Liberté pour la littérature chinoise ! – Palais de Tokyo
« Liberté pour la littérature chinoise ! » prend son point de départ dans la tribune éponyme signée par le poète dissident Liao Yiwu, parue dans Le Monde du 11 décembre, en faveur de son ami Li Bifeng, condamné à 12 ans de prison. La visite nocturne, le 28 décembre 2012, d’un groupe de dissidents chinois à l’épouse du prix Nobel Liu Xiaobo, assignée elle-même à résidence, a montré l’engagement croissant des intellectuels chinois et propulsé au premier plan le débat sur la censure.
A l’initiative de Marie Holzman, sinologue, et de Jean-François Bouthors, éditeur et écrivain.
Responsable du projet, Vittoria Matarrese.
A Li Bifeng, Ai Weiwei, Liu Xiaobo et les innombrables prisonniers de conscience en prison
Parce qu’ils ont écrit et parlé, ils ont été enfermés entre les quatre murs d’une prison. Je suis leur collègue. Je me suis évadé de Chine et je me retrouve enfermé dans une prison invisible. Tant qu’ils n’obtiendront pas la liberté, je ne saurais trouver la paix intérieure.
Liao Yiwu
Liao Yiwu, Li Bifeng, Liu Xiaobo, Ai Weiwei : un même combat pour la liberté !
Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, quelques heures avant que l’armée n’ouvre le feu sur les étudiants qui réclamaient des réformes démocratiques, place Tian’anmen, l’écrivain Liao Yiwu composait Massacre, dans une sorte de transe poétique prémonitoire.
Pour avoir diffusé cette élégie, et pour avoir ensuite, avec quelques amis, réalisé et interprété Requiem, un film en hommage aux victimes de la répression, il a été arrêté le 16 mars 1990, et condamné à la prison dont il n’est sorti qu’en janvier 1994. Il a commencé, en prison, à rédiger ses « mémoires[1] ». Les autorités chinoises ont confisqué à plusieurs reprises ce texte à son auteur qu’elles ont menacé d’un nouvel emprisonnement s’il était publié à l’étranger. C’est pourquoi Liao Yiwu s’est résolu à fuir clandestinement son pays en 2011.
Depuis qu’il est arrivé à Berlin, Liao Yiwu n’a cessé de s’engager pour défendre les droits de l’homme en Chine.
Il a lancé, en décembre dernier un appel en faveur de l’écrivain Li Bifeng, publié dans Le Monde sous le titre « Liberté pour la littérature chinoise ».
Li Bifeng a été condamné le 19 novembre dernier à douze années de détention. Liao Yiwu avait fait sa connaissance dans la prison N°3 du Sichuan fin 1992. Condamné officiellement pour « malversation », Li Bifeng est en fait soupçonné d’avoir aidé Liao Yiwu à quitter la Chine. On lui reproche également la constance de son engagement pour la liberté et la démocratie. Li Bifeng a, en outre, passé sept années derrière les barreaux entre 1997 et 2004, pour avoir informé des médias étrangers et une organisation chinoise de défense des droits de l’homme d’un mouvement social dans la ville de Mianyang.
Son sort est à rapprocher de celui qui a été réservé à l’écrivain Liu Xiaobo, ami de longue date de Liao Yiwu, emprisonné depuis décembre 2008, et condamné à 11 ans de prison pour « incitation à la subversion du pouvoir d’État », pour avoir été, comme Liao Yiwu, l’un des quelques 300 intellectuels chinois signataires de la Charte 08 – un manifeste appelant à la mise en œuvre de réformes démocratique en Chine. Liu Xiaobo s’est vu décerner le prix Nobel de la paix en 2010.
De toute évidence, les autorités chinoises sont plus déterminées que jamais à faire taire les voix dissidentes, et en particulier celle des créateurs, comme l’a montré le sort réservé à l’artiste et architecte Ai Weiwei, également signataire de la Charte 08. Il est aujourd’hui dans l’attente d’un procès pour « évasion fiscale », après avoir été tout d’abord tabassé par la police chinoise en 2009[2], puis détenu pendant 81 jours en 2011 dans un lieu secret où il a été soumis à de fortes pressions physiques et psychologiques. Cela n’a pas empêché Ai Weiwei d’exprimer son soutien à l’appel de Liao Yiwu pour Li Bifeng.
Marie Holzman et Jean-François Bouthors
Co-directeurs de la collection « Les moutons noirs » chez François Bourin Editeur.
[1] Ce texte, publié en français sous le titre Dans l’empire des ténèbres, parait ce mois de janvier 2013 chez François Bourin Éditeur, dans la collection « Les Moutons Noirs ».
[2] Cette agression était une « réponse » au travail qu’il avait accompli en mémoire des victimes du tremblement de terre du Sichuan en 2008.
Liberté pour la littérature chinoise !
Jeudi 17 janvier à 19h au Palais de Tokyo, rencontre avec Liao Yiwu.
En présence de Robert Badinter, ancien garde des Sceaux, ancien président du Conseil constitutionnel.
La rencontre sera animée par Pierre Haski, président de Rue89.
Palais de Tokyo
Niveau 2 – Balcon
13, avenue du Président Wilson
75116 Paris
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