville du même destin, de la même effervescence que celui du quartier branché de New York.

Un enthousiasme partagé par Sunny Rahbar, co-directeur de la Third Line Gallery et présent à la FIAC – où il expose Ala Ebtekar, Amir H. Fallah, Farhad Moshiri, Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Rana Begum et Slavs et Tatars. Le galeriste explique : « Je peux dire que la foire devient de plus en plus forte. Nous y participons depuis les trois dernières années et à chaque édition, nous rencontrons de plus en plus de collectionneurs. Et oui, on sent bien que le marché se renforce. Je pense qu’à l’avenir, il va s’améliorer et devenir encore plus solide dans la mesure où l’on observe un regain d’intérêt et une bonne énergie autour de cette foire et de l’art contemporain en général. »

La FIAC à la loupe

Depuis que Jennifer Flay a pris en main la FIAC, les médias et les professionnels s’accordent à dire que la manifestation se découvre une nouvelle ampleur. Les efforts déployés pour la sortir de la torpeur dans laquelle elle se trouvait au début des années 2000 sembleraient donc commencer à payer. Avec une volonté obstinée d’internationalisation, la Néo-zélandaise a réussi, au fil des années, à attirer à Paris les plus grandes galeries du monde et leurs précieux collectionneurs. Alors que le nombre de foires a explosé à travers le monde, et que la compétition est intense entre celles de premier plan, la FIAC talonne aujourd’hui ses concurrentes Frieze et Art Basel.

Cette 41e édition ouvre donc ses portes le 23 octobre dans un climat plutôt serein, le rejet de l’assujettissement des œuvres d’art à l’impôt sur la fortune étant arrivé à temps pour rassurer les collectionneurs français.

L’internationalisation est le maître mot de Jennifer Flay. Cette année, ce sont 191 galeries originaires de 26 pays qui investissent la nef du Grand Palais. Parmi celles-ci, seulement 65 % sont européennes (contre 73 % en 2013). 48 galeries françaises, 26 allemandes, la Norvège et le Portugal faisant leur 1ère apparition, 45 galeries nord-américaines (4 venues du Brésil et autant du Mexique). Pour la première fois cette année, on remarque la participation du Japon et de l’Arabie Saoudite.

Parmi les nouveaux participants ou galeries faisant leur retour, citons la Helly Nahmad Gallery (New York), Hannah Hoffman (Los Angeles), Antoine Levy (Paris), Vera Cortês Art Agency (Lisbonne), Cory Nielsen (Berlin), ou encore Wallspace (New York).

Quels artistes sous la nef ?

Dans le cadre de cette 41e édition, Artprice propose des données précises sur les acteurs de la manifestation. On verra cette année au Grand Palais pas moins de 1.451 artistes. Tandis que les grands noms tels Andy Warhol, Francis Bacon ou Gerhard Richter sont évidemment présents, on peut noter que les artistes contemporains chinois sont étonnamment peu représentés.  Luo Zhongli, Chen Yifei et Zhang Xiadong, figurant parmi les dix artistes contemporains les plus côtés au monde, ne seront pas exposés à la FIAC.

À galeries internationales, noms internationaux. Parmi les 84 nationalités représentées, les artistes américains se taillent la part du lion, avec 25 % des noms, devançant les allemands (12 %) et la France (11 %). Suivent le Royaume-Uni (9 %), l’Italie (3,3  %), la Suisse (2,9 %), la Belgique (2,8 %), et enfin la Chine avec (2,7 %).

Derniers éléments chiffrés sur les créateurs exposés : il s’agit pour plus de 80 % d’entre eux d’artistes vivants dont l’âge moyen est de 50 ans. La doyenne de cette sélection étant la Cubaine Carmen Herrera, âgée de 99 ans, exposée par la Lisson Gallery de Londres. Quant aux benjamins, ils ont tout juste 25 ans : Lucien Smith à la galerie Skarstedt et Phillip Timischl chez Neue Alte Brücke.
La prochaine marche doit être internationale

Si le niveau de la manifestation s’est incontestablement élevé ces dernières années, l’ambition de rivaliser avec Art Basel, reste néanmoins un objectif à atteindre.

Certes mondialisé, le marché de l’art n’est pas pour autant totalement hermétique au contexte local. On peut dès lors se demander si le faible nombre de collectionneurs de très haut niveau résidant en France (avec pour corollaire, ainsi qu’on l’a vu plus haut, le peu de ventes de prestige) ne constituent pas des barrières difficilement franchissables pour la FIAC.

En dépit d’une volonté affichée de conforter son image de foire internationale (processus qui s’accompagne, il faut le souligner, de la diminution du nombre de galeries françaises), on est encore très loin de la notoriété d’Art Basel qui reste aujourd’hui inégalée, voire de la Frieze – pourtant plus jeune – toutes les deux ayant essaimé avec succès aux États-Unis (Art Basel Miami et Frieze New York) et également à Hong Kong (pour Art Basel). D’ailleurs, la FIAC s’installe à Los Angeles du 27 au 29 mars 2015. L’issue de l’aventure californienne sera sur ce point-là déterminante…

Autour de la FIAC, un (OFF), des off

Un « off » se détermine en fonction d’un « in ». Il le valorise de fait et se positionne en retrait du « in », qu’il conforte dans sa position dominante. Celle de la FIAC n’est pas à démontrer.

Les amateurs et collectionneurs, lassés des grandes signatures souvent vues, revues et surtout inaccessibles pour une majorité d’acheteurs, ont cette semaine un large choix de manifestations parallèles. Sept au total. La grande nouveauté cette année tient dans le lancement de l'(OFF)icielle de la FIAC, installée à la Cité de la mode et du design dans le bâtiment de Jakob + MacFarlane. Jennifer Flay souligne qu’elle la voulue comme « un nouvel événement et non un simple satellite de la FIAC  », rejoignant ainsi l’esprit de Liste, la manifestation très prisée qui, chaque année se tient en parallèle d’Art Basel.

Dans un espace médiatique que la FIAC et ses événements hors les murs doivent partager avec l’inauguration de la Fondation Louis Vuitton, l’apparition de l’(OFF)icielle soulève de nombreuses questions. Pour les 60 galeries participantes, le succès d’un événement nouvellement créé n’est nullement assuré – même si le vernissage du 21 octobre semblait prometteur.

L’apparition de cette foire parallèle — également portée par la puissante organisation Reed Exhibition — ne risque-t-elle pas d’asphyxier un marché encore hésitant, ne laissant aux concurrentes placées sur le même segment, que les miettes ? En outre, l’écart de tarifs des stands entre l'(OFF)icielle et la foire mère, apparaît relativement faible (445 € contre une fourchette comprise entre 495 à 545 € pour le Grand Palais), compte tenu de la différence de notoriété. À noter que ces tarifs font souvent l’objet de négociations. On peut se demander si l’objectif de Reed Exhibition, avec la création de cette nouvelle manifestation, n’est pas d’entrouvrir les portes à des galeries qui miroitent depuis de longues années une participation à la FIAC, quitte à les faire entrer par l’antichambre…

Pour ce qui est des autres manifestations, malgré l’annulation de Cutlog (dont le directeur accuse Reed de monopoliser tous les lieux disponibles de la capitale et de saturer le marché) – le choix s’offrant au public reste large !

Événement considéré comme le plus important des foires « off non-officielles », la Yia – Young International Artists Art Fair – se tient au Carreau du Temple, au cœur du Grand Marais, du 23 au 26 octobre.

Revendiquant une volonté de mêler des jeunes galeries à des acteurs plus installés, son fondateur et directeur Romain Tichit refuse délibérément de considérer sa manifestation comme un « off ». En faisant le pari de l’originalité et de la créativité qui, dit-il, sont au cœur de sa réussite, l’objectif assumé de YIA est bien de se démarquer, d’afficher son identité propre, au milieu d’une offre plus conventionnelle ou, à tout le moins, plus attendue. Un défi de taille alors qu’une sélection inégale a souvent été reprochée à la YIA.

Non loin du Grand Palais, au sein de l’hôtel le A, rue d’Artois, la seconde édition française de l’Outsider Art Fair, foire créée à New York il y a vingt ans, démontre la place importante prise par l’art brut, et de manière plus large par ce que les Anglo-saxons appellent l’« outsider art ». Hasard ou non, la manifestation entre cette année en résonance avec l’importante exposition de la collection abcd de Bruno Decharme à la Maison Rouge.

Parmi les autres événements, il faut citer Art Elysées (Champs Elysées du 23 au 27 octobre) et Design Elysées qui, ayant fait le choix d’un segment particulier, l’art moderne et contemporain « classique » et le design historique d’après-Guerre, cherchent eux aussi à marquer leur différence.

Autre foire placée sur un secteur moins concurrentiel, mais aussi plus difficile, en tout cas d’avant-garde, Variation – anciennement Show off – à l’Espace des Blancs Manteaux du 21 au 26 octobre. Là, il est question de création contemporaine numérique, à travers 40 artistes présentant photographies, vidéos, impressions 3D, sculptures de prototypes.

Signe de la volonté de renouvellement et de redynamisation qu’on perçoit dans l’air du temps, la Slick Art Fair a également opté pour un changement de nom, en se rebaptisant cette année Slick Attitude. Pour cette 9e édition, la manifestation qui se tient cette année encore sous le Pont Alexandre III, réunit trente galeries avec un objectif commun : promouvoir en France la jeune scène artistique internationale et valoriser la vitalité de ces nouvelles galeries qui font un vrai travail de recherche et de défrichage des talents émergents.

Enfin, signalons une nouvelle venue, Fair in off, qui tentera elle aussi, du 23 au 26 octobre à l’Espace Commines, de se signaler à l’attention de l’amateur d’art dans un paysage qui, décidément laisse peu de place au vide. Elle se veut, selon ses organisateurs, « une  initiative complémentaire »,  réunissant quatorze artistes émergents, dans un esprit résolument en marge des foires traditionnelles, Fair In Off se propose de « rapprocher le public du processus de réflexion des artistes ».

Art Média Agency

A découvrir sur Artistik Rezo :
Octobre des foires d’art
FIAC 2014 – 41ème édition – Grand Palais Paris – Programme

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