Nils-Udo – L’Adresse
L’histoire d’amour entre la France et Nils-Udo n’est pas récente. L’artiste s’installe en effet à paris dans les années 60, et commence à tracer sa propre piste, en marge. Sa quête au sein de la nature le pousse à explorer d’autres chemins. Ce sera donc la nature, et le motif du cercle, du nid. En 1994 (17 ans ! L’équivalent des noces de rose) l’artiste, à l’invitation d’une association de producteurs de maïs pyrénéennes, crée sa première spirale de grand envergure et rejoint une monumentalité jusqu’ici comme évitée. Auparavant, l’homme se sera beaucoup cherché, débutant par la peinture, se formant à la sylviculture en Bavière. Car l’homme a besoin de nature, d’authenticité et d’évanescence. On sait l’intérêt de Nils-Udo, tout germanique, pour le cadre naturel, pour l’humilité humaine, pour la réalité à peine atténuée par la main ouvrieuse. Il a toujours refusé de se faire classer en tant que créateur de Land Art : trop lourde pour lui, cette empreinte polluante qui déplace les rochers, emballent les ponts ; en bref cette mouvance qui s’approprie la cosmogonie pour la ravaler au niveau de l’art.
Nils-Udo a bien compris que le monde se suffit à lui-même, que l’homme ne devrait se déplacer qu’avec déférence à la surface des choses. Le voilà qui élève des autels fragiles pour des prêtres invisibles ; qui sème des pétales, l’instant d’après disséminées dans un ordre différent ; qui creuse la neige pour cliver la terre obscure et la blancheur poudreuse, appelée à disparaître. Le paradoxe, c’est bien sûr le médium photographique, qui immortalise la démarche. C’est la vidéo making of qui présente la construction, en 2005, de son projet monumental Clemson Clay Nest au Botanical Garden of South Carolina, Université de Clemson (USA). Ce sont les dessins préparatifs accrochés au mur, qui dévoile que le projet, si spontané, si léger, a d’abord été étudié. Un art consacré à la nature se doit-il d’être naturel, inné, comme jailli d’une imagination libérée ?
L’intérêt principal de l’exposition est également la monstration de ses dernières peintures. La relation de Nils-Udo avec la technique picturale est compliquée : il l’a en effet officiellement délaissée en 1972, avant de renouer sporadiquement avec elle, et de la retrouver avec passion en 2004. Ses dernières toiles sont bien entendu inspirées par la nature, mais s’imprègnent d’une esthétique photographique. À noter tout particulièrement : la série des « Canaïma » réalisée en 2006, qui flirte outrageusement avec l’esthétique flashy des 80’s. Et cependant, parole d’artiste, ces couleurs-ci sont 100% naturelles. Nils-Udo photographe ou Nils-Udo peintre, deux facettes d’un même personnage que chacun pourra contempler, séparer ou unir, mais qui s’éclairent l’une l’autre.
Pour l’occasion, La Poste a édité un carnet de timbres spécial Nils-Udo. Durant les journées du Patrimoine 2011, un spectacle déambulatoire, dansé et chanté, inspiré des créations de Nils-Udo, sera présenté au sein de l’exposition. Ponctué de textes des Rainer Maria Rilke, il s’intéressera à l’acte créateur et au rapport de l’homme avec la Nature.
A lire sur Artistik Rezo :
– les meilleures expositions cet été à Paris
Nature, rétrospective de Nils-Udo
Du 30 mai au 1er octobre 2011
De 10 h à 18 h, sauf dimanche et jours fériés
Plein tarif : 6.50 € // tarif réduit : 5 €
Gratuit pour les moins de 13 ans
Musée de La Poste
34, boulevard de Vaugirard – 75015 Paris
M° Montparnasse-Bienvenüe
[Visuel : en bas, vue de l’exposition. Crédit Aliosha Alvarez]
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