Les Contes d’Eugène Ionesco – Théâtre de Poche – Montparnasse
Le Conte, L’Absurde, et Ionesco
Culture et imagination fantasque du maître de l’absurde au service des petits et grands. Le conte d’Eugène Ionesco n’a pas lieu dans un monde imaginaire, avec des personnages fantastiques, dans un temps indéfinissable. Cela se passe entre la chambre des parents et le couloir. Les personnages y sont Papa, Maman, Josette leur petite fille et Jacqueline-la-femme-de-ménage. Et ça commence ce matin-là.
Le conte ionescien, c’est la péripétie quotidienne de la rencontre entre les mondes adultes et enfantins. L’enfant ne comprend pas pourquoi, parfois, la porte de la chambre des parents lui est fermée ; quel est ce mystère ?
Pourquoi cet interdit ? De l’autre côté de la porte, l’adulte, lui, n’a pas toujours envie d’avoir son enfant dans les pattes. Il n’est pas toujours inspiré pour raconter des histoires. Il aimerait parfois mener sa vie. Sa vie d’avant l’enfant.
D’où les malentendus. Quatre contes pour aborder avec charme et humour ces petites incompréhensions de la vie quotidienne. L’élément scénographique principal est la porte de la chambre des parents. Symbole, pour l’enfant, d’interdit ou de permission.
Seuil de transgression et de mystère. Obstacle, ou brèche dans le monde des adultes. La porte se déplace, le point de vue se déplace ; les narrateurs permutent donc. C’est l’enfant qui raconte, on est dans le couloir, coincé devant la porte ; si c’est Papa, on est à l’intérieur de la chambre. Ce changement de point de vue permet aux enfants de comprendre avec humour les angoisses, les attentes, les joies des adultes, et aux parents celles de leurs enfants. Ionesco a écrit ces contes pour sa fille, Marie-France. Il les lui a racontés, elle lui répondait, il s’en est inspiré.
Le papa, c’est lui, Josette, c’est elle. La maman n’est presque jamais là. Elle passe. C’est peut-être la seule fée de ces contes. Dans le spectacle, c’est une marionnette manipulée par la petite fille, qui idéalise sa maman. Comme toujours chez Ionesco, il y a une distorsion entre le mot et la chose ; le mot n’a aucune importance ; c’est ce que nous y mettons qui compte. Oui le téléphone peut s’appeler fromage. Cela change-t-il sa forme ? Son contenu ? Son utilité ? Son usage ? C’est l’imagination qui fait le lien entre le mot et la chose ; or elle est sans limite et libre de droit. C’est en cela que consiste l’« éducation » ionescienne, ce que Ionesco veut transmettre aux petits enfants que nous sommes. Le seul mot qui résiste à cette impitoyable non règle de l’absurde : « image », qui veut dire « image » et que l’on prononce « image »… « Il y avait une fois une petite fille qui s’appelait Jacqueline. Elle avait une maman qui s’appelait madame Jacqueline. Le papa de la petite Jacqueline s’appelait monsieur Jacqueline. La petite Jacqueline avait deux soeurs qui s’appelaient toutes les deux Jacqueline… » L’absurde permet à ces contes de s’adresser à un public très large, pas seulement enfantin. Ancré dans un quotidien transfiguré par l’imagination ionescienne, il décale d’un petit rien poétique et drôle des situations que nous avons le sentiment de connaître par coeur. C’est le « il était une fois » de Ionesco.
La rencontre entre les deux mondes, de l’enfant et des adultes, du couloir et de la chambre, se fait grâce aux histoires que raconte le papa. Par le pouvoir de l’imagination. Plus de porte, plus de frontière. Juste le sourire tendre et facétieux de Ionesco.
Émilie Chevrillon
Les Contes
D’Eugène Ionesco
Mise en scène d’Émilie Chevrillon
Avec Pauline Vaubaillon, Josette et en alternance Brock ou Jacques Bourgaux, le Papa et Jacqueline-la-femme-de-ménage
Scénographie, décors, marionnette : Coralie Maniez
A partir du 2 mars 2013 à 15h :
– du mardi au samedi du 2 au 16 mars
– les mercredis et samedis du16 mars au 27 avril
– du mardi au samedi du 30 avril au 11 mai
Tarifs : de 10 à 12 €
Théâtre de Poche – Montparnasse
75, boulevard du Montparnasse
75006 Paris
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