La nuit, un rêve féroce de Mike Kenny au Théâtre du Rond-Point
Note d’intention
Mike Kenny est auteur. Je suis metteur en scène et scénographe. J’ai rencontré Mike Kenny en 2005, lors d’un workshop produit par le Birmingham Repertory Theatre et la Graeae Company.
De cette rencontre est né le désir de travailler à nouveau ensemble, en France, sur des thèmes que je lui proposerais et qui seraient liés à mes recherches de plasticien.
Ensemble, nous avons déjà réalisé La Nuit électrique, un spectacle sur la peur du noir qui s’est créé au CDN de Valence en mars 2008, repris au Théâtre de l’Est Parisien (spectacle nommé aux Molières 2009 dans la catégorie Jeune Public).
Nous avons voulu prolonger cette collaboration en initiant un nouveau projet de spectacle « tout public » exigeant, inédit et radical dans sa forme comme dans son processus de création.
Nous pensons tous les deux que le théâtre a à voir avec les rêves. Nous avons cette intuition, à la fois naïve et vertigineuse, qu’une représentation théâtrale est une sorte de rêve éveillé que font ensemble les comédiens et les spectateurs.
Mais alors qui rêve ?
Et qui est rêvé ?
Marc Lainé
Entretien
De quoi parle ce spectacle ?
Marc Lainé : La pièce est une commande que j’ai passée à l’auteur britannique Mike Kenny et je viens seulement de lire la version définitive de la pièce. Je suis en train de découvrir toute la richesse et la complexité de ce texte, aussi il est délicat pour moi de répondre aujourd’hui avec certitude à cette question…
À l’origine, j’avais proposé à Mike de travailler sur le thème du rêve, des cauchemars enfantins. Mais finalement, le rêve n’est plus tant le sujet de la pièce mais la forme qu’elle adopte : c’est une succession de scènes étranges et énigmatiques.
Nous suivons une petite fille dans son rêve sans que jamais celle-ci ne se réveille. Ainsi, nous ne connaissons sa « vraie vie » qu’au travers des visions et des personnages de ce songe. L’histoire est construite comme un puzzle. Il faut attendre d’avoir posé la dernière pièce pour saisir l’ensemble du dessin. À la fin de la pièce, le spectateur effectue un retour en arrière qui lui permet d’expliciter et d’interpréter ces scènes qui se donnaient comme des énigmes jusqu’alors.
S’il est trop tôt pour tenter de définir le véritable sujet, je peux dire sans me tromper qu’il est question de la construction de l’identité : le cauchemar de la petite fille nous révèle son angoisse de ne pas ressembler à l’image idéale d’elle-même que lui renvoient ses parents et la difficulté qu’elle éprouve à affirmer ses propres choix, son propre désir. La nuit, un rêve féroce… est l’exploration de l’âme d’une enfant en pleine métamorphose.
Comment travaillez-vous avec Mike Kenny ? Vous-même vous êtes metteur en scène et scénographe, mais au départ aucun texte n’est écrit. Le processus d’écriture se fait au cours de la création. Comment cela fonctionne-t-il entre vous deux ?
M. L. : Cela ne m’intéresse pas de travailler à partir d’un texte déjà écrit. Et Mike est un auteur qui aime répondre à des commandes. À ce propos, il a ce joli mot : les commandes sont pour lui comme la « permission » d’écrire. Avec moi, il accepte d’élaborer ses pièces à partir du travail avec les acteurs dans l’espace scénique. La scénographie joue un rôle très important dans le spectacle. C’est à la fois un lit, une cage, un zoo, un bateau… C’est un dispositif dans lequel le public est pris, embarqué. Mike s’est inspiré des possibilités qu’offrait ce décor pour imaginer son histoire. Mais au final, c’est bien une pièce de Mike Kenny que nous jouerons !
Nous sommes tous les deux fascinés par la capacité des enfants à interpréter le moindre signe, le moindre évènement, même accidentel, qui se produit sur le plateau pour ensuite l’intégrer à leur propre lecture du spectacle, qui est comme une autre fiction, une nouvelle histoire qui se superpose à celle qu’on est en train de leur raconter. C’est sur ce point précis que nous avons concentré notre réflexion, en faisant du plateau la matrice de visions étranges et surprenantes que les enfants pourront s’amuser à interpréter. Dans les rêves aussi le moindre détail est chargé d’une signification à la fois très forte et mystérieuse, d’une évidence inexplicable et qu’il s’agit ensuite d’interpréter. Bien sûr, il est important que le sens de la pièce se révèle clairement à la fin du spectacle. Mais nous faisons confiance à l’intelligence et l’imagination des enfants pour le nommer eux-mêmes. Ce sont des spectateurs actifs.
La musique occupe une place essentielle au sein de ce projet, quelle est la collaboration avec le groupe Moriarty ?
La musique des Moriarty a d’abord été une source d’inspiration incroyable. Nous avons commencé à travailler au plateau en écoutant différents morceaux de leurs deux albums. Dans la pièce, il est question d’un zoo nocturne peuplé d’animaux terrifiants. Nous voudrions que les cris de ces animaux, leurs rugissements et leurs feulements inquiétants au début de la pièce se révèlent finalement être une mélodie à la fois joyeuse et bouleversante, la petite musique que l’enfant gardera dans la tête à son réveil, après avoir tout oublié de son rêve…
Tournée
– Du 19 au 24 octobre création au CDDB/Théâtre de Lorient/Centre Dramatique National
Réservations au 02 97 83 01 01
– Du 5 au 15 novembre Théâtre Nouvelle Génération – Centre Dramatique National de Lyon
Réservations au 04 72 53 15 15
– Du 23 au 27 novembre Théâtre de Nîmes
Réservations au 04 66 36 65 10
– Du 19 au 23 janvier La Halle aux grains – Scène Nationale de Blois
Réservations au 02 54 90 44 00
– Du 23 au 27 février Centre Dramatique National d’Orléans
Réservations au 02 38 81 01 01
– Du 1er au 5 mars Maison de la Culture d’Amiens
Réservations au 03 22 97 79 79
– Du 9 au 14 mars Comédie de Valence – Le Bel image
Réservations au 04 75 78 41 70
– Du 29 mars au 2 avril Comédie de Reims
Réservations au 03 26 48 49 00
La nuit, un rêve féroce
Mike Kenny
Texte : Mike Kenny
Traduction Séverine : Magois
Mise en scène et scénographie : Marc Lainé
Création musicale : Moriarty
Costumes : Marc Lainé et Clair Raison
Assistant à la mise en scène : Vincent Deslandres
Avec :
La mère de l’enfant, les créatures du rêve : Raphaëlle Boitel
L’enfant : Odile Grosset-Grange
Le père de l’enfant, les créatures du rêve : Mathieu Montanier
Du 1er au 30 décembre 2009
Dimanche, 15h – relâche les lundis, les 6 et 25 décembre
Représentations supplémentaires les 3, 4, 8, 10, 11, 15, 17, 18, 23, 26, 29 et 30 décembre à 14h30
Générales de presse : 1, 2, 3, 4 et 5 décembre à 19h
Tarifs :
– plein tarif salle Roland Topor 26 euros
– tarifs réduits : groupe (8 personnes minimum) 20 euros / plus de 60 ans 24 euros / demandeurs d’emploi 16 euros / moins de 30 ans 14 euros / carte imagine R 10 euros
– tarif jeune public (uniquement pour ce spectacle) :
* enfant (- de 16 ans) 8,5 euros
* adulte accompagnateur (2 maximum) 16 euros
Réservations au 01 44 95 98 21, au 0 892 701603 et sur www.theatredurondpoint.fr
Théâtre du Rond-Point, salle Roland Topor (86 places)
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
Métro : Franklin D. Roosevelt (ligne 1 et 9) ou Champs-Élysées Clemenceau (ligne 1 et 13)
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