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Olivier Jobard, lauréat de la 14e édition du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière – Académie des beaux-arts

12 octobre 2022
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Sima, la cadette a fait son entrée en classe FLE (Français Langue Etrangère). Lycée Les Etablières, La Roche-sur-Yon, mars 2022. © Olivier Jobard / MYOP

Le jury du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière – Académie des beaux-arts, réuni le 21 septembre 2022 au Palais de l’Institut de France, a examiné les 24 candidatures présélectionnées cette année et a désigné Olivier Jobard lauréat de l’édition 2022 pour son projet “Souvenirs d’une vie envolée, ma famille afghane”.

William Daniels, Claude Iverné et Pierre de Vallombreuse ont par ailleurs été déclarés finalistes de cette 14e édition du Prix.

À propos du lauréat, Olivier Jobard 

Olivier Jobard est né en 1970 à Paris. À 20 ans, il intègre l’école Louis Lumière et l’agence Sipa Press. Il y passe deux décennies à couvrir l’actualité pour la presse magazine. En 2000, il se rend à Sangatte où il rencontre des exilés afghans, tchétchènes, irakiens, bosniaques… tous fuyant des guerres qu’il avait couvertes comme photojournaliste. De leurs échanges dans ce dernier caravansérail est née l’envie d’étudier les questions migratoires.

Il prend la route clandestine en 2004 avec Kingsley depuis le Cameroun, en 2011 depuis la Tunisie avec Slah ou encore en 2013 depuis l’Afghanistan avec Rohani. Pour autant, il reste profondément attaché à l’Afghanistan. Dès 1999, il se rend dans la vallée du Panjshir à la rencontre du Commandant Massoud, puis dans l’Ouest afghan sous le premier régime des Talibans. En 2010, il rencontre Ghorban, un clandestin afghan âgé de 13 ans dans une rue de Paris et entreprend alors de documenter son intégration française. Ce travail durera dix ans, jusqu’à ce que Ghorban obtienne son bac et sa citoyenneté. Olivier Jobard qui évolue de la photographie à la vidéo, raconte son histoire avec l’exposition Né un jour qui n’existe pas et le film Cœur de pierre. Dans son travail documentaire, son principal allié est le temps : “je reste avec les gens aussi longtemps qu’ils veulent de moi, pour créer une relation de confiance qui dépasse le cadre de mon travail.”

Olivier Jobard est aujourd’hui membre de l’agence MYOP.

© Olivier Jobard / MYOP

Souvenirs d’une vie envolée, ma famille afghane (extraits du projet)

“Hier, Sima, Aziza, Merhab et Sorhab ont dû tout quitter en une journée. C’était à l’été 2021, au retour des Talibans. Alors que se mettait en place un pont aérien depuis Kaboul, les quatre frères et sœurs ont fui Hérat sans rien emporter avec eux. Ils ont rejoint la capitale et ont fendu la foule pour atteindre l’aéroport. En France, ils ont retrouvé leur frère aîné Ghorban, dont j’ai suivi le parcours pendant dix ans, de son arrivée jusqu’à son entrée dans l’âge adulte. Depuis le 25 août dernier, Sima, Aziza, Merhab et Sorhab vivent à La Roche-sur-Yon où ils ont été accueillis. Âgés de 17 à 22 ans, ils doivent désormais trouver leurs marques, apprendre le français, étudier ou travailler. Prendre le chemin emprunté par Ghorban. Ils n’ont pas le luxe de regarder en arrière, alors que tout les rappelle à l’Afghanistan. […] À travers l’histoire de la fratrie Jafari, je veux mettre en images les sentiments de perte et de déracinement qui accompagnent cet exil. Je voudrais capturer les images de ce qui leur manque : le sourire d’un cousin, la complicité d’une amie, un chemin entre la fac et la maison, la glace à la cardamome de Hérat, un paysage aimé…

Je m’attacherai à retrouver les traces de leur passé dans ce nouvel Afghanistan des Talibans. Cet album de souvenirs altérés sera confronté à ce qui peuple leur nouveau quotidien français. Par la mise en perspective de ces images, je voudrais à ma façon tenter d’adoucir un peu la peine qu’inflige aux exilés la perte de la patrie et des êtres chers, à jamais derrière eux.”

Les souvenirs afghans de la fratrie seront imprimés sur grands tirages réalisés à la chambre photographique, comme figés dans le temps. Ils seront une  vingtaine, verticaux, en 140×120, imprimés sur du papier jet d’encre photo satin. Une quarantaine de tirages couleurs 40×60 seront ceux de leur vie française, imprimés au jet d’encre sur papier coton Hahnemühle et encadrés par un fin bois noir. – Olivier Jobard

Les projets d’Olivier Jobard et des finalistes seront présentés à l’occasion de l’exposition Peuls du Sahel, de Pascal Maitre, lauréat 2020.

Le Prix Marc Ladreit de Lacharrière – Académie des beaux-arts

Créé en 2007 à l’initiative de Marc Ladreit de Lacharrière en partenariat avec l’Académie des beaux-arts, dont il est membre, ce prix récompense “un ou une photographe confirmé(e), français(e) ou étranger(e) travaillant en France, sans limite d’âge, auteur(e) d’un projet photographique original”.
Ce prix, biennal depuis 2018, est doté d’un montant de 30 000 euros. Le projet primé est restitué à l’issue d’une période de travail de 2 ans, sous la forme d’une exposition au Pavillon Comtesse de Caen de l’Académie des beaux-arts (Palais de l’Institut de France).

Depuis 15 ans, ce concours permet à un/e photographe de réaliser un projet d’envergure dans un esprit d’entière liberté quant aux thèmes ou à l’écriture photographique.

Le Prix et l’exposition bénéficient du mécénat exclusif de la Fondation Marc Ladreit de Lacharrière.

[Source : communiqué de presse]

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