Arcade Fire – The Suburbs
Win Butler a changé. Arcade Fire aussi. On avait laissé le groupe canadien il y a trois ans, avec le très complexe, parfois épuisant, « Neon Bible ». On était complètement passé à côté de ce disque. Surtout que « The Funeral », quelques années auparavant, avait présenté un groupe sur lequel on allait forcément compter dans les années à venir.
Comme l’explique Win Butler, chanteur et leader de la formation, après « Neon Bible » : « nous n’avions pas mesuré ce qui s’était produit sur notre premier disque, toute la pression qui avait été accumulée. Les trois années qui ont suivi la sortie de The Funeral ont été terribles… Nous étions pris dans un tourbillon ». Ce tourbillon s’était donc ressenti sur Neon Bible, album trop rigoureux pour être apprécié à sa juste valeur. Arcade Fire était devenu un groupe qui faisait de la musique un art abstrait, « bruyant », emphatique.
Pour ce troisième album, Win Butler n’a pas voulu reproduire les mêmes erreurs, préférant prendre son temps et profiter de la vie que de se précipiter dans un nouveau projet musical. De cette détente, « The Suburbs » a vu le jour. La banlieue. Toujours adepte du mystère et de l’événement, Arcade Fire a pris un malin plaisir a organiser des concerts sauvages, lâchant des dates de concert comme un secret qui se transmet de bouches à oreilles.
Pelouse fraîchement tondue
Une vieille maison en pierre, un théâtre, un parking de supermarché ont accueilli le groupe et des milliers de fans pour des concerts durant lesquels les privilégiés ont pu découvrir les titres d’un nouvel album qui se voulait différent, plus posé.
Dès la première écoute, il est évident que Arcade Fire a fait évoluer sa musique. Loin des envolées de « Neon Bible », « The Suburbs » est plus posé, plus discret, tout en restant très rock. Et l’album de bien porter son nom. Car si l’on peut comparer Neon Bible à une ville bruyante, en perpétuel mouvement, « The Suburbs » sent le calme, les grands espaces, la discrétion, les barbeucs entre voisins et la pelouse fraîchement tondue (toujours bien tondue…).
L’explication officielle de Win Butler ? « Quand j’étais plus jeune, avec un ami, Josh, nous voulions écrire un film de science-fiction dans lequel deux villes de banlieue s’affrontaient. Nous passions du temps sur ce projet, qui contenait beaucoup de nos rêves de jeunesse (…) Ce disque, c’est la bande originale d’un film qui n’existera probablement jamais. » Mais sous ses airs de cure de Prozac, « The Suburbs » n’en reste pas moins éminemment rock, comme un vilain garçon habitant un pavillon de banlieue.
Et Win Butler de conclure : « Je pense que dans vingt ans, The Suburbs sera moins caricatural que nos deux premiers disques. Les chansons sont plus universelles. C’est un album plus ouvert, moins rempli de certitudes. »
Florent Auray
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Arcade Fire « The Suburbs »
www.myspace.com/arcadefireofficial
Sortie le 2 août 2010
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