Marie Laurencin – musée Marmottan
Sa redécouverte permettra, plus de cinquante ans après sa mort et pour célébrer le cent trentième anniversaire de sa naissance, de redonner sa place, longtemps occupée sur la scène artistique parisienne, à celle dont Matisse disait : « Au moins, en voilà une qui n’est pas qu’une fauvette ».
Enfant naturelle, élevée non loin de Montmartre par une mère couturière exigeante et silencieuse, Marie est brièvement formée à l’Académie Humbert où Georges Braque est son condisciple. Henri-Pierre Roché l’encourage. Bientôt, elle fréquente le Bateau-Lavoir et Picasso la présente en 1907 à Wilhelm de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire.
Immédiatement André Salmon, Le Douanier Rousseau, Max Jacob, Gertrude Stein l’adoptent avant le grand Jacques Doucet, Paul Poiret et sa soeur Nicole Groult. « Prise au piège entre les fauves et les cubistes », Laurencin, vingt-cinq ans en 1908, séduit d’abord par l’originalité de ses points de vue, son timbre et sa conversation. Mais, défendue par Apollinaire, elle s’impose rapidement au Salon et participe à la Maison cubiste, comme à l’Armory Show à New York. Cette période qui reste la plus singulière, démontre un sens inné du portrait classique et une modernité soutenue par une palette en camaïeux de gris, bleus et ocres, cernés de noirs.
Après un douloureux exil de quatre ans en Espagne pendant la Grande Guerre, Marie Laurencin, divorcée d’un peintre allemand francophile, Otto Van Wätjen, s’affranchit durant « les années folles » et vit très librement au sein de l’Ecole de Paris pendant la période Art Déco. Le marchand Paul Rosenberg lui signe un contrat et contribue par ses expositions à sa notoriété. Son tropisme naturel l’inclinant vers une grâce féminine non dénuée de saphisme lui inspire une peinture de chevalet toute « laurencine », qui s’inscrit avec élégance et intensité dans l’art décoratif de son temps. Elle est alors la portraitiste très prisée d’une société choisie où règnent la Baronne Gourgaud, la Comtesse Etienne de Beaumont ou Lady Cunard, entourées d’amis masculins dont le brillant Jean Cocteau. Ses amitiés lui inspirent en particulier de nombreuses variations comme autant d’autoportraits autour d’un éternel féminin : rondes de jeunes filles aux effigies intemporelles qu’elle pare volontiers de perles ou de fleurs. Dans sa maturité, Marie Laurencin préfère la compagnie des écrivains à celle des peintres dont elle admire avec trop de modestie l’éclatante réussite. Jusqu’au soir de sa vie, elle continue à réinventer un monde de rêveries dont la fraîcheur élégiaque est la plus poétique des qualités.
Parmi les quelques quatre-vingt-dix oeuvres rassemblées au musée Marmottan Monet, une large majorité provient du musée que les mécènes japonais, M. Takano et son fils M. Yoshizawa, lui ont consacré depuis une trentaine d’années près de Tokyo. Nos amis nippons, en raison de leur sensibilité propre et de leur francophilie légendaire, ont été les premiers à avoir de Marie Laurencin, après sa disparition en 1956, une appréciation aussi fine. Ils ont su acquérir les oeuvres les plus abouties du peintre, relevant l’évolution subtile de sa facture et de son chromatisme au fil de cinquante ans de peinture. Plusieurs musées et collectionneurs français ont permis de compléter ce panorama aussi séduisant qu’emblématique de cette oeuvre qui participe pleinement du génie français au xxe siècle.
L’exposition Marie Laurencin que présente le Musée Marmottan Monet est la première à être organisée par un musée français. Elle réunit, sous le commissariat de Daniel Marchesseau, quatre-vingt-douze oeuvres (soixante-douze peintures et vingt aquarelles) principalement de sa meilleure période 1905-1935. Une grande majorité provient des collections du musée Marie Laurencin au Japon complétée par des prêts essentiels accordés par les principaux musées français et quelques collectionneurs privés. Cette exposition est un juste hommage – longtemps attendu – à l’une des artistes les plus attachantes et les plus raffinées de la peinture française de la première moitié du xxe siècle. Elle est aussi un témoignage éclatant de l’aventure moderniste de l’époque.
Marie Laurencin 1883 – 1956
Du 21 février au 21 juillet 2013
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 20h
Plein tarif : 10 euros
Tarif réduit : 5 euros
Moins de 7 ans : gratuit
Musée Marmottan
2, rue Louis-Boilly
75016 Paris
M° La Muette
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