Mahler – Sixième Symphonie – Théâtre des Champs-Élysées
Le Philharmonia Orchestra est l’un des grands orchestres londoniens en tournée à Paris pour trois concerts exceptionnels. C’est dans les années soixante que le Philharmonia s’est familiarisé avec l’œuvre de Gustav Mahler, grâce à la présence de Otto Klemperer, un disciple du compositeur.
Lorin Maazel est un familier des symphonies de Gustav Mahler. En 1984, il avait réalisé l’enregistrement d’une intégrale pour CBS avec le Philharmonique de Vienne. En cette année du centenaire de la mort du compositeur, il entreprend au cours d’une importante tournée européenne une nouvelle intégrale en concert des symphonies.
La Sixième Symphonie, commencée en 1903 est achevée à la fin de l’été 1904, fut créée le 27 mai 1906 à Essen sous la direction du compositeur. L’œuvre lapidaire est à la fois chef-d’œuvre de logique et de passion.
L’orchestre imposant occupe la totalité du plateau. Les violoncelles sont à droite, ce qui ne se voit plus très souvent dans les plus grands orchestres internationaux.
Dès les premiers accords, l’unité s’impose. Peut-être l’entrée des trombones paraît-elle un peu pesante, mais cette question d’équilibre se rectifie très vite, l’orchestre prenant la mesure de l’acoustique d’une salle à laquelle il doit s’habituer. Lorin Maazel, malgré son âge (80 ans), est toujours vaillant – ce qui n’est plus le cas d’un ou deux chefs de la même génération vus récemment dans ce même théâtre. Il semble parfois conjurer les musiciens de son estrade, tout en conservant une certaine économie gestuelle et un certain détachement.
Le premier mouvement est interprété magistralement. Quel bonheur d’écouter une telle musique ainsi jouée !
Les tempi du chef américain sont plutôt lents (la durée totale de l’exécution de la symphonie dépassera les une heure trente-cinq minutes – il n’y a actuellement rien d’aussi long parmi les enregistrements disponibles). Les équilibres orchestraux sont magnifiques.
Le célèbre deuxième thème du premier mouvement, dit “thème d’Alma”, est joué dans une lenteur prodigieuse. Le souffle de l’orchestre occupe tout l’espace, et la tension dramatique est à son comble.
Les solistes, du premier violon au cor solo (très applaudi), sont excellents.
Le chef choisit d’interpréter le Scherzo en deuxième mouvement. Il y a une vieille controverse sur l’ordre des mouvements centraux (Scherzo et Andante). Elle date de Gustav Mahler lui-même qui semble avoir hésité. Lorin Maazel (à moins que ce soit l’habitude de l’orchestre) fait donc le même choix qu’un Boulez, par exemple, récemment ; en revanche, pas le même choix que Gergiev, très récemment, avec également un orchestre londonien, le LSO…
Le trio est à son tour exécuté d’une grande lenteur, et le chef développe un grand sens du détail.
Le magnifique Andante nous a permis d’entendre la très belle cohésion du quintette à cordes.
Le Finale, un des plus imposants du répertoire, rappelle l’esprit du premier mouvement, mais dans un caractère plus chaotique.
Nous avons droit à deux coups de marteau.
Lorin Maazel s’attache à faire ressortir l’aspect wagnérien de Gutav Mahler, et emporte l’adhésion du public qui applaudit à tout rompre l’orchestre britanique.
Laurent Torrès
A lire sur Artistik Rezo :
– la Septième Symphonie de Mahler
– la Cinquième Symphonie de Mahler
Symphonie n°6
Gustav Mahler
Phiharmonia Orchestra
Lorin Maazel direction
Vendredi 13 mai – 20h
Tarifs : 85, 65, 45, 30, 10, 5 €
Réservations : 01 49 52 50 50
Théâtre des Champs-Élysées
15 avenue Montaigne
75008 Paris
M° Alma-Marceau
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