La nouvelle exposition “Yves Saint Laurent : Transparences, le pouvoir des matières” au musée YSL
Le Musée Yves Saint Laurent Paris présente, du 9 février au 25 août 2024, Yves Saint Laurent : Transparences, le pouvoir des matières, deuxième chapitre d’un récit entamé l’été dernier à la Cité de la dentelle et de la mode de Calais.
Pour ce second volet le musée parisien a invité la curatrice Anne Dressen, en tant que conseillère artistique, à porter son regard sur la transparence comme expression artistique privilégiée d’Yves Saint Laurent. La scénographie est conçue par l’architecte Pauline Marchetti dont le travail interroge les dimensions sensibles de l’espace.
La transparence, lorsqu’elle est portée, est rarement intégrale : elle est, en théorie, incompatible avec la fonction même du vêtement, censé revêtir le corps, le dissimuler ou le protéger. Attiré par cette contradiction, et par la puissance suggestive de la transparence, Yves Saint Laurent s’empare, dès les années 1960, des matières comme la mousseline, la dentelle, ou le tulle. Telle un leitmotiv, la transparence revient régulièrement, pendant ses quarante années de création, parfois associée à des broderies ou des tissus opaques. Avec audace, il réconcilie les antagonismes et permet aux femmes d’affirmer leur corps non sans fierté et insolence.
« Les transparences, je les connais depuis longtemps. L’important, avec elles, c’est de garder le mystère…. Je pense avoir fait le maximum pour l’émancipation des femmes. J’ai créé des vêtements qui entrent tout à fait à leur aise dans le XXIe siècle ».1
S’appuyant sur le pouvoir des matières, cette nouvelle exposition entend explorer la mode et le regard d’Yves Saint Laurent dans toute leur complexité : au plus près de leurs liens au corps et à la nudité revisitée.
Parmi la quarantaine de pièces textiles présentées se retrouvent des créations iconiques de l’histoire de la révélation du corps féminin chez Yves Saint Laurent, telles que la première blouse seins nus, baptisée par la presse américaine la See-Through Blouse2 du printemps–été 1968 ou la Nude Dress3, une robe de mousseline noire ceinturée de plumes d’autruches de la collection suivante. Des pièces plus inédites témoignent de la virtuosité du couturier pour proposer une figure de femme puissante et libérée. En regard, des éléments essentiels du processus créatif : croquis, patrons sur calque, photographies ainsi que des accessoires (chapeaux, bijoux, chaussures, …), mais aussi une série de dessins d’Yves Saint Laurent inspirés par les peintures de Goya.
En résonance aux créations d’Yves Saint Laurent, des oeuvres d’artistes modernes et contemporains ponctuent le parcours. Les dessins hypnotiques d’Anne Bourse font écho aux superpositions de matières et de couleurs ; les expérimentations autour des rayogrammes et des photos de mode de Man Ray rappellent certaines recherches du couturier autour de la dentelle ; la fluidité de la mousseline et de son mouvement se retrouve dans la danse serpentine de Loïe Fuller captée par les frères Lumière ; enfin, une oeuvre de la série des Transparences de Picabia révèle la part visible et invisible du modèle, la part insaisissable de sa persona.
L’exposition Yves Saint Laurent : Transparences, le pouvoir des matières est articulée autour de 5 sections. La première section propose une entrée en matières, explorant plusieurs pièces réalisées en organza, en Cigaline®, en dentelle, en tulle ou encore en mousseline. Autant de déclinaisons permettant au couturier de jouer avec les différents effets de transparences. Dans la section suivante, le corps de la femme se révèle graduellement par transparences ajourées. Grâce à l’utilisation de dentelles et de tulles, certaines parties du corps sont rendues abstraites, comme par autant de coups de projecteurs.
À l’étage, l’exposition aborde la fluidité du mouvement engendrée par des étoffes souples, telle que la mousseline, qui animent le corps, le couvrent et le découvrent, l’accompagnant comme un double, une brume onirique. Dans les ateliers de couture dits “flous”, en opposition à ceux des “tailleurs”, la transparence donne toute liberté au corps. Plus loin, la transparence révèle les lignes de construction d’un vêtement – de l’organdi notamment – permettant de structurer le corps, à l’instar des patrons sur calque présentés pour la première fois. En fin de parcours, plusieurs silhouettes de mariées avec leur voile de tulle, si souvent réinventé par Yves Saint Laurent, viennent clôturer l’exposition, comme elles le font dans tout défilé. Les mariées d’Yves Saint Laurent ne sont ainsi jamais transparentes : elles s’affirment dans une liberté insondable.
Cette exposition rend visible la poésie artistique et sensible d’Yves Saint Laurent ; sa rébellion créative contre les interdits mouvants de la société reste plus que jamais inspirante aujourd’hui.
[Source : communiqué de presse]
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