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Le jazz s’invite en Seine-Saint-Denis: les Banlieues Bleues

31 mars 2009
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« Si le rap excelle, le jazz en est l’étincelle ». Les paroles du chanteur MC Solaar ( Tirées de A dix de mes disciples) augurent la démarche du festival Banlieues Bleues dans un bastion du rap. Sur un air de retour aux sources, un vent de musique souffle sur la Seine-Saint-Denis. Invité de marque, trois ans après le cyclone Katrina, la Nouvelle-Orléans est au cœur des échanges. Comme le phénix renaissant de ses cendres, la plus grande ville de l’Etat de Louisiane a surmonté la déferlante et les inondations, pour offrir au monde un flot musical encore plus puissant et enrichissant.
Cette dynamique volontariste d’espoir, de partage, inhérente au jazz, à la Nouvelle-Orléans et à la musique en générale, se retrouve dans les dix-sept villes partenaires du festival Banlieues Bleues, dont Pantin, Aubervilliers, Saint-Denis, Bobigny ou encore Clichy-sous-Bois. Où se produisent des dizaines d’artistes aux inspirations variées : Byron Wallen, Charles Lloyd, Roy Nathanson, Marc Ribot, Johny La Marama, Khaled, Melissa Laveaux (voir coup de cœur en bas de page), Donald Harrison, The Wild Magnolias et bien d’autres encore. Tous ces acteurs de la vingt-sixième édition ont en plus le prestige d’être les dignes successeurs de… Monsieur, Miles Davis. Le Pygmalion du jazz a en effet contribué au succès du festival Banlieues Bleues après son passage sur scène en 1988. Alors que l’événement, créé quatre ans auparavant, ne rencontrait pas réellement d’échos auprès des médias.

 

Vertus éducatives
Terre de mixité sociale et d’échanges culturels, le département du nord-est parisien s’est depuis transformé en vaste théâtre de l’apprentissage de la musique, à travers une évidente ouverture sur le monde. Depuis plusieurs années, le festival Banlieues Bleues s’inscrit ainsi dans une logique artistique qui peut donner le « la » aux mutations sociales. Claude Bartolone, député de la Seine-Saint-Denis et président du Conseil général, entend « favoriser la découverte des gestes et cheminements artistiques, la rencontre avec les créateurs et les œuvres », au-delà de la manifestation, dans les collèges du département.
Ces vertus éducatives sont également le fer de lance de l’association Banlieues Bleues. Qui recherche en permanence un nouveau public d’amateurs. Pour les former et les accompagner à développer toutes formes d’expressions artistiques sur la base d’innovation et de création. Afin d’enrichir ensuite les milieux professionnels et associatifs.
Avec comme point de chute La Dynamo, fief de Banlieues Bleues, à Pantin. Cette salle de concert, inaugurée en 2006, sert aussi en parallèle l’association dans sa démarche pédagogique. Et s’attache désormais à faire raisonner dans tout le département, cet air de « Seine-Saint-Denis style », à base de saxo, contrebasse, banjo, trompette et autres instruments qui donnent au jazz cette force de transcender les corps et les esprits.

 

Cyril Masurel

 

Coup de cœur dans la programmation

 

Mélissa Laveaux, le vendredi 3 avril à 20 h 30 à Aubervilliers, espace Fraternité.

 

Puissance musicale et sensibilité criante. Mélissa Laveaux, chanteuse canadienne aux origines culturelles franco-haïtiennes, a composé son univers dans les milieux anglophones outre-Atlantiques. En 2006, à 21 ans, elle diffuse déjà ses premières chansons sur le site communautaire « myspace ». Deux ans plus tard, elle part de ce projet pour réaliser un album, « Camphor & Copper » : une base de folk indépendant mêlé aux aspirations de la soul américaine et des arrangements qui tiennent du rythme hip-hop. La chanteuse débite un flot instinctif, étonnant de maturité pour un premier album.

Le métissage des genres donne à l’ensemble de cet album un charme onirique. A la fluidité des paroles anglaises succède la chaleur et la tendresse enivrante, entêtante, nonchalante du Créole. Puis, la douceur de quelques mots français aux parfums sucrés se mélangent au délicieux courant Créole. La voix de Mélissa Laveaux répond alors aux accords simples de cordes tirées et au rythme des percussions, du tablâ ou du cajón. Le flot rebondit entre les mots et les notes comme un dialogue mélodieux aux accents intimistes. Amplifiant la puissance des mots, la profondeur de la voix.

La jeune Canadienne tire de cette énergie une sensualité empreinte de déchirements. Elle oppose une voix parfois plus aigu, teintée d’espoir et d’insouciance, à cette voix grave, sage et mûre qui traduit l’ angoisse et la tristesse. Mais toujours sur un air de mélancolie, de défi et d’impertinence parfois, pour surmonter les douleurs et les peines.

 

Mélissa Laveaux, « Camphor & Copper », No format !

 

Cyril Masurel

 

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