Jean Faucheur – Sans Titre – Addict Galerie
La rue exige une rapidité d’exécution qui interdit le droit à l’erreur mais laisse l’imagination se dilater dans une plus grande liberté du cadre. L’atelier accorde du temps et le loisir de faire mais enferme dans un espace, incite à gagner en profondeur ce que l’on perd en surface.
Pour ce perpétuel innovateur, pourquoi, alors, ne pas mettre à profit cette expérience en se saisissant aussi de l’image et du son, matériaux de la modernité ? Dans ses vidéos déjà telle Jelly fish, le jeu de l’ombre et de la lumière modulait des formes ectoplasmiques sous la dictée de la musique ou, comme Images animées, le mouvement monotone du métro mixait les couleurs des rames et des stations au rythme d’un bruit assourdissant de moteur et de rails.
Dans cette exposition, Jean Faucheur va plus loin : il use du génie cinétique de “l’audiovisuel” comme outil de l’élaboration même de l’œuvre.
Sur ces visages saisis comme par des pixels, la couleur vient imperceptiblement s’ajouter, par petites touches, approfondissant en une sorte de travelling avant l’œuvre proposée. En émergent des images différentes qui, loin de brouiller les traits des personnages, dévoilent lentement leur essence derrière la pudeur indiscrète d’une sorte de vitre dépolie. Le flou ainsi obtenu en vient à dépasser en précisions surprenantes la représentation clinique de la photographie. Dans le même esprit, les corps abandonnent leur nudité lascive ou leur banalité démunie pour baigner dans un univers de molécules, bulles multicolores qui nous rappellent notre origine atomique. Ainsi va le geste de l’artiste qui, sans cesse, défriche, superpose, change la perspective. Il suggère que notre regard nous trompe sur ce que qu’il croît voir. Ainsi se renouvelle à l’infini la portée d’une approche qui arrache un peu plus de secret à son objet au fur et à mesure que l’artiste pose sa couleur. Jean Faucheur en vient à dépasser le réalisme parfois réducteur de la photo pour laisser sa bombe conquérir notre imagination. Il oblige à fouiller sa toile pour aller au-delà ce qu’elle donne à voir ou permet de sentir.
D’Auguste Renoir, il a conservé la puissance d’évocation statique du premier plan, de son fils Jean, le cinéaste, il a retenu la formidable dynamique de la profondeur de champ dont il donne une version impressionniste. »
Texte écrit par René Bonnell & Laetitia Hecht
Jean Faucheur – Sans Titre
Du 6 avril au 18 mai 2013
Du mardi au samedi, de 11h à 19h et sur rdv
Addict Galerie
14/16, rue de Thorigny
75003 Paris
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