Meredyth Sparks – Accordion – galerie Frank Elbaz
Avec ces œuvres récentes, Meredyth Sparks poursuit sa recherche plastique autour du concept d’extraction, une technique qu’elle n’a pas cessé d’affiner au cours des dernières années. L’extraction telle que l’entend l’artiste consiste à isoler l’image préexistante et en retrancher certaines parties, signalant ainsi un “original” absent. Au lieu d’une addition de formes, l’extraction procède par soustraction, un peu à l’inverse du collage. Elle reconfigure l’image existante et confère aux composantes les plus figuratives du champ photographique les propriétés matérielles d’un objet artistique. Les œuvres qui ont pour point de départ une toile laissent souvent entrevoir le châssis, le mur et les jeux d’ombre et lumière. Tout, ici, contribue à évoquer une quête phénoménologique de ce qui se trouve « derrière » ou « sous » l’espace du tableau, dans un va-et-vient entre trompe-l’œil et abstraction, entre reproduction et invention.
Beast of Burden, l’œuvre maîtresse de l’exposition, restitue en photogrammes vidéo pixélisés l’interprétation de la chanson des Rolling Stones Beast of Burden par Bette Midler à l’émission de variétés Johnny Carson Show, un soir de 1983.
La prestation de Bette Midler se déploie sur douze panneaux, figeant ses contorsions burlesques dans une suite d’images arrêtées. Les photogrammes découpés en damier répondent directement aux images en trompe-l’œil visibles au dos de la cloison pliante, qui est en l’occurrence un modèle en bois à usage domestique : un objet d’ameublement s’imbrique avec le spectacle donné par Bette Midler.
Des paravents « mous » dialoguent avec Beast of Burden. Meredyth Sparks les a détachés des barres de châssis auxquelles ils étaient solidement cousus. Ces paravents mollement accrochés au mur ressemblent à des vêtements ôtés. L’oscillation entre le dur et le mou, qui s’inscrit dans la démarche minutieuses de l’artiste, renvoie à la nature historiquement féminine des travaux domestiques. La cloison pliante et les formes molles font penser aussi à un accordéon dont les soufflets souples s’emplissent d’air et se dégonflent au gré des mouvements manuels pour émettre des sons en continu.
Le titre de l’exposition, « Accordion » , souligne la capacité de la cloison pliante à s’étirer et se contracter physiquement, en modifiant l’agencement de l’espace. « Accordion » résume aussi en lui le caractère dilatablerétractable de la vision, qui recompose le réel par un recadrage continuel du banal.
Meredyth Sparks – Accordion
Du 2 février au 30 mars 2013
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Vernissage de l’exposition le 2 février de 17h à 21h
Galerie Frank Elbaz
66, rue de turenne
75003 Paris
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