Palette de vie : notre sélection de films en juin
Le cinéma nous rappelle les innombrables formes de vie qui convergent en créativité, technologie et humanité. Ce mois-ci, avec le Festival de Cannes, nous avons suivi, de près comme de loin, cette croisière qui, pour la 77e fois, rassemble des histoires, nourrit les imaginaires et favorise les connexions.
Le 7e art continue inlassablement de réaffirmer sa place en tant que pilier de l’expression culturelle, rappelant que les coins du monde et les identités les plus inaccessibles sont néanmoins des sources d’émerveillement. Notre sélection de films de ce mois-ci se concentre sur la diversité et la richesse de notre humanité, tant gouvernée par la joie que par la peine, par l’amour que par la haine.
1 – Dissidente de Pier-Philippe Chevigny, au cinéma le 5 juin.
Avec Ariane Castellanos, Marc-André Grondin, Nelson Coronado.
Pays : France
“Pendant la pandémie, plusieurs de ces travailleurs sont tombés malades. Comme ils sont mal logés et vivent en promiscuité, le Covid s’est très vite propagé. Il y a eu beaucoup de personnes infectées, de morts, des journalistes ont commencé à faire des reportages et ont révélé que certains vivaient dans des conditions terribles. Mi-septembre 2023, un rapport spécial de l’ONU a conclu que ce programme des travailleurs étrangers temporaires était un ‘terreau fertile pour l’esclavage moderne’.” – Pier-Philippe Chevigny
2 – La Petite Vadrouille de Bruno Podalydès, au cinéma le 5 juin.
Avec Daniel Auteuil, Sandrine Kiberlain, Denis Podalydès.
Pays : France
“C’est un projet que j’ai en tête depuis 2003, du moment où j’ai commencé à faire de petites croisières fluviales en famille. J’ai adoré ce mode de vacances. Petit à petit, j’ai découvert une multitude de canaux – il est extrêmement facile de circuler en bateau du sud de la France jusqu’en Allemagne, et même au-delà, tant le réseau de ces canaux est riche. Mais il faut un rapport au temps apaisé pour ce genre de voyage. Je rêvais d’une histoire qui puisse se dérouler dans ce rythme et ce cadre. Est venu se greffer le récit de cette croisière bidonnée, dont l’effet troupe me séduisait. Mon amour sans doute pour “To Be or Not To Be”, d’Ernst Lubitsch, que j’ai vu et revu et qui m’a tant marqué…” – Bruno Podalydès
3 – Or de vie de Boubacar Sangaré, au cinéma le 5 juin.
Pays : France
“En 1996, après mon examen de CEP, mon frère et moi sommes allés travailler sur un site d’orpaillage. Plus de 22 ans après, je replonge dans cet univers pour raconter l’histoire de Rasmané, Missa et Dra. À travers le récit de ces trois personnages, “Or de vie” dresse en creux le portrait de toute une jeunesse burkinabé, qui passe soudainement de l’enfance à l’âge adulte, de l’insouciance à la violence, laissant dans son sillage des rêves dorés recouverts de poussière. Petit à petit, l’ouverture en grand sur le site laisse voir la ressemblance qui caractérise les orpailleurs dans leurs rêves et le travail. Tout comme la nature qui les entoure, l’innocence et le rêve s’effritent au fil des épreuves.” – Boubacar Sangaré
4 – Rendez-vous avec Pol Pot de Rithy Panh, au cinéma le 5 juin.
Avec Irène Jacob, Grégoire Colin, Cyril Gueï.
Pays : Cambodge, France, Qatar, Taïwan, Turquie.
“Même s’il est centré sur un passé khmer rouge révolu, le film évoque également l’actualité d’idéologies radicales qui excluent, qui renferment et qui refusent la confrontation des idées. Il évoque cette résurgence des utopies qui prétendent penser et agir pour le bien de tous mais qui glissent vers une quête de pureté, une quête qui dévoie la révolution humaniste. Il dénonce cet édifice de la pensée poussé jusqu’à l’absurde dont les effets sur les humains sont effarants. Comme si on ne pouvait pas changer d’avis, faire marche arrière, ou simplement faire une pause pour réfléchir.” – Rithy Panh
5 – Les premiers jours de Stéphane Breton, au cinéma le 12 juin.
Pays : France
“Dans ce petit coin du monde à mi-chemin de Mad Max et de La Planète des singes, où vivent des gens dont les gestes font parfois penser aux personnages de Jacques Tati, le cosmos se bat avec lui-même. Parfois c’est la caillasse qui l’emporte, parfois les vagues, parfois la rouille. Voilà de quoi parle ce film muet et sonore à la fois. Refusant les dialogues, donnant à la musique et au bruit le rôle de la parole, il donne une vision heureuse de la simplicité du monde et de l’énergie des commencements, tout en s’abandonnant au lent frottement des choses : des impressions, des sensations, des sons. Ceux-ci composent une musicalité qui devient la pensée du film.” – Stéphane Breton
6 – Vas-tu renoncer ? de Pascale Bodet, au cinéma le 12 juin.
Avec Benjamin Esdraffo, Pierre Léon, Serge Bozon.
Pays : France
“Je voulais qu’on voie les gens et que mes personnages s’en distinguent par le cadrage, ou par une certaine manière de se tenir, qu’ils s’extraient de la foule qui est un grand thème baudelairien. Ce n’est pas des tableaux que je voulais filmer, mais une ville en partie muséifiée, dans laquelle le hasard et l’aléa restent possibles. Quand on veut faire se réconcilier Baudelaire et Manet un siècle et demi plus tard, comment on fait ? Qui est-ce qui peut faire l’intermédiaire entre deux artistes plaintifs et parisiens ?” – Pascale Bodet
7 – The Summer with Carmen de Zacharias Mavroeidis, au cinéma le 19 juin.
Avec Yorgos Tsiantoulas, Andreas Labropoulos, Roubini Vasilakopoulou.
Pays : Grèce
“Il y a de l’homophobie dans la société, il y en a donc forcément dans le cinéma. Cet art n’est pas déconnecté du monde en ce sens, et c’est vraiment triste de se rendre compte qu’être ouvertement gay dans ce milieu signifie moins de propositions pour les acteurs. Mais je pense que c’est une question de génération, on est encore dans une époque où ceux qui ont le pouvoir dans l’industrie cinématographique proviennent d’une génération où le sexisme et l’homophobie étaient partout et ne faisaient face à aucune résistance. Il est temps de changer les choses !” – Zacharias Mavroeidis,
8 – L’enfant qui mesurait le monde de Takis Candilis, au cinéma le 26 juin.
Avec Bernard Campan, Raphael Brottier, Maria Apostolakea.
Pays : France
“La résilience est un des thèmes importants du film. Elle l’est pour le personnage d’Alexandre Vargas qu’interprète Bernard Campan, mais elle l’est pour moi aussi. Un jour à l’école communale, un petit garçon m’a traité de “sale métèque”. J’ignorais complètement la signification du mot. Puis j’ai oublié cet incident. À aucun moment, par exemple, je ne me suis étonné de ma nomination à la Direction Générale de TF1, ou à celle de France Télévisions. Aujourd’hui, je réalise à quel point les gens qui m’avaient engagé étaient audacieux.” – Takis Candilis
9 – Léon de Andi Nachón et Papu Curotto, au cinéma le 26 juin.
Avec Carla Crespo, Antonella Saldicco, Susana Pampín, Lorenzo Crespo.
Pays : Argentine
“Avec León, nous avons essayé de montrer comment la perte d’un être cher affecte non seulement notre propre vie mais aussi toute la vie que nous partageons en tant que famille. À une époque de familles recomposées et dans une réalité où la vie quotidienne est un combat, nous voulions que notre protagoniste traverse ce deuil en ressentant ses propres émotions tout en devant récupérer son fils et le monde qu’elle maintenait avec sa petite amie. Notre film dépeint de nouvelles familles qui, à la fin, comme toutes les autres, doivent faire face à de vieilles peurs et douleurs, mais les vivent de leur propre particularité.” – Andi Nachón et Papu Curotto
10 – Le moine et le fusil de Pawo Choyning Dorji, au cinéma le 26 juin.
Avec Tandin Wangchuk, Deki Lhamo, Pema Zangmo Sherpa.
Pays : Bhoutan, France, U.S.A., Taïwan
“Je souhaitais que les personnages du lama et du moine dans le film illustrent la vénération des Bhoutanais pour la culture et les traditions bouddhistes. Le respect pour ces figures spirituelles est tel que les villageois ne semblent même pas s’étonner ni même tiquer à la vue d’un moine avec un fusil, car ils ont une confiance absolue en l’enseignement du Bouddha qui dit que ‘ce qui motive un acte est bien plus important que l’acte lui-même’ Il est aussi important de souligner la valeur du symbolisme dans la culture bhoutanaise, et combien la puissance symbolique des choses est parfois plus importante que les choses elles-mêmes.” – Pawo Choyning Dorji
Bon visionnage !
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