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Le positif de la censure : interview avec Leena McCall

15 juillet 2014
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Le positif de la censure : interview avec Leena McCall

Le 15 juillet 2014

Le 15 juillet 2014

Leena McCall est une artiste Londonienne basée à Berlin, dont le travail a récemment fait l’actualité après la polémique déclenchée par son œuvre Ms Ruby May, Standing. Le tableau a été retiré de la 153e exposition annuelle de la Society of Women Artists, organisée à la Mall Galleries de Londres. Alors qu’un débat fait rage autour de l’enlèvement de l’œuvre, AMA a rencontré Lenna McCall afin d’évoquer les problèmes mis en lumière par cet événement et que l’artiste nous éclaire sur la façon dont la censure a influencé son travail.

Parlez-nous de vos débuts dans l’art et des principes qui ont influencé votre travail.

J’ai commencé relativement tard dans ma vie, j’ai pris un congé sabbatique quand j’avais trente ans pour poursuivre le rêve que j’avais depuis toujours : étudier l’art dans différentes institutions à Londres et à Florence. J’ai choisi Florence pour apprendre la peinture classique, chose que je pensais importante pour mon travail futur et la direction que je voulais prendre. Je suis passée des dessins charbonneux à grande échelle avec des figures féminines, à un style plus figuratif influencé par mon apprentissage académique de Florence. J’ai installé mon studio à Berlin où la scène contemporaine est plus importante et c’est là que j’ai commencé ce travail qui fait tant parler. C’est aussi là que j’ai rencontré Ruby May, le sujet de la peinture qui a été enlevée de la Mall Galleries.

Selon vous, quelle a été la principale raison de l’éviction de votre œuvre par la Mall Galleries ?

Être une femme, les formes féminines, ce sont des sujets avec lesquels je vis au quotidien, néanmoins, ce qui retient mon attention c’est la manière dont les femmes sont perçues dans un contexte sexuel. À travers l’histoire — dans chaque galerie et chaque musée — j’ai trouvé que les femmes avaient toujours été peintes comme des objets. J’étais curieuse de voir comment les femmes se représenteraient elles-mêmes de façon érotique. Pendant mes recherches, j’ai découvert que la plupart des écrits sur les œuvres érotiques avaient été faits pas des hommes. Ce qui est curieux sur le décrochage de ma peinture c’est que le modèle a confiance en sa sexualité, elle a fabriqué les vêtements qu’elle porte, elle fume la pipe de son père. Elle se réapproprie sa sexualité et je crois que c’est dans son attitude que réside la clé du problème.

Vous créez pour provoquer une réaction du public ?

Non, pas directement. J’ai été sidérée par la réaction de la Mall Galleries. J’aime penser que j’ai une relation ironique avec le public mais je n’expose pas pour choquer. Mon œuvre concerne plus la façon dont le modèle voudrait être représenté. Quand cette peinture est prise hors contexte, les gens en arrivent à une conclusion erronée.

Quelles ont été les retombées après le décrochage du tableau?

Ca n’aurait pas pu être plus positif ; j’ai reçu énormément de réactions. Il y a un débat sur Twitter où j’ai eu de nombreux commentaires positifs et mon téléphone n’a pas arrêté de sonner. Chacun a une vision différente de ce qui a poussé la Mall Galleries à décrocher la peinture, malheureusement, nous n’avons pas de déclaration claire de leur part sur les raisons de leur décision. C’est intéressant de voir un tel sujet être débattu de façon si ouverte. J’aimerais me servir de ce mouvement pour organiser un événement, trouver un lieu où débattre.

Selon vous, quel rôle peut avoir Internet en tant que plateforme artistique ?

C’est une grande aide, dans le sens où cela m’a permis de pointer du doigt le fait qu’une œuvre ait été censurée, mais on ne sait jamais ce qu’Internet peut déclencher. Néanmoins, c’est un bon moyen pour révéler au public des choses qu’il n’aurait jamais su autrement et dans ce sens, c’est un très bon outil.

Quelle sera la prochaine destination de Ms Ruby May ?

J’ai été contactée par la Leyden Gallery de Londres pour exposer la peinture dans leur salon d’été qui est ouvert au public. À l’origine, je pensais ouvrir mon studio ce weekend pour que les gens puissent venir et voir le tableau, cependant, le studio est un lieu de travail donc je suis très reconnaissante à la Leyden Gallery de permettre à mon œuvre de continuer à être accessible à tous ceux qui veulent le voir.

Et pour vous, quelle est la prochaine étape ?

Cette expérience a été la source d’inspiration des projets sur lesquels je travaille en ce moment. J’ai déjà travaillé avec d’autres modèles, mais avec les obligations familiales, le processus peut prendre du temps, j’ai donc hâte d’avoir de nouveaux modèles. Beaucoup de gens ont montré de l’intérêt pour mon travail, dont certains, comme des journalistes, qui m’ont soutenu pendant le débat, et j’aimerais les rencontrer et découvrir leur portrait érotique. J’espère continuer la discussion avec des intervenants et d’autres artistes féminines pour débattre d’une manière intense. Ce serait intéressant de modérer le débat.

Art Media Agency

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