Noire! – Manufacture des Abbesses
Noire! De Christian Hahn Mise en scène de Christian Hahn Avec Nadine Zadi Jusqu’au 1er novembre 2015 Les jeudis 21h vendredis 21h Tarifs: 24€ // 13€(étudiants, chômeurs, +de 65 ans) Réservation en ligne ici
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Jusqu’au 1er novembre 2015 Campée dans un décor minimaliste reconstitué en un magasin de perruques dont les femmes noires sont parfois friandes, cette pièce de théâtre écrite par Christian Hahn interroge, voire bouscule la notion d’identité. Le soir, une fois sa boutique fermée, Poppy se raconte devant le miroir, faisant face à l’Histoire tout comme à sa propre histoire. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=2O4VNVQrAYs[/embedyt] – Poppy, ne m’en voulez pas, mais ça fait longtemps que j’aimerais vous poser cette question… L’identité en question Voici un extrait de texte qui sans complaisance ni détour, plante le décor. Car ici, il est question d’une problématique identitaire, sensible, inhérente au métissage culturel d’une certaine génération de Noirs français qui a d’abord peiné à trouver sa place. Poppy, personnage interprété par Nadine Zadi, gomme peu à peu les empreintes de sa culture d’origine. Désespérément elle tente de blanchir et y parvient. Mais de l’intérieur seulement. Car la couleur de sa peau, visible, tenace, ne lui laisse aucun répit, la ramenant inexorablement à cette négritude à laquelle elle tente d’échapper. Tout comme la société qui bien qu’elle soit française, la renvoie inlassablement au continent noir. De la quête identitaire à la fierté retrouvée Campée dans un décor minimaliste reconstitué en un magasin de perruques dont les femmes noires sont parfois friandes, cette pièce de théâtre écrite par Christian Hahn interroge, voire bouscule la notion d’identité. Le soir, une fois sa boutique fermée, Poppy se raconte devant le miroir, faisant face à l’Histoire tout comme à sa propre histoire. Elle questionne, interprète, invective parfois, s’appuyant sur les échanges qu’elle a pu avoir avec ses clientes, noires ou blanches, s’adressant aussi à des figures majeures du monde noir, telles que Angela Davis, Joséphine Baker, Aimé Césaire, telles que Mohamed Ali, Martin Luther King ou Barack Obama. Puis Poppy, coincée entre un élan de fierté et le désir de s’aimer, renoue peu à peu avec ses propres fondamentaux. Interview Pour la rédaction d’Artistik Rezo, Nadine Zadi parle de Noire ! et se raconte. En quelques mots. – En tant que comédienne, quelles sont vos aspirations, et quelles motivations pour participer à un tel projet? D’abord, j’avais envie d’un nouveau défi. Vient ensuite l’excitation de jouer en solo, tout en abordant une thématique qui me tient tout particulièrement à cœur : la couleur de la peau. Cette couleur que l’on voit en premier lieu et qui suscite dans l’esprit de l’autre, questionnements, interrogations. Cette couleur si visible à cause de laquelle il arrive souvent qu’un noir soit stigmatisé. C’est une problématique équivalente à celle du handicap par exemple. Tout simplement, j’avais envie de m’impliquer dans ce sens et lorsque Christian Hahn, auteur et metteur en scène m’a proposé ce texte, il m’est apparu comme une évidence. Nous étions en phase, le reste s’est fait tout naturellement. – Au cœur de ce projet : l’identité. En tant que Noire en France, parlez-nous de votre parcours ou quête identitaire. Je suis née en France. Pour des raisons professionnelles, mes parents, originaires de Côte d’Ivoire, m’ont confiée à une famille alsacienne lorsque j’avais 3 mois. Pendant 10 ans, je n’ai quasiment plus de contact avec mes parents biologiques et dans mon esprit, je suis bien plus Alsacienne qu’Ivoirienne. Pourtant, j’ai été confrontée à toutes sortes de méprises, à cause de la couleur de ma peau : le médecin, pensant que tu n’as pas de papier s’assure, suspicieux, que tu as bien ta carte vitale ; le livreur qui te prend pour la femme de ménage, tout comme les voisins d’une amie absente dont tu arroses les plantes… Et la liste est longue.. Mais j’ai appris à rire de ces expériences en grandissant dans une société devenue si méfiante, qu’elle pointe du doigt toutes les différences. Nous pouvons vivre ensemble mais aujourd’hui je crois c’est un apprentissage de tous les jours, un éternel recommencement. – La question de l’identité reste sensible dans nos sociétés. Dans ces conditions, quel accueil le public réserve t-il à la pièce? Il me semble que différents sentiments parcourent la salle lorsque je joue. Des sentiments qui vont de l’étonnement à la gêne, en passant par le rire souvent. Dans tous les cas j’ai le sentiment que le public est touché, et que le propos de la pièce suscite la réflexion. – Que diriez-vous à nos lecteurs pour leur donner envie d’aller voir Noire! ? C’est une pièce qui relève à la fois du théâtre et du cabaret type café-théâtre, ce qui à mon avis permet d’atteindre un public très large. Le monologue est écrit de manière très singulière, faite de moments tantôt drôles voire burlesques, tantôt profonds et graves. Un mélange des genres qui à mon avis ne laisse pas insensible. Tout comme le caractère très réaliste du propos. – Merci. Crédit texte : Karine SK
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