Jiří Kovanda – In Front of the Museum at Four ? – gb agency
Extrait de l’entretient réalisé par Guillaume Désanges en 2007
GD : Jiří, considères-tu l’humour comme un matériau ?
JK : Oui, c’est très important. L’humour, l’ironie sont des choses essentielles. Le fait même que j’utilise des moyens d’expression qui ne sont pas reconnus officiellement comme artistiques contribue à donner cette dimension.
GD : Je pense que ton travail opère plus précisément sous la forme de l’anomalie, c’est-à-dire des changements légers dans le cours ordinaire des choses mais qui ne sont pas pour autant extraordinaires, ou provocatrices. Des décalages qui sont presque invisibles, mais dont néanmoins il n’y a aucun doute sur le fait qu’ils sont volontaires et absolument pas fortuits.
JK : Oui, c’est exactement cela. Et plus cette anomalie approche l’invisible, le non perceptible, mieux c’est. Il ne s’agit pas de modifications trop fortes ou agressives.
GD : Une des choses les plus importantes pour moi, et pour laquelle j’aime ton travail est son économie particulière. C’est-à-dire, comment avoir le maximum d’effets sensibles ou conceptuels avec le minimum de moyens. Tu réalises toutes tes performances et tous tes travaux sans outils, sans accessoires, tout se fait par des gestes très simples, plus ou moins instinctifs. Ne pas créer d’objets nouveaux, utiliser ce qui est déjà là, recyclant les choses ou les gestes : pourrait-on parler même d’une « écologie » de travail plus qu’une économie de travail ?
JK : Oui, absolument, et c’est pour moi une des choses les plus importantes. L’utilisation des choses les plus ordinaires, les plus accessibles. C’est cela qui m’a vraiment le plus excité dans ma découverte de l’art conceptuel : qu’il n’y ait pas besoin de matériel, ni de compétences spécifiques pour créer quelque chose. Ma condition de départ dès le début était que je n’utiliserai rien sinon ma personne. La question du recyclage fait le lien entre toutes les choses que j’ai pu faire : toujours utiliser des choses qui ont déjà une existence mais en les transformant. C’était déjà vrai pour mes tous premiers travaux, des peintures où j’utilisais des choses déjà dessinées ou prises dans des magazines artistiques ou des livres de science, par exemple. C’était déjà la réutilisation d’une citation ou d’une façon de faire de quelqu’un d’autre.
GD : Ton travail pose souvent des limites entre l’art et la vie en termes de visibilité, économie, audience, etc. Qu’est ce qui donc le fonde pour toi en tant qu’art, qu’est-ce qui fait que c’est de l’art et pas une attitude ?
JK : Quand je faisais ces actions dans les années 1970, même si elles étaient sans beaucoup de public, même si elles étaient presque invisibles, il n’y avait aucun doute pour moi que c’était de l’art, que je voulais faire de l’art. C’est cette conviction personnelle, très profonde et très affirmative qui fait que c’est de l’art. Cela suffit je crois.
Aux mêmes dates chez gb agency :
– Hassan Sharif (du 27 octobre au 21 décembre 2012)
Jiří Kovanda – In Front of the Museum at Four ?
Du 8 novembre 2012 au 12 janvier 2013
Du mardi au samedi, de 10h à 13h et de 14h à 19h
Vernissage le jeudi 8 novembre 2012, de 16h à 21h
gb agency / Level One
18, rue des 4 Fils
75003 Paris
M° Rambuteau
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