Le jeu de l’amour et du hasard de Marivaux – Théâtre Douze
Promise à Dorante sans le connaître, Silvia a imaginé avec l’accord de son père, Monsieur Orgon, d’échanger rôle et vêtements avec la soubrette Lisette « pour examiner un peu » le mari qu’on lui destine…
Ce qu’elle ignore, c’est que le « prétendu » de son côté a conçu le même subterfuge et paraît devant sa fiancée sous l’habit de son valet, Arlequin, qui lui, se pavane dans le costume de son maître sous les regards indiscrets et complices du père et de Mario, le frère. Pour notre plus grand plaisir, une double intrigue commence… elle ne cessera de se compliquer par le biais de ces déguisements successifs et symétriques !
A ce jeu de cache-cache, qui sera attrapé ?
Avec amusement et inquiétude, nous suivons ces êtres, qui, se croyant masqués s’avancent l’un vers l’autre. Tandis que les valets se réjouissent de leur bonne fortune, Silvia se désespère d’aimer un domestique et Dorante de ne pas se savoir aimé…
M’aime t-il vraiment ? M’aime t-elle ?
Finalement les stratagèmes se dévoilent, les déguisements disparaissent et les masques tombent. La raison va-t-elle l’emporter sur les jeux de miroirs et sur le vertige des rôles qu’on échange, source de trouble pour les uns, de rire pour les autres ?… Chez Marivaux aimer c’est toute une histoire !
Note d’intention du metteur en scène
De par son titre à la fois ambigu et limpide, nous entrons de plain pied dans l’univers du jeu, de l’imagination enfantine et de la « Commedia Dell’ Arte », « Commedia » que Marivaux s’est plu à styliser. Avec virtuosité, il paraît réinventer les codes (jeu de langage, quiproquos, mimique…) en exploitant ses vertus les plus primitives, le déguisement et le masque pour éprouver le coeur de l’autre. Et Silvia-Dorante et Arlequin-Lisette s’y précipitent avec délice : devenir eux-mêmes des personnages, jouer à jouer. Mise en abîme, vertige. Commence alors les parades amoureuses ! Mais tout cela est bien plus sérieux qu’il n’y paraît. C’est bien à la recherche éperdue d’éprouver l’amour de l’autre qu’ils se livrent. Le travestissement, loin de permettre de se cacher, les dénude petit à petit. Tout geste, toute parole, tout silence, tout regard… les exposent davantage dans leurs contradictions, leurs émois, leurs meurtrissures, leurs désirs, leur amour surpris. Ils s’imposent à eux-mêmes et à l’autre des épreuves de sincérité absolue afin de pouvoir rêver leur union. Il s’agit bien ici de la « métaphysique du coeur » si chère à Marivaux.
Mais si, comme nous l’avons vu, les jeux de l’amour sont soumis aux caprices du hasard, la pièce laisse peu de place précisément au hasard et rien n’est plus prévisible que ces amours. Les jeux du hasard n’amèneront jamais une véritable subversion de l’ordre social établi, mais Marivaux n’aura pas pour autant cessé de dénoncer les ombres des fausses apparences et la puissance de la naissance et de la richesse.
* Jeu : activité non imposée à laquelle on s’adonne pour se divertir et en tirer un plaisir.
* Amour : sentiment très intense, attachement englobant la tendresse et l’attirance physique entre deux personnes.
* Hasard : cause imprévisible attribuée à des événements fortuits ou inexplicables. Evènement imprévu.
* Jeu de hasard : qui est fondé sur les caprices du sort.
Un double plateau incliné posé sur la scène du théâtre. Un îlot. Quatre hommes, deux femmes. C’est la fin de l’été. Retour de fête, au petit jour. Silence et chuchotements, bruits de coulisses, maquillage et costumes. Les personnages de la comédie se mettent en scène. Les chassés-croisés des rencontres, la danse sensuelle des acteurs, l’intimité du théâtre de Marivaux sont la présence de sa modernité et de son intemporalité. Les thèmes du désir et de l’aventure du langage « marivaudien », sont au coeur de ce projet.
« Il vous arrive d’être. Vous êtes ce qui vous arrive. Ce que vous savez, c’est ce que vous êtes. Ce que vous ne savez pas, c’est qui vous êtes » Marivaux. Représenter Le jeu de l’amour et du hasard, c’est partir de ces doutes là…
Erika Vandelet
Le jeu de l’amour et du hasard
De Marivaux
Mise en scène d’Erika Vandelet
Assistante mise en scène : MarieChristine LIVINEC
Scénographie : Valérie JUNG // Costumes : Sylvie LOMBART
Création lumière : JeanMichel BOURN
Avec :
Jean LE SCOUARNEC (Orgon)
Anne MAUBERRETTHUNIN (Lisette)
Nathanaël MAÏNI (Mario)
Charlotte BAGLAN (Silvia)
Sébastien NIVAULT (Dorante)
Raphaël POLI (Arlequin)
Du 17 septembre au 18 octobre 2009
Tous les jeudis, vendredis, samedis à 20h30 et les dimanches à 15h30
Plein Tarif : 13 € // Tarif Comités d’Entreprise, Collectivités et Abonnés : 8 €
Tarifs Réduits : 11 € (jeunes de -26 ans, demandeurs d’emploi, personnes de +65 ans)
Réservations : 01.44.75.60.31
Théâtre Douze
6, avenue Maurice Ravel
75012 Paris
M° Porte de Vincennes, Porte Dorée ou Bel Air
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