La Symphonie fantastique – Festival de Lacoste 2011
Hormis l’œuvre de Berlioz, ces immenses partitions procèdent d’une logique esthétique, d’une évolution par degré dans le temps mais sans évolution orchestrale majeure venant bouleverser le concept « symphonie ». Aussi, l’intitulé de l’œuvre de Berlioz, « Fantastique » est parfaitement justifié.
Plagiant un titre d’Annie Lebrun, cette œuvre est « Soudain un bloc d’abime… » Par ses audaces, ses combinaisons instrumentales « inouïes », les libertés offertes à l’expressivité des pupitres, la saturation maîtrisée des couleurs et des timbres, la spatialisation des masses sonores, cette œuvre n’est pas seulement « révolutionnaire. » Elle consacre une rupture avec les conceptions antérieures de l’orchestration. Dans ce domaine, celui de l’architecture sonore, Berlioz est sans conteste un des tous premiers génies de la musique romantique. Liszt comme Wagner auront tendu l’oreille et, de Berlioz, se seront inspirés.
Le contexte « intime » de Berlioz ou l’apogée de la musique à programme.
Selon les versions, sous-titrée ou sur-titrée, cette œuvre (plus poème symphonique que symphonie) s’intitule : « Episode de la vie d’un artiste. »
Si la confidence en musique est écrite pour le piano ou le violon et ne s’exprime guère au-delà du cadre de la musique de chambre, Berlioz va exploiter les grandioses ressources sonores d’un effectif instrumental à géométrie variable pour évoquer son univers émotionnel. Hanté par la rencontre avec une chanteuse irlandaise, Harriet Smithson, Berlioz, éconduit par la jeune beauté, tente de la subjuguer par la magie d’une œuvre faisant office de philtre d’amour. Après une succession d’épisodes romanesques dont Berlioz plus tard nuancera l’importance inspiratrice sur sa partition, il obtint la main d’Harriet Smithson. Toutefois, ce désir, certainement trop sublimé, ramené à la réalité du quotidien, rapidement, s’étiola.
Un drame en 5 mouvements
1. Rêveries-Passions
Un jeune musicien, inhibé par ses doutes, s’éprend « à la folie » d’une jeune beauté inaccessible. Tous ses affects sont traduits par des « pensées sonores » infiltrant entiérement son univers émotionnel.
2. Un Bal
A la ville comme à la campagne, de jour comme de nuit, dans le tumulte d’une fête de village ou dans le profond silence d’une nature figée, la vision de l’être désiré provoque une « sidération » quasi maladive du musicien.
3. Scène aux Champs
Deux pâtres (un cor et un hautbois) dialoguent. Le fameux « Ranz des vaches » mélodie pastorale suisse, induit une douce mélancolie chez le poète dont l’âme est traversée de maintes émotions.
4. Marche au supplice
Images d’un cauchemar : le musicien convaincu d’avoir empoisonné la beauté qui lui échappe, est condamné à mort. Tout au long du chemin, le supplicié entend la musique qui accompagne sa marche vers une décapitation dont il est victime et spectateur.
5. Songe d’une nuit de sabbat
Un tumulte musical, une cacophonie sonore, un sinistre charivari…Voici l’heure des funérailles de notre poète. Un sabbat musical ou l’élégie se mue en trivialité et parodie. C’est le glas de ce songe, le point final d’un drame que le génie de Berlioz aura porté à son paroxysme.
Cyril Diederich
Cyril Diederich est né dans une famille de musiciens, son père étant compositeur et chef d’orchestre. Dès l’âge de 5 ans, il entame ses études par le piano. Natif d’Aix en Provence, il doit une imprégnation musicale déterminante grâce aux soirées du Festival aixois, notamment aux opéras, genre pour lequel il éprouve cette passion qui décidera de son avenir.
Il étudie le cor d’harmonie et joue dans de nombreux orchestres avant d’entreprendre des études de direction d’orchestre, notamment auprès de Manuel Rosenthal.
En 1970, il crée un festival en Provence, les Semaines musicales du Luberon, premiers pas dans la direction orchestrale et lyrique.
En 1974, il assiste Serge Baudo à l’Orchestre National de Lyon, Jean-Claude Casadesus à l’Orchestre National de Lille puis est nommé directeur musical à l’Orchestre et à l’Opéra de Montpellier. Sa carrière se poursuit par la direction de l’Orchestre Symphonique Rhin-Mulhouse tout en étant nommé chef invité à l’Opéra National du Rhin.
Ayant eu accès aux productions orchestrales ou lyriques d’Herbert von Karajan et Georges Prêtre, il mûrit son art à l’écoute de ces deux légendes de la musique.
Au fil des années, il parcourt le monde, dirigera le Deutsche Oper de Berlin, le Grand Théâtre de Genève, ceux de Zurich, Lausanne, Rome, l’Opéra National de Hollande, l’Opéra National des Flandres, le Théâtre de la Fenice à Venise…se spécialisant dans les œuvres de l’opéra français du XIXè siècle
Il dirige également l’Orchestre National de la Radio de Bucarest, l’Orchestre National de Lituanie, l’Orchestre National de la Radio de Zagreb…
En 2009, avec l’Opéra de Lausanne, il effectue une tournée de 15 représentations de Carmen au Japon.
Cyril Diederich a été chef d’orchestre et conseiller musical à l’Opéra de Marseille d’avril 2007 à 2010.
Lors du Festival de Lacoste 2011
Paul Dukas, L’apprenti sorcier
Hector Berlioz, La Symphonie fantastique
Orchestre Lyrique Régional d’Avignon Provence (OLRAP) et Orchestre de l’Opéra de Toulon
Direction Cyril DIEDERICH
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