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La photographie vietnamienne est à Paris : Entretien avec Sébastien Laval et Lê Cuong

30 juin 2014
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La photographie vietnamienne est à Paris : Entretien avec Sébastien Laval et Lê Cuong

Le 30 juin 2014

 

Le 30 juin 2014

La culture et l’art vietnamiens sont à l’honneur avec l’Année France-Vietnam, organisée par l’Institut Français.Un des temps forts, l’exposition « Vietnam, un et multiple, 54 visages et parures de la nation vietnamienne » se tient jusqu’au 7 juillet à l’Orangerie du Sénat à Paris. Les photographies du français Sébastien Laval et du vietnamien Lê Vuong offrent un regard croisé sur les 54 ethnies qui peuplent le Vietnam.

Sébastien Laval, pourquoi le Vietnam ?
Par un concours de circonstances, j’ai découvert le Vietnam en 1995. Du nord au sud, en passant par la piste Hô Chi Minh, j’ai pu me rendre dans des régions reculées du pays et la rencontre avec la population a été un véritable coup de foudre. Entre 1995 et 2005, lors de mes fréquents allers-retours au Vietnam, j’ai pu constater que le mode de vie des populations évoluait rapidement avec le développement des infrastructures, des moyens de transports, de communication ou de l’électricité. J’ai donc voulu faire des séries de portraits de ces populations pour témoigner de la manière dont ils vivent aujourd’hui. Il existe 54 ethnies au Vietnam dont une majoritaire, les Viets. Mon premier travail a porté sur la population Pa Then, il a non seulement retenu l’attention du Musée d’Ethnographie du Vietnam à Hanoi mais je me suis aussi rendu compte que le public avait été sensible à la démarche. Il existe, en effet, une certaine ignorance des Viets sur le reste des populations du pays et mon travail leur permet notamment de découvrir des images de populations qu’ils ne connaissaient pas forcément.

Pourquoi avoir fait le choix du noir et blanc alors que les costumes ethniques sont très colorés ?
C’est avant tout lié à ma sensibilité artistique pour le noir et blanc. Même s’il est vrai que tous les vietnamiens ne portent pas des costumes ethniques, je trouve qu’avec la couleur, le regard se porte essentiellement sur les vêtements occultant l’aspect humain que je souhaite donner à mon travail. Je préfère que le regard se porte sur le visage des populations que je photographie car c’est un moyen de partager mes rencontres et de donner envie aux gens de les rencontrer.

Vous avez participé en avril dernier au Festival de Huê, comment le public vietnamien appréhende-t-il l’art contemporain ?
On commence à voir s’étendre depuis quelques années l’art contemporain au Vietnam à travers la sculpture, la peinture, la photographie ou encore la danse. L’art contemporain se développe surtout grâce aux échanges internationaux notamment lors de master class avec des artistes étrangers. Le Festival de Huê en est un parfait exemple. Il a été créé en 1997 à l’initiative de la région Poitou-Charentes et du comité populaire de la province de Huê. C’est une biennale qui connaît un grand succès, avec une riche programmation qui s’étend sur une semaine et qui accueille aujourd’hui une quarantaine de pays étrangers. J’y participe depuis 2008 et cette année, j’ai travaillé avec la compagnie Carabosse sur un accrochage de mes photographies sur le pont Truong Tiên et un allumage de bougies. Ceci-dit, sortir l’art dans la rue, n’était pas évident au début. Lorsque la région a proposé notamment l’idée d’une fanfare se déplaçant dans les rues lors du festival, les vietnamiens ont été réticents car culturellement parlant, ils considèrent que les musiciens ne peuvent jouer qu’en position assise et pas en déambulation. La fanfare a, malgré tout, rencontré un franc succès et depuis l’art vivant est sorti dans les rues.

Qu’en est-il des artistes contemporains vietnamiens ?
Le gouvernement est pour le moment dans une logique de soutenir les aspects traditionnels de la culture vietnamienne. La scène artistique contemporaine doit encore chercher son public au Vietnam mais aussi par delà les frontières du pays. Et c’est tout l’intérêt des échanges internationaux comme l’année France-Vietnam organisée par l’Institut Français.

Comment en êtes-vous venu à cette exposition avec le photographe Lê Vuong ?
L’Institut Français, qui me soutient depuis des années, a eu l’idée de croiser le regard d’un photographe français avec celui d’un vietnamien. Lê Vuong est photographe vietnamien francophone âgé de 95 ans, de fait, j’échange beaucoup avec son fils Lê Cuong qui travaille avec lui. Le travail de Lê Vuong s’intéresse beaucoup à des aspects folkloriques et témoigne d’une certaine époque, de certaines traditions. Nos travaux se complètent bien.

Lê Cuong, comment votre père a-t-il eu l’idée de photographier les ethnies minoritaires du Vietnam ?
Mon père est photographe mais c’est surtout un homme de culture. Le Vietnam est un pays multiculturel qui évolue chaque année. Mon père a souhaité garder un témoignage de cette évolution, une sorte de travail de mémoire à destination des générations futures. La culture et l’art rapprochent tout le monde. Le peuple vietnamien et le peuple français ont un long passé de coopération culturelle qui nous permet de mieux comprendre ce qui nous différencie mais surtout ce qui nous lie. Cette année France-Vietnam est l’occasion de rapprocher deux grandes civilisations, celle de la France et celle du Vietnam. 

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