Madelyn Ann : la pop qui fait vibrer le breton !
Madelyn Ann © Gweza
À travers une musique à la rencontre de la pop et du rock atmosphérique, Madelyn Ann est une artiste qui a choisi de s’exprimer principalement en breton. Sa voix douce et puissante donne à la langue bretonne des sonorités anglaises ou scandinaves qui nous transportent et nous font rêver. Grâce à ce nouvel album intitulé “Lies” qui doit son nom aux belles surprises qu’il nous réserve avec “It’s Over”, un titre fort dans la langue de Shakespeare, mais aussi avec “Jusqu’au bout”, belle déclaration d’amour à l’énergie rock, écrite dans la langue de Molière, un nouveau champ des possibles s’ouvre.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire de la musique ?
Mes parents écoutaient beaucoup de musique dans des styles diamétralement opposés : variété française pour ma mère (Céline Dion, Balavoine) et rock-punk pour mon père (The Cure, Bérurier noir), ça bataillait pas mal à la maison à ce sujet. J’ai grandi avec cette double influence et cela m’a vraiment donné envie de faire de la musique.
À ta manière, tu fais le pont entre vos influences bretonnes et d’autres plus anglaises. Quels sont tes artistes de référence ? Ceux qui t’ont influencée ?
J’ai commencé à chanter en reprenant des icônes comme Kate Bush, Sinéad O’Connor par exemple. Quand j’ai appris le breton, j’ai eu envie de chanter dans cette langue mais pas de façon traditionnelle car ce n’est pas mon univers. Alors j’ai cherché et j’ai écouté du Sinéad chantant en irlandais. J’ai découvert une artiste qui s’appelle Gwenno et qui fait de la pop en Cornique, ou encore le groupe de filles Adwaith qui chante en gallois sur de la musique rock un peu cold wave. C’est vraiment ça que j’avais envie de faire. De la musique pop-rock mais en langue bretonne. Ça apporte une autre sonorité à la langue et c’est ce que j’aime.
Comment composes-tu les morceaux ? C’est la musique qui arrive en premier ou les paroles ?
Les deux mon capitaine ! J’ai des idées de mélodie avec des paroles que j’enregistre a cappella et Gaëtan et Olivier vont venir créer une musique autour ça. Ou l’inverse, ils ont des idées d’instru qu’ils m’envoient et je viens chercher une mélodie et des paroles à partir de ça.
Le choix de chanter la plupart des morceaux en breton est un vrai défi ou une évidence ?
Plutôt un défi car j’aime prendre des risques dans la vie et je n’ai pas envie de faire comme tout le monde.
Est-ce que chanter en breton te permet d’aborder des thèmes que vous n’auriez pas osé aborder en français ?
C’est vrai. Je n’aurais peut-être pas assumer de chanter Chom Ennon qui signifie “Reste en moi” en français…
Chanter en breton est un véritable engagement. Ne crains-tu pas de te couper d’une partie d’un potentiel public ?
Je me rends compte que ce n’est pas servir les causes qui me tiennent à cœur (le féminisme, l’écologie) parce que justement, je prive une partie de mes auditeurs et futurs auditeurs à la compréhension d’un message que je souhaite faire passer dans ma musique. C’est pourquoi j’ai écrit Jusqu’au bout, une chanson d’amour en français, c’est un peu mon “message personnel” comme Françoise Hardy en son temps.
Jusqu’au bout, unique titre en français de ce nouvel album, pourrait ouvrir des portes…
Je trouve dommage que ce ne soit pas les chansons en breton qui ouvrent des portes au niveau national. Mais nous sommes tributaires d’une politique qui cloisonne malheureusement les langues régionales aux portes de leurs frontières. Cependant, je suis très fière de cette chanson en français, elle illustre la poésie que j’aime mettre dans mes chansons et je serais très émue de l’entendre sur les ondes nationales.
Les thèmes que tu abordes dans tes chansons tels que l’amour, la place des femmes et l’écologie sont-ils le fruit d’expériences personnelles ?
Oui. Parce que je suis une femme et que j’habite à la campagne. J’ai vécu des moments douloureux et humiliants dans certaines relations amoureuses ou professionnelles avec les hommes. Je milite pour le droit des femmes dans mes chansons, et je trouve aussi dommage qu’il n’y ait pas plus de femmes sur scène. En ce qui concerne l’écologie, c’est ma façon de vivre au quotidien que d’essayer d’avoir le moins d’impact sur mon environnement naturel, et c’est donc important pour moi d’en parler dans mes chansons.
En anglais “Lies” signifie mensonge. En breton ça signifie multiple. Doit-on y voir un double sens ?
Tout à fait. “Multiple” car il est écrit en plusieurs langues et qu’il est le fruit de nos multiples influences. Le mensonge car certaines chansons abordent ce thème en ce qu’il peut représenter de toxique dans une relation amoureuse (Saotred), pour la préservation de l’environnement (Gwenan Marv) ou encore de dangereux en ce qui concerne la guerre (Sell).
Quelles sont tes ambitions avec ce nouvel album ?
Être entendue du plus grand nombre. Dépasser les frontières bretonnes et défendre notre musique et nos valeurs sur scène, aussi loin que notre ferveur et notre ambition nous emmèneront.
Entre guitares aériennes, nappes de synthé et batteries percutantes, qui oscillent entre pop, rock et ambient, LIES se révèle addictif au fil des écoutes.
Interview réalisée par Juliette Labati
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“LIES” : le nouvel album de Madelyn Ann disponible le 7 février
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