Padam Padam – Théâtre de la Gaîté Montparnasse
Vous le connaissez, vous, Norbert Glanzberg ?
Et “Padam, padam”, “Les grands boulevards”, “Mon manège à moi” ou… “Ça, c’est de la musique !” ? Alors là, oui, tout de suite, cet air qui vous vient aux lèvres…
Eh bien c’est du Glanzberg !
Cet inconnu de génie, déclaré par Goebbels : “artiste juif dégénéré”, réfugié en France à la fin des années trente, compositeur aussi prolifique qu’inspiré, a écrit la musique de dizaines de monuments de la chanson française… pour Piaf, Dalida et Montand – mais aussi Etienne Daho, Arthur H et Catherine Ringer. Son répertoire puise dans la verve des plus grands paroliers, de Pierre Delanoë à Michel Rivgauche, de Jean Constantin à Jacques Plante : un voyage étourdissant dans la bande originale des années 40-50… qui donne l’irrésistible envie de faire revivre ces airs qui tournent encore dans nos têtes ! Et que les moins de vingt ans ne demandent qu’à connaître. Ses chansons sont autant de bulles d’oxygène, de pieds de nez malicieux et poétiques à la bêtise et à l’intolérance, dignes d’un homme à l’esprit acéré et à l’humour ravageur !
“Padam… Padam… Padam.”
Le petit garçon a quatre ans. C’est sa « première séance ». Le film est muet, mais un orchestre l’accompagne. Première émotion artistique : le cœur de l’enfant fait « Pampam… pampam… pampam… ». Dans sa langue, il demande à sa mère : « Maman, pourquoi la musique elle rit et elle pleure ? » Le pacte est scellé : la musique sera sa vie. Un pacte tout de suite exigeant : il piétine de rage son harmonica diatonique, le punissant de « ne pas avoir toutes les notes. » !
La musique sera sa vie, mais sa vie ne lui réservera pas qu’harmonie. Aux « pampam » des battements de cœur du petit juif polack de Galicie, succèderont vite les « pampam » d’un cœur angoissé par la fuite, la clandestinité, les arrestations, les humiliations d’un anonymat obligé, les fausses identités, seules chances de survie d’un jeune homme qui n’est pas né au bon endroit, au bon moment. Les chansons qui ne peuvent pas être signées se vendent en sous-main, dépossédant leur auteur de leur succès. Les mélodies, parfois nées en d’obscurs réduits dont on a vite fait le tour, vont, elles, faire le tour du monde. Les plus grandes voix s’en emparent, voix d’hier, voix d’aujourd’hui et sans doute voix de demain: Edith Piaf, Maurice Chevalier, Tino Rossi, Mistinguett, Yves Montand, Pétula Clark, Whoopi Goldberg… Leurs voix le sauvent. À son tour, à la Libération, temps troublés où les sauveurs seront les sauvés, il en sauvera certains. Jouer sa musique, chanter ses chansons, c’est entendre surgir, dans le vent tumultueux de l’Histoire, la voix d’un homme qui, au milieu des bruits de bottes, a aussi su écouter les pulsions d’un cœur sentimental, vibrant violemment aux belles (et nombreuses!) figures féminines croisées. Ainsi naîtra « Padam, padam » devenu comme l’hymne international de Paris et de l’amour. Comme le dit la chanson « cet air n’est pas né d’aujourd’hui ». Suivront, tout aussi populaires, « Mon manège à moi… », « Ça, c’est d’la musique ! », « Chariot », alias « I will follow him… », et tant d’autres! Sans le savoir, nous connaissons cet inconnu célèbre.
Quatre interprètes, Isabelle Georges, Frederik Steenbrink, Jérôme Sarfati et Edouard Pennes… Instruments (piano, contrebasse, guitare manouche…) et voix mêlées, mettent en lumière cette vie prodigieuse et ces airs si ancrés dans la mémoire collective que quelques notes suffisent à nous faire enchaîner et les fredonner avec familiarité. On le sait : « Longtemps, longtemps après que les poètes on disparu, leurs chansons… ». Les battements du cœur sont indémodables. « Padam… Padam… »
Padam Padam – le spectacle musical
A partir du 17 juin 2011
Du mercredi au samedi à 19h
Théâtre de la Gaîté Montparnasse
26, rue de la Gaîté – 75014 Paris
M° Gaîté, Edgar Quinet ou Montparnasse-Bienvenüe
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