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Théâtre de la Huchette

28 avril 2010
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Théâtre de La Huchette – 90 places

23, rue de La Huchette 75005 PARIS

M° Saint Michel (ligne 4), Cluny la Sorbonne (ligne 10) , RER C et D

 

 

Réservations : 01 43 26 38 99

Administration : 01 69 03 33 28  –  Fax : 01 69 03 29 97

Mail : administration@theatre-huchette.com

Directeur : Jean-Noël Hazemann   –   Directeur Honoraire : Jacques Legré

Attachée de Presse : Marie-hélène Brian

 

L’historique du théâtre

 

Printemps 1950. Dans la petite salle des Noctambules, rue Champollion, Nicolas Bataille fait répéter la pièce d’un inconnu dont le nom sonne drôlement : Ionesco. Eugène Ionesco. Fatigue ? Canular ? On ne le saura sans doute jamais. Toujours est-il qu’un jour, à la répétition, au lieu de lancer correctement sa réplique « …qui avait pris pour femme une institutrice blonde », un comédien s’écrie « …qui avait pris pour femme une cantatrice chauve. » Lapsus miraculeux, d’où naîtra le titre d’une pièce – une antipièce annonçait l’auteur – qui devait d’abord s’appeler L’Anglais sans Peine… Et qui marche aujourd’hui, allègrement, sur son demi-siècle.

 

Pourtant, l’aventure commence mal. Pas d’argent. On joue sans décor, dans des rideaux. Claude Autan-Lara, par amitié pour Nicolas Bataille, a prêté les costumes de son film Occupe-toi d’Amélie… Comme le rapporte Jean-Paul Aron, dans son ouvrage Les Modernes (Gallimard, 1984), chacun fait de son mieux : « Pour tenter de meubler la minuscule salle des Noctambules, Bataille et ses camarades, chaque après-midi, boulevard Saint Michel, promènent sur leur dos l’affiche du spectacle… » Paulette Frantz, qui joue Mme Smith, Claude Mansard (M. Smith), Odette Barrois (la bonne), Simone Mozet (Mme Martin), Nicolas Bataille (M. Martin), Henri-Jacques Huet (le capitaine des pompiers)… une petite troupe de jeunes inconnus, transformés en hommes-sandwiches !

 

Il n’empêche. Côté spectateurs, c’est le vide. Ou pire, les huées. Côté, critiques… Extraits : « Il s’agit d’une antipièce. On voit d’ici ce que cette définition peut avoir de provocant, on voit moins ce qu’elle veut dire. En y allant, on comprend : c’est la seule expression juste que M. Ionesco ait découverte. » (J.-B. Jeener, Le Figaro). « Il y a d’autres langues, qui ne sont pas étrangères, et que je ne comprends pas mieux pour autant. C’est ainsi que la Compagnie Nicolas Bataille joue quelque chose qui s’appelle une antipièce. » (Thierry Maulnier, Le Rouge et le Noir).

 

Heureusement, Renée Saurel dans Combat, Jean Pouillon dans Les Temps Modernes et, plus tard, Jacques Lemarchand dans le Figaro Littéraire, soulignent la nouveauté et l’importance de cette création : « Le théâtre d’Eugène Ionesco est assurément le plus étrange et le plus spontané que nous ait révélé notre après-guerre ».

 

Bref, une sorte de bataille d’Hernani, version années cinquante. Avec, au premier rang des défenseurs : Jean Paulhan, André Breton, Armand Salacrou, Raymond Queneau, Jacques Audiberti, Albert Camus… Si Ionesco a la critique contre lui, le monde des lettres est de son côté.

 

Créée le 11 mai 1950, la pièce achève sa courte carrière le mois suivant, au bout de vingt-cinq représentations.

 

L’année suivante, au théâtre de Poche, Marcel Cuvelier monte La Leçon, deuxième opus de Ionesco, à peine mieux accueilli par la critique. Même si Marc Beigbeder note dans Le Parisien Libéré, le 28 février 1951 : « Une invraisemblance si habile, si ingénue et, finalement, si près d’une vraisemblance plus profonde que l’on rit en ayant bien l’impression d’avoir appris, en se moquant, quelque chose ». Et la reprise timide des deux pièces, pour la première fois jouées ensemble, au théâtre de La Huchette, en 1952-53, n’ira pas au-delà des six mois.

 

Février 1957. L’incroyable se produit. Tout Paris, et même le Tout-Paris, se presse rue de La Huchette. « La petite salle reçoit chaque soir un public composé de connaisseurs et de snobs retardataires qui viennent en hâte prendre contact avec cet Eugène Ionesco que nul ne doit plus ignorer », écrit Max Favalelli, le 28 février dans Ici-Paris. La mode a enfin rejoint Ionesco, jusque là trop en avance. On aperçoit dans la salle Edith Piaf, Sophia Loren, Maurice Chevalier… Tandis que la critique, cette fois, vole au secours de la victoire : « La force cosmique, la poésie profonde de cette pièce sont frappantes. La Cantatrice Chauve vieillit bien. Elle vieillit même très bien », écrit Georges Lerminier dans Le Parisien Libéré, le 20 février 1957.

 

« Elle vieillit même très bien »… Il ne croyait pas si bien dire, celui qui écrivait ces lignes au bon vieux temps du président Coty. Les présidents et même les Républiques passent, La Cantatrice Chauve et La Leçon demeurent.

 

16 000 représentations à ce jour. La 20 000e est désormais en vue !… Le Théâtre de La Huchette a obtenu en 1996 la grande Médaille de Vermeil de la Ville de Paris et un Molière d’honneur en 2000.

 


http://www.theatrehuchette.com/

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