La Victoire de Samothrace restaurée
A partir du 9 juillet 2014
Ouvert tous les jours de 9h à 18h sauf le mardi Nocturnes jusqu’à 21h45 le mercredi et le vendredi.
Billet collections permanentes : 12 €
La gratuité d’accès aux collections permanentes du musée du Louvre est accordée, sur présentation d’un justificatif en cours de validité, pour les jeunes de 18 à 25 ans résidents dans l’un des pays de l’Espace Economique Européen.
Musée du Louvre Aile Denon Place du Palais Royal 75001 Paris + 33 (0)1 40 20 53 17 Métro : Louvre-Rivoli
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Le monument le plus célèbre du Louvre est de nouveau visible du grand public après 10 mois d’une restauration qui lui a rendu sa superbe. Elle n’était pas en péril, mais la restauration était importante pour lui redonner son intégrité visuelle et a permis quelques découvertes… Examen à la loupe de ce chef-d’œuvre de l’art grec.
Île de Samothrace en pleine mer Égée. C’est le 15 avril 1863 qu’a été mise au jour cette Victoire ailée dans les ruines du sanctuaire des Grands Dieux. Le vice-consul de France, Charles Champoiseau la découvre en morceaux, mais sans la tête et les bras. Une fois rapatriée au Louvre avec les éléments de son socle, les restaurateurs complètent certaines parties lacunaires comme le torse et l’aile droite à partir d’un moulage de l’aile gauche – sans pour autant réinterpréter la tête ou les bras disparus –, remontent le socle et installent le monument de 5,57 m de hauteur en août 1883 sur le palier supérieur de l’escalier Daru. À part une intervention en 1932 pour rehausser la statue d’un bloc de ciment disgracieux, les badigeons du XIXe siècle avaient jauni et entravaient la lisibilité de la statue. Il était donc important de lui redonner son intégrité visuelle, ce qu’ont fait les restaurateurs entre septembre 2013 et juin 2014.
Un toilettage tout en douceur L’intervention semble très simple : nettoyer la surface « simplement » avec une compresse d’eau ou d’un mélange de bicarbonate d’ammonium et de DTA. Le résultat est saisissant tant l’intervention a révélé le contraste entre la blancheur du marbre de Paros de la sculpture et la profondeur du marbre veiné de l’île de Rhodes (carrières de Lartos) du socle. Mais les choses ont été un peu plus complexes lorsqu’il a été question de déposer tous les blocs du socle – dont certains pèsent jusqu’à 2,3 tonnes – et de les remonter en redonnant leur place à 9 fragments qui dormaient dans les réserves. De la même manière, la sculpture s’est vue complétée de quelques plis et de la plume de son aile gauche, ce qui modifie quelque peu son dynamisme. Parmi les surprises, les restaurateurs ont eu la chance de retrouver quelques traces de polychromie : du bleu sur le bord de son vêtement représentant un galon mais aussi sur les ailes. Attention, cela ne veut pas dire que les ailes de la Victoire étaient bleues, simplement que le bleu est présent dans la composition de la couleur voulue, et qu’il aurait pu être complété de n’importe quelle autre pigment pour obtenir un vert, un jaune… À partir des éléments à la disposition des scientifiques, impossible de trancher.
Le budget de l’opération est de 4 millions d’euros, coût comprenant également la restauration de l’escalier Daru qui sera terminée en mars 2015, tout comme la vitrine qui réunira les derniers fragments de ma Victoire, la numérisation de la sculpture, la publication d’un ouvrage… À côté d’entreprises puissantes qui ont mécène l’intervention, mentionnons la générosité de 6700 donateurs individuels qui ont réuni un million d’euros.
Que représente exactement la Victoire de Samothrace ? Une jeune femme ailée est en train d’atterrir sur l’avant d’un navire, son pied droit est déjà posé alors que son pied droit flotte dans les airs. Les drapés de ses vêtements sont encore portés par le mouvement figé dans la pierre. Elle constituait une offrande dédiée aux Grands Dieux de Samothrace à la suite d’une victoire navale, d’où cette femme qui est la personnification de la victoire, une Nikè. Or, aucune inscription ne nous permet de connaître le dédicant, la bataille ni même le nom du sculpteur qui aura réalisé ce chef-d’œuvre. Les spécialistes nourrissent toujours des discussions animées, certains affirmant que le sculpteur est rhodien, d’autres que l’on peut rapprocher le style de l’autel de Pergame, tout comme la datation est ambiguë, entre 180 et 150 avant notre ère. Tous sont d’accord pour reconnaître qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre de la sculpture grec hellénistique, de par le mouvement, la fougue, le bouillonnement des étoffes, la sensualité des chairs… Pour se faire une idée, une seule chose à faire : aller la voir ! Avant d’en savoir plus lors de l’exposition-dossier qui dévoilera tout en détail en mars 2015. Stéphanie Pioda
http://www.louvresamothrace.fr/fr/#/presentation
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