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Chopin : Les saisons d’un grand compositeur

11 décembre 2009
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Chopin

« Impulser, organiser, fédérer, et surtout labelliser », tel est le rôle qu’Alain Duault assigne au commissariat de l’année Chopin dont il a la charge. Composé d’artistes et de spécialistes, ce comité aura la lourde tâche de donner une cohérence musicale et historique à un événement largement alimenté par les institutions culturelles de tout bord. Signe, s’il en était besoin, de l’élan suscité par cette année particulière.

Comment s’organisera l’Année Chopin ?

Sur plusieurs niveaux. Pour ceux qui veulent approfondir leurconnaissance du compositeur, sont prévues des opérations comme la publication de l’intégralité de la correspondance de Chopin dont une édition critique et complète est en cours en Pologne, la parution de partitions inédites de Pauline Viardot, diva de son époque, et celles d’Auguste Franchomme, violoncelliste, ami de Chopin, qui l’aida à composer certainesde ses oeuvres pour violoncelle. Un colloque sera également organisé par la Bibliothèque polonaise de Paris en partenariat avec le Musée d’Orsay, consacré à « l’Héritage Chopin de 1831 à nos jours ». Pour les simples amateurs, on va tout faire pour que cette année 2010 ne soit pas réservée qu’aux mélomanes mais s’adresse à un large public. C’est justement un autre niveau d’approche des événements : développer l’amour de Chopin.

Pensez-vous qu’il soit méconnu ?

On est nombreux à avoir déjà entendu quelques-unes de ses pièces, à savoir que son grand amour était George Sand… Des manifestations comme « Bon anniversaire Monsieur Chopin » permettront de donner une vision complète de sa vie et de son oeuvre. Développer l’amour de Chopin, c’est aussi porter une attention particulière envers le jeune public.

Nous avons pensé proposer un livre-disque Chopin raconté aux enfants qui paraîtra dans l’année chez Sony, à partir d’un texte que j’ai écrit qui sera illustré et accompagné d’un CD de pièces interprétées par des artistes comme Arthur Rubinstein, Evgeny Kissin, Vladimir Horowitz, Jean-Marc Luisada…

D’autres manifestations s’inscrivent elles aussi dans cette perspective…

En effet. Je pense à la grande exposition « L’Atelier du compositeur » qui sera donnée à la Cité de la musique à partir de mars 2010 et qui conviera les spectateurs à une exploration de l’univers artistique de Chopin à partir d’enregistrements, de films, de tableaux, de correspondances, manuscrits et éditions rares conservés à la Bibliothèque nationale de France.

Les Folles journées de Nantes fin janvier seront aussi un temps fort. Ces deux manifestations seront reprises à Varsovie. Je pense aux « Fêtes romantiques de Nohant » dans l’Indre, où Chopin a beaucoup séjourné, chez sa muse l’écrivain George Sand. L’aménagement de la bergerie du domaine est prévu pour l’occasion. Bien entendu, il y aura toute une série de concerts à la Salle Pleyel et dans toute la France.

Revenons sur « Bon anniversaire Monsieur Chopin », la grande opération que vous avez impulsée, qui aura lieu les 27 et 28 février 2010 à Châteauroux et à Paris.

La veille du jour de naissance du compositeur… Le temps d’un week-end, plus de soixante pianistes, des « chopiniens » comme des jeunes talents, interpréteront l’intégrale de l’oeuvre pour piano, soit près de quinze heures de musique par jour divisées en séquence de 90 minutes en libre accès. Un vrai marathon musical… On commencera par la première Polonaise qu’il a composée pour terminer par la Mazurka écrite sur son lit de mort, à 39 ans. Au bout de ces quinze heures de musique, on aura entendu l’ensemble de son oeuvre présentée de manière chronologique. Chaque séquence sera précédée d’une lecture par Brigitte Fossey ou Pierre Arditi d’un passage racontant sa vie. Et tout cela sera filmé par France 3 et diffusé pendant trois mois au printemps prochain.

Et pour le public qui ne connaît pas Chopin, comment allezvous vous y prendre ?

Mon raisonnement est simple : j’aime Chopin, j’ai envie de le partager avec les autres et de le faire découvrir à ceux qui ne le connaissent pas. Je vais donc mettre en place des stratégies pour les attirer en enrobant la musique de Chopin d’événements médiatiques. On réfléchit à un grand « show » qui proposera des adaptations des musiques du compositeur, un peu comme l’avait fait Gainsbourg.

D’après vous, la musique de Chopin se prêterait facilement aux transcriptions ?

Le langage de Chopin reste très efficace. Sa manière de ramasser les émotions fortes dans des petites formes de deux ou trois minutes font que ses compositions ont traversé le temps et sont toujours d’actualité.

Et si vous l’entendiez sur un rythme de salsa?

Braquer les projecteurs sur des musiques qui « parlent » plus facilement au public d’aujourd’hui peut donner l’envie de découvrir l’original. Il s’agit de trouver des cheminements pour accéder à l’essentiel.

Êtes-vous prêt à prendre le risque de la critique ?

Je crois que toutes les manières de faire pour désenclaver la musique classique sont bonnes. Je voudrais lancer l’idée de camions itinérants sur lesquels serait installé un piano. Ils se poseraient dans les marchés, au carrefour des villes, et on ferait entendre du Chopin en direct… C’est une bonne manière de le rendre vivant.

Propos recueillis par Odile Lefranc pour le magazine Culture Communication.

A retrouver sur le site du magazine

Année Chopin : focus sur la société historique et littéraire polonaise

La « Bibliothèque Polonaise » c’est son nom usuel, est un Centre culturel à vocation franco-polonaise et européenne. Elle est située sur le prestigieux quai d’Orléans, sur l’île Saint-Louis, à Paris. Elle a sauvegardé depuis 1838 de précieux documents sur l’histoire de la culture polonaise et sur sa présence au sein du patrimoine intellectuel et culturel mondial. Le musée Adam Mickiewicz permet de découvrir l’univers littéraire de ce grand poète romantique et le musée Bolestaw Biegas présente les sculptures symboliste de l’artiste. La Bibliothèque abrite également un « salon Chopin ».

A l’occasion de la commémoration Chopin 2010, elle organise ou s’investit dans la présentation de récitals et de soirées littéraires, notamment un week-end marathon Chopin où sera joué, sur un de ses pianos, l’intégrale du musicien. Les interprètes seront de jeunes pianistes originaires des conservatoires de Berlin, Paris et Varsovie. « Cette intégrale aura la particularité d’être jouée selon son ordre chronologique de création », précise Danita Dubois, directrice de la Bibliothèque Polonaise.

Philippe-Denis Fée, pour le magazine Culture Communication.

A retrouver sur le site du magazine.

Retrouvez toutes les manifestations prévues pour l’année Chopin 2010

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