Palais de Tokyo – Pergola
Esprits frappeurs
PERGOLA s’élève sur le fond d’une modernité hantée par tout ce qu’elle a supprimé.
Valentin Carron – lui-même auteur d’une Pergola (2001) – crée dans la grande verrière du Palais de Tokyo un univers qui évoque le mauvais rêve d’un gardien de musée. Dans l’espace, des sculptures rappellent l’art moderne, mais du plafond pendent de sombres lanternes de taverne suisse. Les cimaises, recouvertes de crépi grisâtre, empruntent autant au vocabulaire de la banlieue pavillonnaire que de l’espace concentrationnaire.
Coup de pied retourné
Survivance, soulèvement, révolte : les victimes effacées de la modernité prennent la parole, à l’image de la chaussure géante créée par Laith Al-Amiri, hommage, en forme de monument, à la chaussure lancée par un journaliste irakien au visage de George W. Bush. Des formes oubliées s’incarnent et se matérialisent dans l’espace public, revendiquant d’être traitées à égalité avec les autres. Chez Raphaël Zarka, des formes de la Renaissance reviennent voisiner avec des rampes de skateboard ou des brise-vague. Chez Serge Spitzer, des pneumatiques fous défient toute communication. La politique des spectres dessine un communisme des substances, dont Charlotte Posenenske est également emblématique.
Charlotte Posenenske
PERGOLA est l’occasion de découvrir la première rétrospective en France d’une immense artiste allemande contemporaine des minimalistes américains. Un parcours unique la mène d’une pratique moderniste de la peinture abstraite à une tridimensionnalité militante. Ses dernières installations sont composées de tuyaux d’acier galvanisé dont les modules sont à la libre disposition du commissaire. Usage de matériaux élémentaires, prix des œuvres équivalent au coût de production, la démarche est clairement politique. « J’ai du mal à me résigner à l’idée que l’art ne saurait contribuer à résoudre des problèmes sociaux pressants », dit Posenenske, qui installe aussi ses œuvres dans l’espace public à l’occasion de performances destinées à subvertir la monumentalité autant qu’à célébrer les forces productives muettes. Poursuivant son raisonnement jusqu’à son extrême limite, elle cesse ses activités d’artiste pour se consacrer à la sociologie en 1968.
Pergola
Laith Al-Amiri, Valentin Carron,
Charlotte Posenenske /
Serge Spitzer, Raphaël Zarka
A partir du 18 février 2010
Tous les jours sauf le lundi, de midi à minuit.
Informations : 01 47 23 54 01 et 01 47 23 38 86
Tarifs : 6 €
Réduit : 4,50 € (plus de 60 ans ; moins de 26 ans ; groupe de plus de 10 personnes ; famille nombreuse ; enseignants sur présentation de justificatifs datant de moins de trois mois)
Spécial artistes, étudiants en art et enseignants en art : 1 € (sur présentation de justificatifs datant de moins de trois mois)
Imagine”R” : 3 €
Palais de Tokyo
13, avenue du Président Wilson
75116 Paris
Métro Iéna (ligne 9)
Bus 32, 42, 63, 72, 80, 82, 92
RER C, Pont de l’Alma
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...