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La galerie Skarstedt expose Cindy Sherman avec “Cindy Sherman : Film Stills (1977-1980)”

Skarstedt présente “Cindy Sherman : Film Stills (1977-1980)”, une exposition rassemblant 23 œuvres consacrées au travail précurseur de Cindy Sherman et qui explore des notions d’identité et de genre, dans lequel l’artiste se met en scène par le biais de multiples alter ego incarnant des personnages issus de films des années 1950.

Cette exposition offre une occasion unique de se plonger dans les origines du processus créatif de la photographe, de saisir la genèse de cette série phare et son influence. En incarnant divers archétypes féminins du film noir, de la mystérieuse femme fatale qui s’assume à la jeune fille innocente et soumise, la capacité de Sherman à incarner divers personnages incite les spectateurs à se confronter à leur propre perception d’eux-mêmes et de leur place au sein de la société.

C’est au cours de ses études de photographie à l’université de Buffalo que naît l’idée des Films Stills. A cette époque-là, Cindy Sherman se fascine pour les perruques et vêtements trouvés en friperie avec lesquels elle se déguise. Une fois installée à New York, elle décide de devenir maquilleuse professionnelle. En travaillant avec le cinéaste expérimental Paul Sharits, Sherman est captivée par le pouvoir de transformation qu’offre le déguisement. Tout au long de sa carrière elle ne cessera de remanier des critères tels que l’âge, le genre ou l’appartenance à une classe sociale en adoptant une multitude d’identités. Dans la série Bus Riders de 1976, se révèle son intérêt pour le cinéma, le body art et la performance, pour ensuite se concentrer plus particulièrement sur les rôles féminins à travers la photographie en noir et blanc.

En 1977, inspirée par des clichés de storyboards trouvés dans le studio de David Salle, Sherman réalise qu’il ne lui serait pas nécessaire d’impliquer d’autres personnes dans son processus de création. Au fur et à mesure que les Film Stills prennent forme, elle assume tour à tour les rôles d’auteur, réalisatrice, scénographe, maquilleuse, coiffeuse, directrice de casting, costumière et actrice dans ses propres one-woman show. Les photographies issues de cette série présentent l’artiste dans des rôles féminins stéréotypés empruntés au cinéma hollywoodien et aux films d’auteurs européens des années 1950 et 1960. Présentant un éventail de personnages, de décors et d’actions, Sherman implique le spectateur dans la construction de l’histoire et de l’identité de son protagoniste. Les scènes se jouent dans l’appartement de son ami et artiste Robert Longo ainsi que dans son propre studio. Chaque recoin de son appartement est transformé en chambre d’hôtel, hall d’entrée, couloir ou salle de bain.

Le principe des Film Stills n’est pas d’être une image extraite d’un film mais plutôt une reconstitution spécialement conçue pour être utilisée comme un outil de promotion. “Le still doit titiller la curiosité du spectateur avec la promesse d’une histoire qu’il a hâte de connaître” (Arthur Danto, Cindy Sherman, Untitled Film Stills, New York, 1990, p. 9). Sherman sélectionne soigneusement les plans serrés se focalisant sur des expressions très spécifiques et invitant le spectateur dans son univers singulier et intime. S’enracinant dans le mouvement de la Pictures Generation, Sherman renverse l’iconographie de l’image féminine s’appropriant l’esthétique typiquement associée à des réalisateurs phares tels que Alfred Hitchcock, bouleversant son archétype de femme et son récit cinématographique. Certaines photographies représentent une femme solitaire, tandis que d’autres font allusion à une personne hors cadre, suggérant que le modèle est surveillé ou suivi créant une tension palpable. Sherman choisit de capturer le moment précédant ou suivant le “moment décisif”, ouvrant le récit au champ des possibles. Avec cette série, Sherman s’affranchit du caractère “précieux” de la peinture et choisit des tirages bon marché ou encore des tenues désuètes, à contre-courant de la mode de l’époque.

Sherman conclue la série en 1980 avec un total de soixante-dix photographies évitant ainsi de se répéter et que son travail ne devienne mainstream. Pourtant, les Film Stills sont sans aucun doute l’une des séries les plus célèbres et les plus influentes de Sherman. Aujourd’hui encore ils se confrontent à l’influence oppressive des médias sur notre identité individuelle ou collective et nous interpellent, notamment, sur la notion de domination et de désir imposée par le “regard masculin”.

À propos de Cindy Sherman

Cindy Sherman est née à Glen Ridge, New Jersey en 1954 et vit actuellement à New York. Elle est diplômée de l’Université de Buffalo à New York en 1976. Très tôt elle fait de la photographie son principal moyen d’expression. Elle est largement connue pour ses photographies et ses films introspectifs dans lesquels elle incarne une grande variété de personnages. De manière générale, ses photographies sont une critique de la condition féminine et des stéréotypes qui enferment les femmes dans des rôles réducteurs. Plus tard dans sa carrière, Sherman a introduit la couleur et a continué à créer des séries sur d’autres thèmes : images liées à la sexualité, à la perversion, au fantastique, portraits réalisés à la manière de maîtres anciens invitant le spectateur à interpréter des récits énigmatiques sur la place de la femme dans la société.

Cindy Sherman a beaucoup exposé aux Etats-Unis et en Europe. Des expositions personnelles de son travail ont été organisées dans des institutions telles que la Fondation Louis Vuitton à Paris en 2021, la National Portrait Gallery à Londres en 2019, la Collection Astrup Fearnley à Oslo en 2019, le Broad Museum de Los Angeles en 2016, le MOMA à New York en 2012, le Jeu de Paume à Paris et le Kunsthaus de Bregenz en Autriche en 2006, le Musée d’Art Contemporain de Saint-Louis en 2005 et à la Scottish National Gallery d’Edimbourg en 2003. Elle a également participé à des expositions à la Tate Modern et au Barbican Art Gallery à Londres et au Centre Georges Pompidou à Paris. Cindy Sherman a participé à deux Biennales de Venise et cinq Biennales du Whitney Museum of American Art et son travail fait l’objet de nombreuses publications.

[Source : communiqué de presse]

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