Mémoire de Fanny Crapanzano sur le Street Art et le Graffiti
Mémoire de Fanny Crapanzano sur le Street Art et le Graffiti |
Sujet protéiforme et riche, l’art urbain a su capter l’attention des universitaires et devenir ainsi l’objet d’étude d’historiens de l’art, de sociologues ou encore d’urbanistes. Entrepris dans le cadre d’un master en management culturel à l’Université Paris Dauphine par Fanny Crapanzano, le mémoire « L’Art urbain : enjeu de société du XXIe siècle ? » se veut proposer une réflexion sur la question de la reconnaissance et de la légitimation de l’art urbain en France par des instances diverses.
« En démocratie, l’artiste original, le novateur, doit souvent faire face à l’indifférence ou à l’intolérance du public, à l’ignorance des gens hauts placés, à l’ironie des artistes conservateurs, à la paresse de la critique, à l’aveuglement ou à la timidité des acheteurs privés et des musées » [1]. Cette sentence prononcée en 1943 par Alfred Barr semble aujourd’hui plus que jamais d’actualité. Ainsi, des années durant, les artistes de rue ont été décriés, accusés de souiller et vandaliser l’espace sacrosaint de la cité. Les autorités grondent alors que les élites de la sphère artistique officielle usent de toutes les vilenies pour déprécier une forme de création qui leur est profondément étrangère. Au premier chef de ces calomniateurs, Wim Crouwel, directeur du musée Boymans van Beuningen de Rotterdam pour qui « Tout comme un chien qui marque son territoire en pissant à droite et à gauche, ces artistes projettent avec une grande précision de la peinture là où il leur reste un peu d’espace » [2]. Pour le moins violent, ce réquisitoire se veut englobant : ce n’est pas un type de créateur plus qu’un autre qui est visé, mais l’ensemble des acteurs de la scène urbaine susceptibles d’intervenir sur les murs de propriété publique comme privée, street artistes comme graffeurs. L’avenir donnera tort à ces diatribes : aujourd’hui, l’art urbain est partout. Acteur fort du marché de l’art, chouchou des collectionneurs, sujet d’articles et de livres signés de la main d’historiens de l’art de renom (Paul Ardenne), thème de colloques, héros de films (Vandal, Hélier Cisterne, 2013), l’art urbain fait également son apparition dans les jeux vidéos (Ariz dans Devil May Cry, 2013), sur les chaussures, tee-shirts et autres accessoires de mode. Cette forme de création par nature éphémère qui s’est imposée de part et d’autre, non plus seulement sur les murs des villes qui l’ont vu apparaître, semble désormais en passe de devenir le mouvement artistique fort de ce siècle sinon un nouvel enjeu de société central pour l’avenir. Ce travail de recherche se présente comme une analyse des récentes étapes de cette marche vers une reconnaissance officielle et globale. Amorcée depuis des années, celle-ci semble avoir récemment accéléré son pas, à la faveur d’événements et autres initiatives impulsées par des personnalités multiples. Élus municipaux, associations, institutions muséales, collectionneurs, galeristes, maisons de ventes aux enchères et maisons de luxe ont contribué, chacun à sa façon, à placer le nouveau siècle sous le signe de l’art urbain. Aperçu des différents champs d’étude :
Le secteur privé face à l’art urbain : une forme artistique par nature anti-institutionnelle devenue sujette à passion et une source de revenus féconde :
Notes 1 – Citation reprise dans l’article « Le MoMA à l’avant-garde », Le Monde Magazine, 24 octobre 2009 (originellement in BARR A., « La peinture moderne, qu’est-ce que c’est ? », New York, 1943, trad. fr. RMN 1993, épuisé) [Crédits photographiques : © Vanessa Humphries] |
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