Les marchés de l’art français et chinois analysés lors d’Art Paris Art Fair
Les marchés de l’art français et chinois analysés lors d’Art Paris Art Fair Le 31 mars 2014 |
La dernière conférence du cycle organisé par Art Paris Art Fair s’intitulait « France-Chine : Le marché de l’art contemporain », proposant un large panel d’intervenants avec l’objectif de comparer les scènes artistiques des deux pays. Modérée par Guy Boyer, Rédacteur en Chef de Connaissance des arts, la discussion a également permis de découvrir les points de vue de Frédérique Lecerf, artiste et curatrice indépendant pour le projet Dans Quelle Vie Tu Monde(s)? (DVQTM), Céline Moine, journaliste pour Art Market Insight, Stefano Moreni, directeur du département d’art contemporain chez Sotheby’s France et Christine Vial Kayser, curatrice indépendante et historienne de l’art.
Céline Moine apporta à cette occasion un grand nombre de statistiques, mettant en lumière, qu’en termes de ventes totales, la Chine dépasse les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France depuis 2010 une position qui illustre la dynamique du marché local. La conversation s’est par la suite rapidement orientée vers les préférences des acheteurs Chinois. Tandis que l’assistance était désireuse de savoir si les artistes français étaient recherchés par les collectionneurs chinois, Celine Moine expliqua que, tandis que des artistes chinois font partie des artistes les plus vendus en 2013, la grande majorité d’entre eux ont eu un lien avec la France. Dans quatre des cinq ventes chinoises les plus importantes, l’artiste concerné a étudié en France, et, malgré cela, les collectionneurs Français montrent un intérêt bien plus grand pour l’art chinois que les amateurs chinois pour les artistes Français. Sur une même période, alors que des collectionneurs Français dépensaient 70 millions de dollars pour des œuvres d’artistes chinois, les collectionneurs chinois n’investissaient que 10 millions de dollars dans les travaux d’artistes français. Stefano Moreni se chargeait quant à lui d’aborder les récentes ventes de Sotheby’s à Pékin et Hong Kong, dont la dernière a réalisé un total de 150 millions de dollars, démontrant une nouvelle fois la santé du marché. L’expert aborda également la montée en puissance de Shanghai sur le marché de l’art, une ville où Sotheby’s propose des ventes « échantillons », présentant un mélange de bijoux, œuvres d’art, céramiques et vins. Stefano Moreni mentionna également le manque relatif d’œuvres disponibles sur le marché chinois, dû en partie aux événements qu’a connu le pays au XXe siècle. Par ailleurs, bien que Pékin soit le centre artistique traditionnel, la faible fiscalité sur les œuvres d’art a attiré une partie du marché à Hong Kong depuis plusieurs années. Celine Moine et Stefano Moreni firent également mention de l’ouverture de nouveaux bureaux par les maisons de ventes chinoises en France et aux Etats-Unis, tandis que Poly et China Guardian Auctions ont connu de très fortes croissances en 2013. Guy Boyer demanda alors si cela signifiait que les acheteurs occidentaux montraient moins d’intérêt pour un art chinois classique, académique ? Une question pour laquelle Christine Vial Kayser mis en avant l’influence impériale qui a fait émerger en Chine une peinture plus occidentale qui était en fait, encouragée par la Révolution Culturelle. Le sujet est complexe, mais l’appropriation des matériaux : tels que les peintures à l’huile ont rendu pratiquement impossible de faire une distinction entre les techniques chinoises et occidentales. Par la suite, une discussion fut lancée entre Christine Vial Kayser et Frédérique Lecerf sur les musées chinois. Frédérique Lecerf expliqua que la grande majorité des musées publics chinois pourrait être privatisée : si un artiste ou un curateur a assez d’argent, il est désormais possible de mobiliser l’espace. Cette réalité a été déplorée aussi bien par Frédérique Lecerf et l’assistance. Pendant ce temps, Christine Vial Kayser, qui, dans une certaine mesure n’est pas opposée à un tel phénomène, a tenu à souligner que les musées offrent des programmes éducatifs importants au niveau local. Parmi les projets les plus discutés, le K11 à Hong Kong et Shanghai, et dont il est parfois difficile de savoir s’il s’agit d’un centre d’art ou un centre commercial. Des parallèles ont été établis entre la Chine et le Japon, où les collectionneurs fortunés construisent leurs propres musées, mais sans collections suffisamment importantes pour que le musée devienne un acteur important de la vie culturelle. Frédérique Lecerf a ensuite présenté quelques-uns des projets de DVQTM, qui visent à faciliter les liens entre les jeunes artistes émergents des deux pays. Jusqu’au 6 juin des artistes tels que Li Wei Hao et Jingfang exposent dans différentes stations de métro parisiennes (ligne 14). Le projet est mené en collaboration avec des écoles d’art, galeries, artistes et centres d’art a pour objectif de promouvoir la jeune création. L’émergence de la région du Wuhan comme la troisième ville culturelle du pays fut également abordée. Frédérique Lecerf a ensuite expliqué comment la Chine, à travers son boom économique, a fait de la culture une de ses priorités, avec quelque 500 musées ouverts. L’artiste et curatrice offrit également un aperçu de plusieurs artistes contemporains Chinois, dont la majorité est née au milieu des années 1970, et ont été fortement influencé par la violence de la période. Alors que la discussion avait pour objet la comparaison et d’analyse des deux marchés, une partie importante de la conférence fut consacrée à l’histoire de l’art chinois, sans que l’audience puisse obtenir de conclusions claires sur le thème initial. La partie réservée aux questions de l’assistance porta sur l’Afrique, présentée comme le prochain marché à décoller. Art Media Agency |
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