Jean Michel Othoniel, Galerie Emmanuel Perrotin
Après avoir exploré les possibilités de transformation du soufre, Jean-Michel Othoniel découvre l’art ancestral du verre et ses métamorphoses à Murano en 1993. Dès lors, il met en scène un monde féerique et baroque (terme désignant à l’origine une perle aux contours irréguliers) aux couleurs et aux matières chatoyantes où colliers, couronnes, mandorles, baldaquins surdimensionnés … signifient, à l’image des vanités, ou des parures de sépultures antiques, une présence/absence des êtres.
Mais au-delà de ses qualités formelles et séduisantes, son art révèle une beauté fragile aux blessures tangibles (le Collier Cicatrice en 1997 – collection du FNAC, en 2003 des colliers suspendus aux arbres témoignent des pendaisons des noirs pendant la ségrégation : L’Arbre aux Colliers au New Orleans Museum of Modern Art, Le Bateau de Larmes surmonté d’une couronne rend hommage aux réfugiés cubains à Bâle en 2005).
L’ambigüité des œuvres de l’artiste réside aussi dans le caractère équivoque du verre, sacré, réfractant une lumière divine tel les vitraux d’une Eglise ou profane, symbolisant la transparence du désir (sentiment culminant dans les installations Crystal Palace à la Fondation Cartier, au MOCA de Miami en 2003-04 ou L’herbier merveilleux à la Chapelle du Méjean en 2008).
Jean-Michel Othoniel cherche désormais à échapper à l’aspect hiératique de ses œuvres et à figurer ou figer le mouvement tout en approchant d’une certaine abstraction.
A l’entrée de l’exposition, la sculpture intitulée Ricochet développe « la question du corps absent. Il s’agit de créer des volumes d’absences, des constructions à dimensions variables où des corps pourraient se lover ». Les perles suivent la trajectoire d’un ruban imaginaire projeté dans l’air.
La série d’oeuvres sur papier – réalisées avec l’atelier Michael Woodworth à Paris – introduit « l’idée de déplacement, de rebonds réels, de ricochets, de désirs imaginaires et de cœur noué ». Au centre, une suspension de quelques perles de verre tournoie à l’infini.
Les lassos bicolores empruntent à la fois à l’art minimal, au concetto spaziale et en particulier à l’oeuvre Spatial Light (1951) de Fontana par leurs circonvolutions complexes.
L’œuvre Le Lacet bleu, posée sur un socle et non plus suspendue comme l’étaient les colliers, s’inscrit dans la continuité des œuvres Rivière blanche réalisée en 2004 pour les salles mésopotamiennes du Louvre – acquise par le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/ARC- ou Peggy’s necklace montrée à la Peggy Guggenheim Collection à Venise en 2006.
Dans le cadre de l’exposition, le livre d’artiste Les nœuds de Janus paraît aux éditions Dilecta. Jean-Michel Othoniel a conçu cet ouvrage sous la forme d’un livre de pop-up dont les aquarelles animées constituent d’authentiques maquettes de futures sculptures. livre relié de 24 pages et 10 aquarelles.
Prix : 45€. Une édition de tête : 20 ex. + 10 AP. Prix : 450 €.
Jean Michel Othoniel
Exposition du 22 octobre au 23 décembre 2009
Vernissage le jeudi 22 octobre 2009 de 16h à 21h
Galerie Emmanuel Perrotin
10 impasse de Turenne
75003 Paris
Tel: 01 42 16 79 79
Email: info-paris@galerieperrotin.com
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