Du 24 octobre au 29 novembre 2014
Depuis le début des années 70, Arno Rafael Minkkinen construit une œuvre photographique dont il est le principal sujet : son corps nu (ou plus souvent une partie de son corps) vient prendre place dans le paysage pour réaliser avec lui une composition étrange, une fusion inattendue.
Ces photographies sont réalisées sans trucage et généralement sans assistance : Minkkinen met son appareil photo sur pied, choisit un cadre et imagine la pose qu’il y prendra. C’est ensuite dans les secondes égrenées par son retardateur qu’il va se mettre en place et attendre le déclenchement.
Chaque photographie est un défi, une performance artistique mais aussi physique. Les positions qu’il prend face à l’objectif évoquent la maîtrise d’un danseur ou d’un yogi (certaines sont même périlleuses). Leur beauté plastique est sublimée par la poésie d’une situation improbable, comme surgie d’un rêve, défiant le sens visuel.
Dans nombre d’images, Minkkinen semble incarner un esprit des eaux et des forêts. Son apparition dans le paysage est à la fois discrète et spectaculaire. On l’imagine silencieuse et furtive. La photo reste comme une preuve de cette étonnante rencontre.
Ses photographies sont une célébration, une réconciliation du corps et de la nature. L’intime exposé en toute confiance aux éléments. La fragilité de la peau mise à l’épreuve de la neige, du froid, des roches et de l’eau.
Minkkinen mentionne dans ses textes l’expérience inoubliable de fusion avec la nature que permet la nudité. La dimension érotique est certes présente, mais c’est d’abord une proximité essentielle, archaïque, entre le corps et les éléments qu’il recherche.
Se coulant dans le paysage, il se fait parfois démiurge et semble le modeler : dans ses bras recourbés, il englobe l’horizon, sa main enserre les nuages ou un bouquet d’arbres, ses doigts créent une colline.
Minkkinen n’est pas toujours seul dans ses autoportraits : il entraine parfois sa femme, son fils, une amie, dans cette communion sensuelle avec la nature.Sa présence est alors celle d’un esprit bienveillant, qui soutient, protège, met en valeur la beauté de son partenaire.
Cette question de la beauté est primordiale. Minkkinen est né avec un bec de lièvre et sa mère manifesta un sentiment de rejet à son égard. Là réside sans doute l’une des clés de son œuvre, dans laquelle il n’a de cesse d’interroger sa propre apparence et de la confronter à la beauté du monde.
[Visuel : Arno Rafael Minkkinen; Source : communiqué de presse]
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