Par Les Epines – un film de Romain Nicolas
Par les Epines est un film choral : quatre personnages, qui ne se connaissent pas, en sont les piliers. Nous suivons leurs aventures humaines en alternance, les péripéties de leur vie de tous les jours, pour eux si essentielles, dans un monde contemporain fait de béton et d’égoïsme.
Chaque histoire a une patte visuelle : cadres symétriques et rigoureux pour Marilyn, la névrosée, qui compte ses jours sans amour sur un calendrier, caméra à l’épaule et faible profondeur de champ pour Juliette, boule d’humanité en errance dans un monde qui la dégoûte. En outre, les couleurs bleus-gris de la ville, du béton et de l’aspect médical sont accentuées. Rudy, lui, baigne dans une atmosphère nocturne, faite de couleurs cassées, roses, vertes pourpres. La journée, pendant ses entretiens d’embauche, il a l’air encore moins à sa place que la nuit, dans sa boîte gay. Et Madame Rose, romancière à succès aux habits pastel, dans son château, qui croit tout savoir de la nature humaine, avant d’envisager l’inenvisageable. Par exemple, les habits de Madame Rose noircissent à mesure qu’avance sa quête de compréhension.
Les chemins de ces héros ordinaires croisent également la route de personnages singuliers. Des perdus, des âmes brisées. Mais un point commun à tous : ils sont sensibles au monde et au malheur humain. Et ils devront apprendre à s’accepter : Laisser sortir les émotions pour Juliette, apprendre à être aimée pour Marylin, réaliser où est sa place pour Rudy, et faire la paix avec les êtres humains pour Madame Rose.
Le film se berce tout le long d’une teinte mélancolique dans le rythme, dans les voix, dans le temps que les raccords prennent à se faire. Et dans la musique (René Aubry), à la fois triste et envoûtante, partie intégrante de la mise en scène.
« Par les Epines », s’ouvre sur le parc de Madame Rose. Cette présence de végétal ne se perdra pas, tout au long du film. De loin en loin, dans cet univers gris, des bourgeons naissent. Les fleurs sont également en clôture du film. Mais c’est bien une mort qui lance l’histoire. Celle du mari de Madame Rose. Une mort naturelle pour que des vies encore à faire puissent prendre forme. Et que se perpétue ainsi le grand cercle de la vie.
Après avoir passé l’épreuve du face-à-face avec eux-mêmes, ils en sortiront, peut-être pas grandis, mais au moins apaisés.
C’est sur cette note d’espérance que se finit le film. Après toutes leur aventures, pour nous si anecdotiques, et pour eux si importantes. Et à la fin, tout va mieux. Il leur aura fallu du temps et du courage. Il leur aura fallu, en somme, prendre la vie par les épines.
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Par Les Epines – Histoire de quatre printemps
De Romain Nicolas
Avec Anita Lecollinet, Juliette Besson, Renaud Denis-Jean et Agnès Soral
Durée : 95 min.
Cinéma Saint-André des Arts
30, rue Saint-André des Arts
75006 Paris
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