Nourith reprend Lettre à France de Michel Polnareff
Elle se souvient avec un sourire heureux : « Ça m‘est venu en marchant. J’avais découvert cette chanson peu avant et, quand j’ai imaginé cet arrangement, ça sonnait tellement bien que ça a été un détonateur et je me suis enfin sentie prête à sortir l’album. » Ce n’est pas un hasard si cette chanson l’a conduite à revenir en studio : « Je suis moi aussi entre deux pays. J’ai des choses à dire à la France. Je l’aime. J’ai émigré, j’ai choisi de vivre ici et j’aimerais que ce pays s’épanouisse tout entier comme j’ai pu m’y épanouir. »
Ce 3ème album de Nourith est aussi le premier dans lequel elle écrit, compose, participe aux arrangements. On attendait le retour d’une voix, d’un timbre, d’une couleur vocale si singulière et si séduisante, et l’on voit revenir une artiste complète, à l’univers fermement dessiné – instruments traditionnels (sitar, oud, percussions lointaines…), son organique, couleurs voyageuses (un violoncelle oriental, des références celtiques…). Nourith revient. Enfin, on peut retrouver sa voix haute et claire d’habitante du rêve, la suavité qu’elle met à la langue française, la douce rocaille de son hébreu natal, le souffle sensuel de son anglais.
Il y a quelques années, Nourith avait enchaîné deux albums avec son mentor Jean-Pierre Taïeb chez Universal, deux albums salués par la critique et aimés par le public. Maurane, Catherine Lara, Michel Jonasz et bien d’autres avaient tout de suite repéré cette voix unique dans le paysage français, et l’avaient accompagnée dans les tournées et sur les plateaux télé. Puis elle s’était trouvée « toute seule, sans binôme » et sans maison de disques. À ce moment-là, Nourith sait avoir besoin de nouvelles rencontres. C’est un voyage initiatique. Elle doit tout découvrir : assumer seule ses choix et ses goûts, construire ses relations avec des musiciens, se transformer en leader. « Ça m’a fait grandir, avoue-t-elle. J’étais une petite fille et ça a fait de moi une adulte, artistiquement. »
Sur son nouveau chemin, elle trouve l’amour, élève ses deux enfants. C’est sa propre fille qu’elle fait jouer avec elle dans le clip de Lettre à France, où remontent les émotions de son enfance. Pour ne pas rompre avec ses fans, elle crée un groupe et continue à faire de la scène. Elle compose des mélodies, écrit des textes, « j’ai enfin trouvé l’univers dans lequel déployer ma voix », dit-elle avec le sourire épanoui du pèlerin arrivé au but de son voyage.
« J’écris sur la vie, la mort, la foi. Sur qui je suis. » Au départ, les chansons se sont écrites rapidement, dans l’élan de la naissance de son première enfant et son émotion première. Elle explore les rudesses de la séparation ou l’angoisse devant les extrémismes religieux, transporte Wicked Game de Chris Isaak en Orient, se souvient des affres du déracinement, pose son regard ensoleillé sur les ombres du monde. Puis elle fait des rencontres qui produisent des pépites comme ce texte d’Amnésie passagère, donné par Boris Bergman. Et peu à peu, le projet s’épaissit et prend forme.
Nourith choisit aujourd’hui de chanter avec des accents de paix. Partir seule dans la jungle et les déserts de la production solitaire de son propre projet a donné une immense sérénité à sa voix. Son nouvel album est limpide, épuré et riche, voyageur et enraciné – un équilibre radieux. Une nouvelle Nourith, insoumise, libre et douce.
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