Julien Frydman, Directeur de Paris Photo 2014
Julien Frydman, Directeur de Paris Photo 2014 Le 13 novembre 2014 |
Son installation au Grand Palais en 2011 et l’organisation d’une édition à Los Angeles depuis 2013 ont permis à Paris Photo de faire partie des foires qui comptent au niveau mondial – tous médiums confondus. Derrière cette reussite, celle d’un directeur, Julien Frydman. Celui qui aura de 2006 à 2010 été Directeur Général de Magnum Photos Paris pour l’Europe continentale et les Emirats Arabes Unis a réussi à faire de l’événement la date majeure du calendrier international des passionnés de photographie. AMA s’est entretenu avec le directeur de la manifestation. Quelle est la tendance de cette édition ? Nous avons eu de nombreuses candidatures émanant de pays qui n’avait jusqu’alors pas participé. Nous sommes donc passés de 24 pays représentés à 35. Pour ce qui est du renouvellement, près d’un quart des galeries sont nouvelles (alors qu’environ 95 % souhaitent revenir.) Comment est faite la sélection ? Essayez-vous de présenter aussi bien des œuvres abordables afin d’attirer de jeunes collectionneurs, et au même moment de veiller à ce que des œuvres majeures de grands noms soient également présentées ? Nous nous intéresserons aux projets déposés par les galeries. Nous en recevons environ 250, qui sont évalués par le comité de sélection composé de huit galeristes internationaux. Nous regardons tous les projets. Certains sont sélectionnées car les artistes présentés sont importants, artistes contemporains ou historiques. Mais l’on regarde aussi la qualité de la galerie, sa réputation, si elle est connue des galeristes membres du comité, afin de vérifier sa stabilité. La sélection se fait d’abord sur l’intérêt des propositions et l’intérêt des artistes représentés, ce qui veut bien dire que nous notre logique ne ne nous amène pas à penser en termes de grande galerie ou non. Nous ne cherchons pas à satisfaire tout le monde, mais plutôt à s’assurer une représentativité, nous voulons montrer « quel est l’état de la photographie aujourd’hui. » En ce qui concerne les prix, certaines pièces sont proposées entre 1.000 et 2.000 €, mais sur la foire des œuvres atteignent 1,5 à 2 M€. Parmi les œuvres qui valent cher, voire très cher, un tirage vintage d’Irving Penn est proposé à 1,5 M€ chez Hamiltons. C’est vraiment la rareté qui est un élément clé. Il y a une grande diversité. Mais l’on voit bien par la diversité des publics que l’on accueille, qu’il y a une génération de nouveaux collectionneurs, entre 30 et 40 ans, ou un peu plus âgés, autour de 50 ans, pour lesquels la photographie a fait partie de leur quotidien. L’importance de l’image est quelque chose de connu et ils peuvent se permettre d’acheter un trois tirages entre 5 et 15.000 €, voire plus. Ce profil d’acheteur se retrouve de façon importante, et c’est aussi là le succès de la foire. Nous avons réussi à dépasser le stade des collectionneurs de photographie, nous avons de plus en plus de collectionneurs généralistes d’art contemporain. Ce n’est pas une foire qui se passe les trois premières heures, sur cinq jours des ventes importantes sont effectuées à chaque moment. La collection de photographie demeure toujours américaine et européenne ? Historiquement oui, mais maintenant l’on accueille cette année une collection photographique d’Inde, la collection Alkazi. Je sais aussi qu’il y a un collectionneur chinois important qui a acheté toute une collection des livres de photo de Magnum. Je pense que l’on est en train de les découvrir. Évidemment c’est plus émergent, et l’on connaît plus les européens. Mais l’Amérique Latine a de grands collectionneurs de photo. Le MoMA expose dans ses œuvres récemment acquises un certain nombre d’œuvres provenant d’Amérique Latine. On est plutôt en train de s’apercevoir qu’il y a eu des passionnés depuis longtemps, qu’ils ont créé des collections. En parallèle on voit ces marchés se développer, mais aujourd’hui il n’y a pas de foire en Asie dédié à la photographie, le marché n’est pour le moment pas assez important. Cela vous laisse donc un réservoir de croissance important… Oui notre installation à Los Angeles n’est pas le fruit du hasard. Il s’agit d’un hub qui est tourné vers l’Asie et l’Amérique Latine, et notre souhait et notre travail est d’avoir de plus en plus d’acheteurs et de galeries présentes – originaires de ces territoires émergents. A paris nous avons des galeries chinoises, ce que nous n’avions pas. Ne risquez-vous pas de freiner le déplacement des collectionneurs américains à Paris du fait de l’édition organisée à Los Angeles ? Vous avez presque raison, mais ce n’est pas dans le bon sens. Un certain nombre de collectionneurs importants américains qui ne faisaient pas le déplacement pour Paris, ne le feront pas. Ils sont déjà venus à la Fiac, à la Frieze, et l’on est à deux semaines de Miami. Donc en allant à Los Angeles, nous avons créé une date au printemps, et un lieu qui permet à des collectionneurs américains de pouvoir petit à petit venir et se joindre à la foire.
Notre programme s’appelle le « close-up », qui permet un accès à de nombreuses expositions, à des réserves que l’on peut faire ouvrir, donc on a peu près d’une trentaine de vernissages qui sont prévus pour les VIP. Nous faisons la même chose à Los Angeles, avec un focus important sur l’architecture. Le Mois de la photo existe depuis 40 ans, et c’est tous les deux ans. Mais il y a désormais une telle concentration de manifestations autour de Paris Photo que les étrangers pensent que le Mois de la photo est organisé chaque année. Les galeristes, institutions s’assurent en novembre d’avoir une programmation photo, c’est la fête de la photo tous les ans. Et même indépendamment de la photo, l’attrait de Paris demeure très important. La foire est un îlot, hors du temps, nous avons quasiment 50 % des visiteurs européens, 10 % du reste du monde. Il y a une telle offre et qualité d’œuvres cette semaine sur Paris, donc c’est le moment où l’on peut trouver des pièces ou faire des découvertes importantes. Art Media Agency |
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