L’épée. Usages, mythes et symboles – Musée de Cluny
La manifestation réunit cent vingt œuvres : un ensemble d’épées couvrant toute la période du Ve au XVe siècle, dont certaines mythiques comme celle de Jeanne d’Arc, ainsi que des manuscrits, peintures, objets d’orfèvrerie et ivoires.
L’objet
L’épée est présente dans toutes les civilisations pratiquant la métallurgie, de l’âge du cuivre jusqu’à l’époque contemporaine. À travers des objets archéologiques, la première section de l’exposition présente les aspects relatifs à sa fabrication. L’univers des ateliers et des forges est, par exemple, évoqué avec l’épée de Gicelin (première moitié du XIe siècle), qui porte la signature de son forgeron. Quelle que soit sa forme, une épée est immédiatement reconnaissable à ses quatre parties : la lame, la garde, la fusée, le pommeau. Au-delà de ces éléments invariables, il existe une extraordinaire variété de types (dague, fauchon, Messer) et de décors. Ceux-ci, qu’ils soient très simples ou au contraire foisonnants et luxueux, sont bien souvent révélateurs d’un contexte social et artistique.
Les usages réels
L’épée est d’abord une arme utilisée pour vaincre l’ennemi et donner la mort. L’apprentissage de son maniement est essentiel dans l’éducation des chevaliers et des princes. Un exceptionnel Traité de combat de tradition germanique, manuscrit de la fin du XVe siècle, dévoile l’enseignement de grands maîtres d’armes, dont Johann Lichtenauer. Tout aussi précieux, le Flos duellatorum du maître italien Fiore dei Liberi présente un panorama complet d’arts martiaux et de techniques de combat. L’épée est également un instrument de loisir, pour l’escrime ou encore pour la chasse. Deux des très rares épées de chasse conservées dans le monde sont ainsi exposées : celle de Philippe le Beau, roi de Castille et père de Charles Quint, de la fin du XVe siècle, et l’extraordinaire épée de chasse de René d’Anjou. De manière plus inattendue, l’usage féminin de l’épée est évoqué à travers la représentation du suicide ou encore la présence d’une épée dans une tombe de femme.
Usages symboliques
Autour de ces usages directs gravitent de nombreuses significations symboliques. L’épée illustre la prérogative royale en matière de droit et sert à rendre la justice, elle est utilisée lors de rituels fondamentaux comme l’adoubement et le sacre. Image d’une fonction, elle peut aussi être celle d’une nation. Un des temps forts de l’exposition est ménagé pour la réunion d’épées « nationales ». Ces œuvres, pour certaines encore jamais prêtées, incarnent à elles seules un pays, en faisant référence à l’un de ses souverains. On peut citer ainsi l’épée de Svante Nilsson Sture, régent de Suède autour de 1500 et défenseur de son indépendance, ou, pour la France, la célèbre épée de Charlemagne, dite Joyeuse.
L’histoire de cet objet, dont la légende est contée notamment dans la Chanson de Roland, résume à elle seule les dimensions multiples de l’épée. Des objets et armes liés à de hautes fonctions sont rapprochés de cet ensemble. À ce titre sont présentées une épée de connétable, dignitaire ayant la charge des armées du roi, ou encore l’estoc pontifical, un présent prestigieux offert chaque année au Moyen Âge par le pape à un personnage qu’il souhaitait distinguer.
Le mythe
L’épée possède comme nul autre objet une part de personnification et d’enchantement, et certaines sont devenues mythiques, notamment dans la sphère littéraire et artistique. Elles portent un nom, à l’image des célèbres Durandal ou Excalibur. Elles sont dotées de qualités extraordinaires : voler, briser un roc, rendre invincible son propriétaire. Leur utilisation confine à la magie, on en appelle à elles comme à Dieu. Ainsi figurent parmi elles des épées de saints (épée de saints Côme et Damien, épée de saint Maurice, épée de saint Georges) ou encore de héros (Durandal, épée de Roland). Sa présence, dans le réel comme dans l’imaginaire, se prolonge bien au-delà du Moyen Âge, depuis les épées touaregs du XIXe siècle jusqu’à l’épée moderne de l’académicien Jean-Pierre Mahé.
L’épée. Usages, mythes et symboles
Commissaire : Michel Huynh, conservateur au musée de Cluny
Tous les jours sauf le mardi de 9h15 à 17h45 (fermeture des caisses trois-quart d’heure avant)
Plein tarif : 8,50 € // Tarif réduit : 6,50 € (prix incluant les collections permanentes) // Gratuit pour les moins de 26 ans (ressortissants de l’UE ou en long séjour dans l’UE) et à tous les publics le premier dimanche du mois.
Musée de Cluny
6, place Paul Painlevé – 75005 Paris
M° Cluny la Sorbonne, Saint-Michel ou Odéon
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