L’Assassin – film d’Elio Petri
Porté de façon troublante par Marcello Mastroianni, L’Assassin relate les tourments psychologiques d’un individu acculé par une « présomption de culpabilité ». À travers une intrigue policière conventionnelle, Elio Petri dépeint une Italie asphyxiée par les rouages de la bureaucratie et du pouvoir policier, prise dans un climat de paranoïa latente. Le cinéaste dut lui-même affronter les censeurs, gênés qu’on présente ainsi les autorités et qui lui demandèrent d’apporter au film près de 90 modifications ! Mais au-delà du thème, cette œuvre contestataire fait une proposition cinématographique saisissante et résolument moderne.
L’atmosphère imprégnée de doux surréalisme, l’éblouissante composition plastique des plans et la construction complexe du récit en flashbacks évoquent deux grands films tournés la même année : La Notte de Michelangelo Antonioni et À bout de souffle de Jean-Luc Godard.
Premier long-métrage d’Elio Petri, L’Assassin possède déjà le panache des chefs-d’œuvre les plus connus du réalisateur visionnaire d’Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon. « J’ai toujours essayé de faire vivre selon une méthode existentialiste la situation d’un personnage dans laquelle se reflètent ses contradictions intérieures, sa conscience d’être un objet face aux sujets de l’autorité. L’Assassin était un film post-antonionien, sur un personnage aliéné, un film sur l’incommunicabilité. Parallèlement, je cherchais à introduire un discours sur la police et les rapports de type kafkaïen avec l’autorité. En Italie, et partout dans le monde, du moment que vous êtes face à l’autorité, vous êtes coupable. »
L’Assassin
D’Elio Petri
Avec Marcello Mastroianni, Micheline Presle, Cristina Gajoni, Salvo Randone, Andrea Checchi
Scénario de Pasquale Festa Campanile, Massimo Franciosa, Antonio Guerra, Elio Petri
Montage : Ruggero Mastroianni // Musique de Piero Piccioni // Directeur de la photographie Carlo Di Palma
1961, Italie, 100 min., N&B, 1.85:1, VISA : 25 679
Sortie en version restaurée le 20 juin 2012
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