“Laisser place” : une exposition personnelle de Mathieu Chavaren à la Galerie Hors-Cadre
Jusqu’au 26 février, la Galerie Hors-Cadre présente une exposition personnelle de Mathieu Chavaren, au sein de laquelle l’artiste invite le spectateur à ré-apprendre à observer ce qui se situe hors de l’œuvre, grâce à un mouvement transitoire nommé laisser place. Ce mouvement, permis par le dialogue de deux styles opposés, fait se répondre des forces qui parfois s’égalisent ou s’annulent : une interrogation née pour véritablement laisser place et Mathieu y répond en proposant une installation-performance qui permettra de créer une correspondance sur un temps long.
Mathieu Chavaren, un artiste qui se nourrit des autres et de la nature
Mathieu Chavaren sacralise peu de choses, aime casser les codes et inverser les usages,
soucieux de ce que l’art peut nous apprendre et nous révéler. Humble et généreux, sa
recherche a comme fil rouge la vocation de nous mettre en lien les uns avec les autres,
mais avant tout avec nous-mêmes.
Sa démarche s’ancre ainsi dans une simplicité à l’accessible beauté. Ses écritures intérieures et extérieures s’ornent de noir et de blanc, convaincu qu’il faut laisser la couleur à la nature, pour n’être transcendé que par l’essentiel.
Ces dernières années, la réflexion de l’artiste s’est poursuivie autour d’objets transitionnels qu’il appelle des laisser-place, dont la fonction-outil est de nous ouvrir à cet espace de reconnexion intérieure. Sa démarche nous touche car, dans un monde tourmenté où notre rapport au temps ne fait que s’accélérer et parfois souffrir, il y a dans cette proposition une forme de soulagement et d’apaisement, comme une offrande pleine de mystère.
Un laisser-place inattendu, hommage à la Nature
Au sein de l’exposition Laisser place, Mathieu Chavaren expose à nouveau l’un de ses objets laisser place de prédilection, le tabouret, qu’il orne cette fois d’un pied de tomates surprenant. Cet ensemble, élaboré aux côtés d’un maquettiste professionnel pour défier l’illusion de la nature, en restitue toute l’absente beauté, notamment pour ceux qui en sont privés. L’objet est cher au cœur de l’artiste, à la fois hommage au tabouret tripode de ses grands-parents qui travaillaient la terre et clin d’œil à ses années de formation aux Beaux-Arts. Objet universel où chacun peut se reposer afin de se reconnecter à lui-même, le tabouret nous invitait jusqu’ici à nous tourner vers l’intérieur. Cette fois, il nous incite à nous pencher vers l’extérieur, synonyme, chez Mathieu Chavaren, de Nature.
Car c’est l’une des sources d’inspiration majeure de l’artiste, un de ses espaces de réflexion les plus féconds et un horizon vie autour duquel son atelier a été entièrement repensé, grâce au jardin qui le côtoie. Ce laisser place offre un ancrage et une vie potentielle à la fécondité de la Nature qu’on a eu tort, toutes ces années, d’opposer à la culture et au “génie humain”. L’espèce de tomate choisie, la Green Zebra, ici restituée sur le tabouret, est un croisement obtenu en 1985. Cette variation du ready made est déclinée en plusieurs œuvres qui ont pour vocation de nouer avec leurs futurs acquéreurs une relation de long terme, sur trois décennies, qui sera nourrie d’échanges et de correspondances avec l’artiste.
La création comme participation à une œuvre commune inscrite dans le temps
L’œuvre de Mathieu Chavaren accentuait jusqu’à présent notre relation à l’espace, à nous-
mêmes et au monde. Ici, avec cette plante figée pour toujours dans la matière, il explore davantage notre relation au temps. Est-ce un signe de résistance de la nature qui refuse d’être oubliée et proclame sa capacité à se réinventer, si tant est que l’on accepte enfin
de la regarder ?
Devant la nature, une seule posture, l’humilité
Dans l’art de Mathieu Chavaren, il en va de même. Celui-ci cherche à révéler avant de créer. À contre-courant d’un monde au triple galop où chacun veut entreprendre pour créer ce qui n’aurait pas encore été fabriqué ou consommé, lui s’attache à révéler ce qui existe déjà. L’effort réside dans cette posture simple et pourtant essentielle. Et s’il fallait prendre les choses à l’envers, penser différemment ?
Son engagement d’artiste se lie à la recherche d’un moment suspendu, propice à un partage qui lui est cher. Car laisser place ne veut pas forcément dire se soustraire ou se retirer du monde mais parfois juste, apprendre à cohabiter.
Léa Gabrié
À propos de Mathieu Chavaren
Mathieu Chavaren est né en 1990, à Moissac et vit et travaille au Pays Basque. Inspiré par des artistes comme Joseph Beuys et Henri Michaux, le travail de Mathieu Chavaren propose une nouvelle lecture. “Mes peintures deviennent autant de fenêtres ouvertes vers l’absolu, qui nous renvoient à notre condition humaine et nous pousse à réfléchir. Chacun de nous est invité à formuler sa propre interprétation en fonction de son emplacement et de son regard. Autrement dit, chacun doit être capable d’y voir sa propre image.”
[Source : communiqué de presse]
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