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MIA Art Fair, l’épicentre de la photographie en Italie : entretien avec Lorenza Castelli

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MIA Art Fair, l’épicentre de la photographie en Italie : entretien avec Lorenza Castelli Le 12 mai 2014

Du 23 au 25 mai, la MIA Art Fair ouvrira à Milan les portes de sa 4e édition et réunira 180 galeries italiennes et internationales autour de solo shows, un choix permettant de mieux cerner le travail de ces artistes jeunes ou confirmés. AMA a rencontré sa directrice, Lorenza Castelli.

Pouvez-vous nous présenter la foire ?

Notre spécificité est de présenter uniquement des solo shows, un concept que nous avons mis en place dès la naissance de MIA. L’objectif est de donner la possibilité aux visiteurs de mieux comprendre le propos d’un artiste et de véritablement rentrer dans son univers. Il est vrai que les stands sont petits : 12 m2 pour la grande majorité, certains pouvant atteindre les 16m2.

Nous avons aussi comme concept assez novateur une section dédiée à des artistes qui ont entre 20 et 25 ans et qui sont présentés seuls, sans galerie. Ce sont des artistes sélectionnés par un comité scientifique — comme tous les autres stands —, à qui nous offrons l’opportunité de rencontrer des galeries. Nous avons déjà constaté que 50 % des artistes qui exposent dans cette section reviennent dans les éditions suivantes présentés par la galerie qu’ils ont rencontrés sur la foire.

Cette idée de présenter des artistes qui n’ont pas encore de galeries est une nouveauté ou c’est quelque chose qui existe depuis les débuts ?

Cette section a été créée dès les débuts de la foire. C’est une belle initiative !

Et avec le background de mon père qui est également collectionneur de photographies, cela a été l’occasion de donner une réponse à beaucoup d’artistes qui étaient demandeurs et ne trouvaient pas de solution pour donner une visibilité à leur travail, pour exister sur le marché. Nous leur offrons une opportunité, une vitrine, alors qu’il est clair qu’ils ne peuvent pas poursuivre une activité professionnelle sans les galeries.

Quel bilan tirez-vous de ces rencontres après les trois précédentes éditions ? Il y a eu beaucoup de « mariages » ?

Oui, chaque année, environ dix ou douze de ces artistes intègrent une galerie grâce à cette présentation.

Il y a-t-il eu des surprises ? Des artistes qui sont devenus importants depuis ?

Oui, nous pouvons citer par exemple Giulia Marqui, Gianna Spirito, Francesco Bosso, Alessandro Belgiojoso, Mario Daniele…
Le prix des stands pour les galeries et pour les artistes est-il différent ?
Non, il est identique, 3.200 euros.

Il y a-t-il d’autres foires dédiées à la photographie en Italie ?

Non, nous sommes uniques.

C’était une nécessité, il y avait un réel besoin ?

Oui, lorsque nous avons créé la foire, il y avait un vide dans le marché de l’art, un besoin que nous avons comblé. Et c’est pour cela que nous avons remporté un réel succès dès la première édition. La photographie est sans aucun doute un des médiums de l’art contemporain qui connaît une réelle croissance, un médium plus immédiat, et également transversal, qui touche aussi bien le grand public néophyte que les passionnés d’art contemporain. Nous avons participé à l’émergence d’un ensemble de jeunes collectionneurs de photographie qui ont autour de la quarantaine et sont intéressés par l’art. La photographie est une porte d’entrée pour commencer à collectionner. Ensuite, ils peuvent accéder et s’intéresser à d’autres médias comme la sculpture ou la peinture.  La photographie est plus facile et plus accessible financièrement.

Quelle est la fourchette de prix des œuvres qui sont présentées sur les stands ?

Les prix sont compris entre 1.500 euros et 20.000 euros.

Il y a-t-il seulement de jeunes artistes ou également des artistes historiques ?

À 20.000 euros, nous sommes en présence d’artistes déjà confirmés. Nous avions l’année dernière Liu Bolin qui a très bien marché, et nous ne pouvons pas dire qu’il soit un artiste émergent.

La majorité des galeries viennent d’Italie ?

Je dirais que 70 % sont italiennes et 30 % étrangères. Nous avions plus de galeries étrangères aux débuts, mais la crise économique au niveau international nous a pénalisé. Le marché de l’art est en crise et nous en avons subi les conséquences.

Quelle est la fréquentation ?

Nous avons reçu l’année dernière 20.000 visiteurs, et nous en espérons cette année 25.000. Ce chiffre est en augmentation constante chaque année.

Le niveau de vente est bon ?

Les galeries sont assez contentes, les ventes sont bonnes aussi bien chez les galeries que chez les artistes, en sachant que certains s’en sortent un peu moins bien.

Quelles sont les galeries les plus importantes cette année ?

La galerie Continua et Paci Contemporary, toutes les deux de niveau international la galerie Ermanno Tedeschi, la galerie Iragui, la galerie Alberto Peola Arte Contemporanea, la galerie de Clara Maria Sels, la galerie Podbielski Contemporary et Photomarketing, 990 Faces, toutes les deux de Berlin, une galerie russe, la Savina Gallery… Il y a des galeries suisses, belges…

En ce qui concerne le marché de l’art italien, est-ce que les galeries de photographies sont-elles concentrées dans certaines villes ou pas ?
Non, Rome, Turin, Milan… Elles sont réparties sur tout le territoire italien, il n’y a pas une ville qui est plus associée à la photographie qu’une autre. Nous avons un bon vivier d’artistes et les galeries sont aussi nombreuses.
Est-il possible de définir une caractéristique de la photographie italienne ?
Il est évident que la place du paysage est très importante, comme à travers les photographies de Giacomelli ou de Fontana : ils sont des témoins de notre territoire, de notre patrimoine. Le territoire est véritablement un point d’ancrage, ces paysages magnifiques ont particulièrement inspiré les artistes, mais je ne dirais pas qu’il y a un langage photographique spécifiquement italien.

Les musées, les institutions soutiennent les artistes italiens ?

Non, on ne peut pas dire cela, mais nous avons des exemples heureux au niveau local, le musée de la photographie contemporaine de Cinisello Balsamo (près de Milan) propose de belles expositions comme cet hommage l’année dernière à Gabriele Basilico peu avant sa disparition, ou celle de Luigi Ghirri au MAXXI à Rome également l’année dernière, qui a circulé ensuite et vient de fermer ses portes le 13 avril 2014 à l’Instituto Moreira Salles à Rio de Janeiro. Nous avons un festival de photographie de Reggio Emilia qui s’appelle Fotografia Europea – dont le lancement a eu lieu le 2 mai dernier – qui promeut la photographie européenne, mais il soutient particulièrement la photographie italienne. C’est un très beau rendez-vous pour la photographie.

Parmi les projets, la foire s’internationalise et s’exporte à Singapour cet automne. Pourriez-vous nous en parler ?

Oui, la première MIA Fair in Singaporese tiendra du 23 au 26 octobre 2014 au Marina Bay Sands Exhibition Centre. Le choix de ce moment dans le calendrier est lié au Singapore International Photography (SIPF), un festival qui se tient tous les deux ans (septembre-octobre 2014). Lors de la dernière édition, plus de 50.000 visiteurs sont venus. C’est un territoire fertile du point de vue de la photographie et de l’art contemporain. Le gouvernement investit également beaucoup dans la culture, et c’est pour toutes ces raisons que nous avons décidé de nous exporter à Singapour.

Nous réunirons environ 60 galeries pour créer une plateforme qui accueillera des artistes et des galeries venues d’Europe, des États-Unis et d’Asie, le tout réparti de façon égale.

Le modèle de la foire sera le même qu’à Milan avec une section présentant des artistes sans galeries ?

Oui, nous reprenons ce principe et maintiendrons le pourcentage d’environ 10 % d’artistes exposés sans galeries. La taille des stands également sera comparable (entre 12m2 et 24 m2), mais nous ne trouvons pas pertinent de maintenir le principe des solo show, les stands seront ouverts à plus d’artistes.

Une réelle innovation pour la foire de Singapour sera d’intégrer une partie sur le design. Nous parlons ici de design de collection et pas d’objets commerciaux. Nous souhaitons mobiliser des galeries de design, dans le même esprit que Miami ou Bâle qui ont développé ce secteur. L’idée est d’associer la photographie à l’objet de design, car nous savons qu’il y a une grande sensibilité à cela sur le marché de Singapour.
Milan est aussi une ville importante pour le design, ce qui peut ainsi également donner du sens.

Oui, c’est vrai, mais nous voulons être une foire internationale et ne pas être enfermés avec une étiquette « Italie ».

À combien s’élèvent les taxes à Singapour ?

Elles sont très basses. Singapour est un port franc, donc les œuvres entrent sans être taxées, il faut s’acquitter d’une TVA de 7 % sur la vente des œuvres d’art.

Et en Italie, quel est le taux de TVA ?

Il est de 22 %.

Le marché de la photographie est plus jeune en Asie qu’en Europe. Est-ce que ce n’est pas un frein ?

Nous devrons faire un travail de sensibilisation : nous avons prévu un programme de conférences pour expliquer les règles du marché de la photographie, attirer l’attention sur le nombre des éditions, aux tirages…
En Asie, l’art est avant tout pictural, mais il est vrai que les nouvelles générations sont beaucoup plus intéressées par la photographie, c’est pourquoi il y a un grand développement de ce médium avec de nombreux artistes émergents.

Y a-t-il un autre point important à souligner ?

Oui. Nous promouvons cette année avec notre sponsor Lavazza six artistes émergents ou qui ont des projets spécifiques. Ils seront présentés sur la foire et sélectionnés par trois commissaires d’exposition. Ce projet s’appelle Café artistique.

Nous avons également mis en place une lecture de portfolio que nous avons appelée « Codice MIA » et qui a l’originalité de demander à des collectionneurs et des responsables de collections privées ou d’entreprises de faire la lecture : c’est une chose unique au niveau mondial. Nous avons Patrizia Sandretto ReRebaudengo, Rudy Bianchi, les collectionneurs américains Joe Baio, Alice Zimet, et Rudi Bianchi, la responsable de la collection de la DZ Bank Art de Frankfort Janina Vitale, celle de la collection de la Deutsche Börse Anne-Marie Beckmann, la directrice de la collection de la JP Morgan Chase Lisa K. Erf… 45 photographes peuvent participer à cette lecture innovante.

Comment se fait la sélection ?

Tous les artistes en milieu de carrière peuvent postuler, et la sélection est faite par notre comité scientifique composé de Fabio Castelli et d’Enrica Viganò.

Art Media Agency

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