“Julia Pirotte, photographe et résistante” : nouvelle exposition à découvrir au Mémorial de la Shoah
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, célébrée tous les ans le 8 mars, le Mémorial de la Shoah propose une artiste engagée pour laquelle l’appareil photographique est une arme au service d’une sensibilité sociale et politique. L’exposition “Julia Pirotte, photographe et résistante” est à découvrir gratuitement du 9 mars au 30 août 2023.
Cette exposition est une invitation à parcourir la vie et la carrière de Julia Pirotte à travers des interviews d’elle, ses reportages photographiques les plus connus (Bompard, l’insurrection de Marseille, le pogrom de Kielce), mais également son regard humaniste et universaliste qu’elle porte sur les femmes, les enfants et les hommes rencontrés sur son chemin.
Une attention particulière sera portée sur les femmes, engagées et militantes, qui ont été déterminantes pour son parcours : sa sœur Mindla, exécutée en 1944 à Breslau par les nazis, Suzanne Spaak, nommée Juste parmi les Nations pour avoir sauvé de nombreux enfants juifs à Paris, Jeanne Vercheval, féministe et pacifiste belge.
L’exposition, à visiter gratuitement, présente une centaine de tirages originaux et modernes conservés dans les fonds du Mémorial de la Shoah, de La contemporaine de Nanterre, de l’Institut historique juif de Varsovie et du Musée de la Photographie de Charleroi.
À propos de Julia Pirotte
Julia Pirotte (1907-2000), née Gina Diament, grandit entre Konskowola et Lublin en Pologne, dans une famille juive pauvre, son père est mineur. Arrêtée à 17 ans pour son engagement dans la jeunesse communiste polonaise, elle passe quatre ans en prison. En 1934, elle fuit la Pologne pour rejoindre sa sœur Mindla, réfugiée en France. Tombée malade en Belgique, soignée par le Secours rouge international, elle commence ensuite à travailler comme ouvrière. À Bruxelles, elle épouse l’ouvrier et syndicaliste Jean Pirotte et elle rencontre la future résistante Suzanne Spaak. C’est elle qui l’encourage à entreprendre une carrière de photojournaliste et qui lui offre un Leica Elmar 3, dont Julia ne se séparera plus jamais. Parmi ses premiers reportages, elle réalise une enquête sur les mineurs polonais à Charleroi ainsi qu’un voyage aux Pays Baltes pour l’agence de presse Foto WARO.
En mai 1940, suite à l’invasion de la Belgique par l’Allemagne nazie, elle prend le chemin de l’exode. Elle se fixe à Marseille où elle retrouve sa sœur et arpente la région pour les journaux le Dimanche illustré, la Marseillaise, le Midi Rouge.
Julia met la photographie au service des causes qu’elle défend : les conditions de vie précaires des habitants du Vieux-Port et les enfants juifs du camp de Bompard et les maquis de la Résistance. Résistance qu’elle rejoint très tôt tout comme sa sœur Mindla. Agent de liaison pour les FTP-MOI, elle transporte tracts et armes et fabrique des faux-papiers.
Le 21 août 1944, présente au plus près des combattants, elle documente par ses photographies l’insurrection et la libération de Marseille.
Après la guerre, elle retourne en Pologne. Elle y pose un double regard : un pays où l’antisémitisme n’est pas mort et un pays en reconstruction. En 1946, elle est l’une des seules photographes présente à Kielce juste après le pogrom et elle réalise l’un de ses reportages les plus poignants, témoignage de l’antisémitisme toujours virulent. La même année, elle accompagne les convois de rapatriement de mineurs polonais de France et, en 1948, elle couvre le Congrès mondial des intellectuels pour la paix de Wroclaw auquel participent, entre autres, Pablo Picasso, Irène Joliot-Curie, Aimé Césaire, elle..prend d’eux des portraits empreints d’humanisme.
Commissariat : Caroline François, chargée des expositions et Bruna Lo Biundo, chercheuse indépendante.
[Source : communiqué de presse]
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