Le rôle de l’art dans un monde digital : un entretien avec Mary Ramsden

Une jeune artiste anglaise, récemment diplômée de la Royal Academy de Londres, Mary Ramsden, fait déjà des vagues avec sa participation à des événements groupés dans des institutions, telle que la Saatchi Gallery (2014) et la Scottish Royal Academy, à Édimbourg (2009). AMA a eu la chance de discuter avec Mary Ramsden lors des préparatifs de sa première exposition de 2015 en solo avec la galerie Pilar Corrias, à Londres, qui se tient du 23 janvier jusqu’au 28 février. L’artiste nous donne une idée de sa pratique artistique et de son expérience avec les médias.

Pouvez-vous commencer par nous parler de votre parcours artistique ?

J’ai étudié à Édimbourg de 2004 à 2008 et ensuite à la Royal Academy (RA) pour mon diplôme universitaire de 2009 à 2013.

À quel moment avez-vous commencé à exposer votre travail dans les galeries ?

La RA est un tremplin stupéfiant pour les jeunes artistes. Ils y rencontrent des personnes brillantes, aussi bien des artistes que des critiques possédant de formidables réseaux qui les soutiennent. C’était donc une super école pour débuter avec les expositions. J’ai aussi eu de la chance de commencer, à cette période, à travailler avec Pilar Corrias, la galerie avec laquelle je suis. Cela m’a également beaucoup aidé ! Mais en termes de reconnaissance, il est encore trop tôt.

Quand avez-vous commencé à créer vos compositions abstraites ?

Je suppose qu’après avoir obtenu ma licence, je trouvais que je passais beaucoup de temps à démanteler ou prendre à part des travaux plus grandement représentatifs et, pendant ce processus, je me suis rendue compte que j’étais plus intéressée par ce en quoi c’était fait, comment j’en étais arrivée à cela et comment ces composants étaient actifs. J’ai fini par devenir une personne bien plus intéressée dans le processus.

Qu’est-ce qui a inspiré ces œuvres ? Et plus généralement, où trouvez-vous votre source d’inspiration ?

Je ne sais pas. Je trouve que le mot « inspiration » est assez difficile parce que j’ai l’impression que, maintenant, souvent dans le studio, je répare les problèmes de ce qui s’est passé la veille ou même l’année précédente. Beaucoup de cela se retrouve déjà dans le travail, le côté de la recherche. Ce n’est pas comme si je voyais les choses et me disais : « Oh, je vais mettre ça ! ». Mon travail est plutôt d’investir un espace avec un cadre de la production artistique et aussi la façon dont nous lisons l’espace aujourd’hui à travers un cadre de travail digital — la prolifération des images, des messages, comment faisons-nous quelque chose rester, ces jours-ci ? Comment faisons-nous pour que quelque chose s’agence différemment ? Surtout qu’aujourd’hui nous allons lire une peinture de façon très différente puisque notre approche des images n’est plus la même.

Alors, de quelle manière percevez-vous les nouveaux médias digitaux dans le monde de l’art ?

Eh bien, ils y ont très certainement une place et je pense que c’est très intéressant de voir la façon dont la peinture se tient dans cette histoire.

Qu’est-ce qui vous attire dans la peinture, comme utilisation d’un médium ?

Je trouve la peinture assez difficile, j’imagine, donc je pense que c’est quelque chose de très génératif. Et aussi, une fois qu’on est dedans, on ne s’arrête pas d’y travailler.

Travaillez-vous avec d’autres médias ?

Dans le studio, il y a toujours des trucs qui se passent en dehors de la peinture, mais j’essaie toujours de leur trouver un endroit pour les exposer. Je ne sais pas encore s’ils font plus ou moins que de la peinture. Je travaille sur des petits films ou sur l’arrangement d’installations chromatiques dans le studio.

Avez-vous prévu d’exposer votre travail effectué sur d’autres médias ?

Nous verrons. J’ai récemment édité quelques films sur lesquels j’avais travaillé pendant des années. La décision sera prise en fonction de la façon dont ils s’agencent avec les peintures. J’espère le faire à un moment donné, mais cela semble être un saut téméraire !

Et donc, sur quoi travaillez-vous en ce moment ?

Eh bien, je travaille sur l’exposition à venir à la galerie Pilar Corrias. J’ai creusé quelques idées variées, dont quelques-unes que j’avais explorées pour des projets indépendants. Donc, maintenant, j’essaye de marier les deux mondes qui semblent traverser mon travail en ce moment.

Pouvez-vous nous donner quelques détails supplémentaires concernant votre exposition à venir ?

J’ai tenté de creuser l’idée de plusieurs fenêtres ouvertes sur un écran et ensuite de revenir en arrière sur cette espèce de chose manipulée et picturale. L’œuvre comporte des néons sur les bords. Je pense que c’est devenu quelque chose d’un peu bizarre parce que vous tombez directement sur un aspect de lueur et de vrombissement et il y a ce contraste entre quelque chose de très artisanal et quelque chose qui semble très artificiel. C’est ce sur quoi je joue dans ces nouvelles pièce artistiques.

Et enfin, quels sont les plus gros défis que doivent relever les jeunes artistes, aujourd’hui ?

Il y en a trop ! J’imagine que c’est une question sur la capacité à continuer d’explorer, avec un si grand nombre d’artistes qui s’y débrouillent aussi bien et aussi jeunes. C’est important de se sentir capable de prendre des risques et de trouver de nouvelles manières de travailler.

Ressentez-vous cette pression sur le travail, d’une certaine façon ?

Ce qui a été si agréable dans le fait de travailler avec Pilar jusqu’à présent, c’est que nous avons construit une relation alors que je faisais encore mes études. Ils ont été très souples envers mon travail et me laissaient le gérer moi-même. Donc, je leur en suis reconnaissante, j’ai eu beaucoup de chance pour cela.

Art Media Agency

[ Visuels : Portarit de Mary Ramsden ©2010 by Brand New Gallery © Mary Ramsden, Untitled, oil on canvas]